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Retour01 juillet 2003
Stéphane Le Tirant ou l'entomologie rendue facile
Notre entomologiste a mérité plusieurs distinctions au fil des années. Il nous montre ici une partie de sa collection de scarabées.
On pourrait parler des heures et des heures avec lui tellement ce qu'il a à raconter sur sa passion est fascinant. Trop scientifique, l'entomologie ? Pas pour le Terrebonnien Stéphane Le Tirant, conservateur et responsable du laboratoire d'élevage à l'Insectarium de Montréal, pour qui l'éducation et la vulgarisation demeurent une constante priorité.
Stéphane Fortier
À l`âge de cinq ans, Stéphane Le Tirant observe déjà le monde des fourmis avec une loupe. Les coléoptères et autres insectes volants n'ont, depuis longtemps, plus de secrets pour lui avant même la fin de ses études primaires. Après des études collégiales en sciences pures, il bifurque vers l'informatique avant de faire une technique en muséologie, puis s'exile en Europe et en Asie pour se perfectionner en entomologie. Une maîtrise dans ce domaine à l'Université Dorchester en Angleterre vient couronner ce parcours. Mais tout au long de sa vie, Stéphane Le Tirant ne cessera jamais de se perfectionner dans cette science qui étudie les insectes.
Un précurseur
Peu de gens se rappellent que, bien avant la fondation de l'Insectarium de Montréal, Stéphane Le Tirant a mis sur pied un musée sur les insectes à Québec dans le cadre des Grands Voiliers en 1984. Il s'agissait, en quelque sorte, les premiers jalons de ce que serait l'Insectarium de Montréal fondé par Georges Brossard, son estimé mentor. D'ailleurs, tout au long de l'entrevue accordée à La Revue, Stéphane ne cessera de vanter les mérites de M. Brossard, à qui il voue beaucoup d'admiration.
L'événement de l'Insectarium au Jardin botanique est " Papillons en liberté ", où l'on relâche plus de 2 000 papillons tropicaux dans la grande serre d'exposition du Jardin botanique. C'est Stéphane Le Tirant qui en est l'instigateur. " Nous recevons les papillons sous forme de chrysalides et aussi quelques cocons de papillons de nuit, et, chaque semaine (l'événement dure 10 semaines), nous devons renouveler le stock pour continuer à garder les 65 espèces présentées tout au long de l'événement ", dit-il. L'idée du Papillon en liberté vient d'un de ses voyages en Malaisie où se trouvait une importante volière. Pourquoi ne pas faire la même chose pour les papillons ? s'était-il demandé. Résultat ? L'événement a attiré 110 000 personnes.
" Et j'ai eu la confirmation d'une équipe française par courriel, il y a peu de temps, que notre projet de film sur le papillon ornithoptère Alexandra (nommé en l'honneur de la reine Alexandra) a été accepté. Je devrai donc partir pour une région volcanique de la Papouasie Nouvelle-Guinée plusieurs mois pour faire ce film sur le plus grand papillon du monde, qui est l'un des plus beaux et qui est protégé par des lois internationales, soit la CITES ", révèle Stéphane.
Consécration
Sa réputation a rapidement traversé les frontières et il est devenu une sommité. Il a été sollicité pour participer à projets d'insectariums tels le Newfoundland Insectarium, le Shanghai Insectarium au Zoo de Shanghai, en Chine, le Tai Po Insectarium à Hong Kong, le Singapour Insectarium, l'Audubon Insectarium en Nouvelle-Orléans, Louisiane, États-Unis. " J'ai travaillé sur les films suivants à titre de consultant en entomologie ou de conseiller scientifique, soit pour la série Insectia (26 épisodes), les films en Imax Lost World et Bugs, Bijoux Volants et aussi quelques films comme Mademoiselle C, La Forteresse Suspendue, Rollerball, Le grand coup, etc. Le prochain film qui sortira est Mariposa Azul ", raconte le réputé entomologiste.
En 2000, lors du Congrès de la Société entomologique d'Amérique, qui s'est tenu à Montréal, Stéphane Le Tirant a été proclamé " Entomologiste de l'année " pour tout le continent.
Une espèce de scarabée porte même son nom, soit le cyclocephala letiranti de l'ordre des coléoptères et de la famille des scarabaeidae ou, en français, des scarabées avec 23 sous-familles. Justement, la première passion de Stéphane est le scarabée. Il possède une collection de 50 000 scarabées. C'est beaucoup de " bibittes " à mettre en boîte !
Plus loin que les insectes
En outre, depuis plusieurs années, le Terrebonnien Stéphane Le Tirant fait le tour du monde pour assouvir sa passion des insectes et pour promouvoir l'entomologie. C'est d'ailleurs l'une de ses passions. " La muséologie est primordiale pour moi. Elle permet de vulgariser l'entomologie, de faire connaître le monde fascinant des insectes et, en ce qui me concerne, de pratiquer l'entomologie culturelle ", de dire Stéphane Le Tirant. La quoi ? " Je crois qu'il faut aller au-delà de la simple étude du monde des insectes, de son observation. Les insectes sont partie intégrante de l'histoire et de la culture de plusieurs pays dans le monde. Le scarabée, par exemple, était un animal sacré dans l'ancienne Égypte, et en Chine, le grillon et la cigale sont vénérés. " Et les cirques de puces ? " Eh bien ! ce n'est pas une farce ! Bien sûr, il y a eu beaucoup de charlatans, mais c'est tout de même bien réel ", révèle Stéphane Le Tirant. " On trouve des insectes sur des timbres, des
pièces de monnaie, sur toutes sortes d'objets. D'ailleurs, je possède au moins 500 objets qui ont des insectes comme thème, et il arrive que des musées à travers le monde, comme le Smithsonian à Washington, m'en empruntent ", dit Stéphane.
Un film sur la magie du papillon
Vous souvenez-vous de l'expédition que Georges Brossard avait effectuée dans le cadre de " Rêve d'enfant " avec un jeune garçon atteint de leucémie, David Marenger ? Ça se passait en 1987. Le jeune garçon ne pouvait même pas marcher. Au retour de ce voyage, après avoir capturé son papillon, le jeune garçon s'était mis à marcher, et peu de temps après, toute trace de cancer était disparue. Le jeune homme a aujourd'hui 19 ans. " Un film sera tourné sur cette histoire, et William Hurt jouera le rôle de Georges. On m'a demandé de collaborer au film comme consultant ", annonce fièrement Stéphane Le Tirant.
En passant, combien y a-t-il d'espèces d'insectes dans le monde ? " On compte 1,2 million d'espèces répertoriées, mais on en découvre sans cesse de nouvelles. En extrapolant, je dirais qu'on pourrait atteindre 25 millions ", de dire Stéphane. Ouille ! Ça pique !
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