12 juillet 2005
Le fabuleux destin de Louise Tremblay-D’Essiambre
Alors que le soleil pointe à l’horizon, on peut facilement s’imaginer l’écrivaine Louise Tremblay-D’Essiambre devant son écran d’ordinateur depuis déjà quelques heures. Constamment entourée de mille et un personnages, Louise n’est jamais seule : jaillit toujours l’idée d’un autre roman. Voici la vie trépidante d’une écrivaine.
Karine Cousineau
Boulimique de lecture, Louise Tremblay-D’Essiambre a appris à lire sur les genoux de sa grand-mère dès l’âge de quatre ans. Depuis, elle dévore littéralement tout ce qui lui passe sous les yeux, une passion qui l’a menée tout droit vers une carrière d’écrivaine. C’est en 1984 qu’elle publie son tout premier ouvrage. Suivra une pause de 10 ans avant la publication du deuxième. "Mon premier mari n’était pas d’accord avec le fait que j’écrive; j’ai donc arrêté quelque temps", explique l’auteure récemment installée à Terrebonne.
À cette époque, Louise Tremblay-D’Essiambre écrivait ses textes de façon manuscrite la nuit, afin de ne pas réveiller ses enfants, puis les transcrivait le jour à la dactylo, alors que ses enfants jouaient autour d’elle. Maintenant, sa plume n’arrive plus à suivre le rythme de ses pensées, elle écrit donc à l’ordinateur aux petites heures du matin.
La série des sœurs Deblois met en scène une famille où trois enfants souffrent de la maladie et de l’alcoolisme de leur mère, Blanche. Anne, la dernière-née des sœurs Deblois, est une jeune fille meurtrie par la vie. "Elle est rétive, elle ne fait confiance à personne, pas même à moi. Ça a donc été difficile d’écrire ce troisième tome, et je suis satisfaite d’être passée à travers", raconte l’écrivaine.
L’écriture un monde hors du commun
Le monde dans lequel Louise Tremblay-D’Essiambre vit, celui de l’écriture, est bien particulier. La plume et l’imaginaire l’emportent rapidement sur la conscience. "À chaque livre, je me fais un plan, mais autour des pages 35 et 50, je perds le contrôle du roman parce que les caractères se placent, et ce que j’avais prévu ne peut plus être", explique-t-elle.
Auteure de 17 romans dont la série des sœurs Deblois ("Charlotte", "Émilie" et "Anne") et de la série "Les années du silence", entre autres, Louise Tremblay-D’Essiambre s’efforce de mettre à jour les problèmes courants de la vie qui sont des tabous, tels la toxicomanie, la violence et l’alcoolisme.
Aimant jouer avec les mots, elle peint les pages de ses romans avec les vraies émotions. Pour chaque roman, l’écrivaine a d’abord exécuté un travail de documentation afin d’être le plus près possible de la réalité. "Pour les sœurs Deblois, par exemple, je me suis documentée sur les effets psychologiques et médicaux de l’alcoolisme tant chez les alcooliques que chez leur entourage", explique Mme Tremblay-D’Essiambre.
L’écrivaine rêve qu’une de ses œuvres soit un jour adaptée pour la télévision. Un rêve qui n’est pas impossible puisqu’on a souvent reproché à son écriture d’être trop télévisuelle. La remarque ne froisse pas l’auteure, car elle écrit d’abord et avant tout pour les gens. "Je fais confiance à la vie et je suis certaine qu’un jour, un de mes livres fera l’objet d’une série", mentionne-t-elle.
Quatrième tome d’une trilogie
Finalement, la série qui devait être une trilogie comptera, au plus grand bonheur des lecteurs, un quatrième tome. "Je ne pouvais pas terminer l’histoire des sœurs Deblois sans parler du demi-frère. Anne est un personnage très complexe, donc l’histoire avançait plus lentement, et je devais compléter l’histoire de chacune des trois sœurs ainsi que de leur mère", explique la prolifique auteure. Louise Tremblay-D’Essiambre s’est donné un défi particulier : elle veut que le lecteur puisse arriver à comprendre Blanche; la faire mourir aurait été une solution trop facile à son goût. Le quatrième tome, intitulé "Le demi-frère", sortira cet automne pour le Salon du livre de Québec, ville natale de Louise Tremblay-D’Essiambre.
Pour y parvenir, l’écrivaine est en ce moment en pleine session intensive d’écriture. Ses nuits sont hantées tant par Charlotte qu’Émilie et Anne. "Je ne sais pas encore ce que les personnages vont devenir, ils décident eux-mêmes où ils vont; je n’ai aucun contrôle sur leurs choix", raconte-t-elle. "Actuellement, je vis plus en 1953 qu’en 2005", ajoute l’auteure.
Écrivaine engagée
Avec 17 romans à son actif et mère de neuf enfants, Louise Tremblay-D’Essiambre n’est pas à court d’inspiration. Son prochain projet devrait s’attaquer au phénomène de l’euthanasie assistée. "Je veux amener le débat et je passerai le message qui me semble le plus sincère, ce sera ma petite goutte d’eau dans l’océan des bonnes intentions." Toutefois, délaisser les sœurs Deblois ne sera pas aisé, leur créatrice s’étant attachée à celles qui sont en quelque sorte ses petites-filles. "Pour faire la transition, j’écrirai peut-être un recueil de nouvelles", mentionne l’écrivaine. Chose certaine, elle n’entrevoit pas la retraite : "Je ne me vois pas arrêter d’écrire, c’est moi que je punirais", conclut-elle.
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