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Retour01 mars 2002
Paul Talbot : cultiver le goût de la MUSIQUE
Philippe Pilette
Paul Talbot est originaire de l'Isle Verte, près de Trois-Pistoles. Dernier-né d'une famille de 19 enfants, il conserve d'heureux souvenirs des jeux et des travaux sur la ferme familiale. " Nous allions à la cueillette des atocas qui abondent dans cette région ", raconte-t-il. La grande maison des trois étages accueillait souvent des réunions où les jeunes du voisinage venaient chanter et danser au son du piano. " Ma mère jouait du piano, violon et de l'accordéon. C'est elle qui a remarqué que j'avais l'oreille musicale et m'a fait commencer des cours de piano avec les religieuses. J'avais dix ans ", poursuit le musicien.
À l'époque, le niveau d'enseignement à l'école de l'Isle Verte s'arrêtait à la 9e année. Pour étudier, les jeunes devaient donc s'éloigner. Paul, qui avait choisi d'enseigner, suit donc le même chemin qu'un de ses frères aînés et part pour Montréal. Il entre au juvénat des Clercs de St-Viateur où il continue l'étude du piano avec le père Désilets " Trois longues années de pensionnat, avec seulement trois sorties par année ! ", se souvient-il.
Mont-Laurier et Sept-Îles
Le jeune musicien passe aussi deux étés au camp musical d'Orford, ce qui lui permet de se perfectionner et d'apprendre le violoncelle et la clarinette.
À la fin de ses études, il obtient un premier poste dans la région du Témiscouata. L'année suivante, il se retrouve à Sept-Iles et c'est là qu'il fait la rencontre d'une certaine Mme Chourot, qui l'incite à approfondir l'étude de l'orgue classique. " Cela m'a servi toute ma vie. J'ai accompagné de nombreux chanteurs à l'orgue et joué souvent pour les cérémonies religieuses ", dit-il.
L'année suivante, sans emploi, Paul part pour Mont-Laurier avec un de ses amis. Arrivés là-bas, c'est en jasant avec le propriétaire d'un restaurant qu'ils apprennent qu'on était à la recherche d'enseignants. Le soir même, ils signaient leur contrat d'engagement. " Je suis resté cinq ans à Mont-Laurier ", dit-il.
Enseigner la musique
C'est à l'école où il enseigne qu'il fait la connaissance de Louise Forget, avec qui il se marie. Tout en continuant d'enseigner, Paul joue de l'orgue à l'église et du piano dans les restaurants et les hôtels pour boucler les fins de mois.
Au début des années 1960, les enseignants n'avaient pas de spécialité. Lorsque paraît le rapport Parent et les bouleversements du système d'éducation qui suivirent, on lui suggéra de se spécialiser dans l'enseignement de la musique. Paul et Louise décident de se rapprocher de Montréal et déménagent à Terrebonne en 1966.
À Montréal, il étudie l'orgue avec Raymond Daveluy et termine son baccalauréat à Vincent d'Indy. Après la naissance de leurs fils Carl et Martin, Louise cesse de travailler pour s'occuper d'eux.
À l'école Leblanc
Lorsque s'ouvre la nouvelle école polyvalente Leblanc à Laval, Paul obtient un poste d'enseignement en musique : " Se retrouver subitement dans une école de près de 2 000 élèves, ce fut un choc pour les professeurs. C'était aussi l'époque de l'arrivée des drogues dures. Beaucoup ont eu alors envie de quitter l'enseignement ", se souvient Paul Talbot.
Malgré des années difficiles, l'enseignant est resté au poste pendant 27 ans. Il a pu constater l'évolution de l'enseignement de la musique : " Au début, on n'avait pas de matériel, aucun instrument. Cependant, lorsque les élèves choisissent la musique en option, c'est très stimulant de leur enseigner. En musique, au contraire des autres matières plus abstraites comme les mathématiques, on a des résultats immédiats ", explique-t-il.
Tout en enseignant, Paul fait beaucoup de musique. Pendant dix ans, on a pu l'entendre au restaurant Vita sur le boulevard Pie IX où il faisait de la musique d'ambiance et accompagnait des chanteurs.
Retraité de l'enseignement depuis 1993, l'ex-enseignant garde de bons souvenirs de ses élèves, dont plusieurs, tels le chef d'orchestre Paul-André Boivin ou le pianiste Marc-André Hamelin, ont fait des carrières en musique.
École privée
Outre l'enseignement à l'école, Paul Talbot opère aussi une école privée chez lui depuis 25 ans. " J'ai commencé seul en 1976 mais, dès l'année suivante, j'ai dû engager des professeurs car j'avais trop de demandes ", dit-il.
Aujourd'hui, il continue à enseigner le piano et à jouer du piano pour diverses occasions. Sa conjointe Louise enseigne toujours le français à l'école de l'Odyssée.
Amateur de pêche, de cuisine et d'horticulture, il aime aussi voyager et trouve le temps de s'impliquer auprès d'une fondation qui vient en aide aux victimes du SIDA.
Jetant un coup d'oeil rétrospectif sur sa carrière de professeur de musique, Paul Talbot observe : " Ma grande satisfaction, c'est d'avoir réussi à donner le goût de faire et de jouer de la musique aux jeunes à qui j'ai enseigné ".
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