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Retour01 mai 2000
La Quincaillerie Raymond ferme ses portes à Terrebonne
Sébastien Arbour
Des débuts modestes
C'est un peu le hasard qui a mené Jean Raymond, fils de l'ex-maire Ephraim Raymond, à ouvrir une quincaillerie générale à ce qui était à l'époque le bout de la rue St-Louis. Pessimistes, quelques résidants à l'époque avaient prédit un échec face à ce projet, qui a finalement mené avec les fils de M.Raymond à la création de la Buanderie Raymond, Raymond Propane (depuis vendus mais toujours existants), du poste à essence et du service d'huile à chauffage Raymond.
Pendant les premières années, les agriculteurs venaient chercher de la moulée pour animaux et faire le plein de combustibles.
Au fil des ans, M.Raymond a passé le flambeau à son fils Jacques, actuel propriétaire. " 25 ans à travailler 70 heures par semaine! Je crois que nous allons bien nous reposer ", dit d'emblée Nicole, à la fois épouse et associée dans cette aventure.
Le magasin porte encore des traces d'autrefois. En partant du plancher de bois qui craque jusqu'aux petits sons que l'on entend en arpentant les allées de la quincaillerie, au lieu des chargeuses sur roue, qui ne cessent de jouer une alarme en reculant sur le béton des bruyants entrepôts. L'auteur de ces lignes a même trouvé sur un étalage une règle de bois d'une verge (90 cm), graduée uniquement en pouces et portant le numéro de téléphone de la quincaillerie à l'époque où les numéros débutaient par " 666 " dans la région.
" Nous avons toujours eu comme politique de vendre de la qualité, et non pas du " cheap " offert à bon marché et donc, ce que le client a besoin et non pas ce qu'il y a de payant. De plus, nous sommes accessibles et serviables envers nos clients, que nous finissons par connaître. Je crois sincèrement que la mode des grandes surfaces va finir par ralentir et que les consommateurs voudront revenir à des commerces plus petits et spécialisés, où ils seront bien servis. "
De jeunes employés
" Pendant toutes ces années, nous avons eu beaucoup d'employés, surtout des jeunes et croyez-moi, je suis très fier d'eux. Certains sont maintenant chez Bombardier, Canadair et d'autres chez Edward's, l'une d'elles est ingénieure en urbanisme. ", de poursuivre Mme Clément. A l'occasion, certains d'entre eux repassent dire bonjour.
" Notre travail consiste essentiellement à régler des problèmes, petits comme gros. La semaine dernière, une dame s'est présentée pour que nous arrangions son couvert de chaudron. Elle avait fait plusieurs grands magasins, qui n'offraient pas la petite pièce mais bien le chaudron au complet. Son problème était réglé en quelques instants.".
Mais être une femme dans ce milieu n'est-il pas propice aux préjugés? " Oui! Et ca existe encore ", affirme cette femme d'affaires " mais mon mari me renvoyait les clients que j'avais d'abord salués. A force de leur montrer mes compétences, on finit par avoir la confiance des clients. ".
Un inventaire hétéroclite
Cette quincaillerie de quartier a tout de même, encore aujourd'hui, un inventaire très complet malgré une superficie désormais considérée petite. Des photos des années '60 montrent des ensembles de cuisine, des armes à feu, des jouets pour enfants, des vélos, des articles de cuisine, des électroménagers, des fournaises et tuyaux de poêle, bref, de tout pour tous.
Mais avec le développement de la ville, des magasins spécialisés et centres commerciaux, difficiles à concurrencer, se sont établis. L'heure de la retraite sonnera autour du 1er juillet. D'ici là, tout est en liquidation et des rabais sont offerts sur tout.
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