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Retour01 mai 2001
La jardinière de l'Ile-des-Moulins
Philippe Pilette
Ces jours-ci, les canards donnent du fil à retordre à Anne-Marie Clark. En effet, quelques canes ont fait leur nid dans les platesbandes et y couvent leurs oeufs. Avec les écureuils qui mangent les tulipes et le vandalisme, elles font partie des contraintes avec lesquelles doit composer l'horticultrice qui travaille ces jours-ci à préparer les aménagements qu'on pourra bientôt admirer.
Son travail a cependant commencé bien avant. Dès la fin de la saison dernière, Anne-Marie a commandé ses fleurs dans les catalogues. "J'essaie de trouver des fleurs qu'on ne voit pas ailleurs et j'aime essayer des nouveautés" dit-elle.
L'Ile-des-Moulins étant un site historique dont la vocation est à la fois muséale et récréative, l'aménagement paysager doit respecter certaines conditions. "En faisant des recherches pour connaître les plantes et les fleurs qu'on voyait à l'époque des Masson, j'ai découvert qu'on cultivait environ 150 variétés de fleurs", explique la jardinière qui fait ses choix en fonction des couleurs et des variétés disponibles sur le marché. Elle recherche des fleurs aux couleurs douces qui s'harmonisent bien avec le décor et aime aussi travailler avec les feuillages qu'elle choisit pour leurs formes, leurs couleurs et leurs textures.
Une jardin qui évolue
Anne-Marie Clark s'occupe des plantes ornementales à l'Ile-des-Moulins depuis environ 10 ans. Au début, l'aménagement se résumait à quelques platesbandes autour des bâtiments mais, d'année en année, en fonction des budgets et des moyens disponibles, les aménagements ont pris plus d'importance. Aujourd'hui, la préparation et l'entretien des diverses platesbandes, terrasses et rocailles situées à l'entrée, autour des bâtiments, sur le terrain et près de la passerelle occupent au moins cinq heures de travail par jour, cinq jours par semaine.
En début de saison, avec l'aide de l'équipe de terrain de l'île, Anne-Marie s'occupe de la préparation des sols. On procède ensuite aux plantations jusqu'aux environs de la St-Jean-Baptiste. Pendant l'été, c'est l'entretien, l'arrosage et le désherbage puis, en août, il faut s'occuper de la division des vivaces et la plantation des bulbes.
Si dans les premières années la majorité des fleurs étaient des annuelles, elles ne comptent plus que pour environ 40 % aujourd'hui. "Au début, on partait de rien mais on a maintenant beaucoup de vivaces", dit Anne-Marie. "J'essaie de créer un effet naturel, un peu sauvage, à la manière des jardins anglais", poursuit la jardinière.
Un de ses plus grands défis fut l'aménagement de la butte devant la Boulangerie, qui devait avoir un aspect naturel, pas trop ornemental. L'horticultrice a opté pour des bosquets d'arbustes et un champ de cosmos qu'elle sème à la volée, un geste ancien qu'elle aime reproduire. "C'est mon grand stress à chaque printemps: est-ce que ça va germer?", confie-t-elle.
Son père, à qui elle faisait part de son inquiétude, lui a dit un jour: "Ma fille, c'est une affaire de foi. Tu sèmes et tu attends que ça pousse!"
C'est ce dernier qui a transmis à ses enfants le goût de l'horticulture. "A la maison, il y a toujours eu des fleurs, un jardin potager, des serres", raconte-t-elle.
Anne-Marie Clark travaille en horticulture depuis au moins vingt ans. La jardinière dit être beaucoup plus sûre d'elle aujourd'hui: "Avec l'expérience et ma connaissance des plantes et de leur floraison, je sais à quoi vont ressembler mes platesbandes et l'effet que j'obtiendrai", dit-elle.
Un potager populaire
Lorsqu'elle est dans les platesbandes ou dans le potager aménagé près du Bureau seigneurial, la jardinière doit souvent répondre aux questions des touristes qui en profitent pour lui demander des conseils.
Les guides de l'île, qui font goûter les légumes à leurs visiteurs, se font eux-aussi poser beaucoup questions sur ce magnifique potager entouré de fleurs, inspiré des jardins du milieu du 19e siècle. "Comme il est placé très en vue, dans un endroit où il y beaucoup de circulation, il doit être particulièrement soigné", dit Anne-Marie.
Pour répondre à ces questions, l'horticultrice a prévu d'identifier certaines espèces. De plus, cet été, des Dimanches d'horticulture sur la culture des annuelles, des vivaces et du potager seront offerts au public.
Un des projets qui lui tiennent à coeur pour l'avenir est le renouvellement des arbres de l'île. "Il y a plusieurs chênes et tilleuls mais ils se font vieux. J'aimerais aussi consacrer plus de temps à la protection des berges", ajoute Anne-Marie.
Lors de votre prochaine visite à l'Ile-des-Moulins, prenez le temps de bien regarder les aménagements de plantes ornementales. En faisant le tour de l'une ou l'autre des platesbandes, vous y découvrirez peut-être de jolies fleurs plantées-là par Anne-Marie qui aime bien réserver quelques surprises...
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