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26 mai 2009

Marchande de plaisir

©Stéphanie, fascinée par l’énergie sexuelle, prend plaisir à offrir son corps contre un salaire.

Se livrant à la prostitution au sein d'une agence d'escortes depuis l'automne dernier, Stéphanie croit que la manière dont elle gagne sa vie répond à un besoin de la société. C'est donc sans pudeur que cette dernière a offert son témoignage à la journaliste de La Revue.

Stéphanie (nom fictif) a dansé nue durant 10 ans, puis a pris une pause de quatre ans pour travailler dans la restauration. «J'étais un peu tannée», avoue-t-elle. Pourtant, elle y est retournée. Et cette fois, elle s'est mise à se prostituer.

«J'ai commencé à danser nue à 19 ans. Je voulais aller étudier en relations industrielles et j'avais besoin d'un emploi rapidement. J'étais allée dans un bar de danseuses avec mon copain de l'époque, et ça m'avait pas mal impressionnée. Dans ce temps-là, ça aurait été inacceptable pour moi de me prostituer. Mais l'année dernière, je suis allée méditer deux mois. J'avais laissé mon copain durant l'été, et je voulais me rapprocher de Montréal. Je sentais plein de sensations dans mon corps quand je dansais... j'étais excitée. On n'avait pas le droit d'avoir des contacts sexuels avec les clients, et je ressentais beaucoup de plaisir, de désir. Je n'étais pas à l'aise, je me sentais coupable», confie-t-elle.

Après en avoir discuté avec une amie et suivant ses conseils, Stéphanie a décidé de faire le saut et de travailler dans un bar «à gaffes», soit un bar de danseuses où les clients peuvent s'offrir beaucoup plus qu'une danse à 10 $. «Je me disais que je devais essayer. Ça m'a aussitôt plu. Sauf que je n'avais pas de clients réguliers, alors je ne fais pas un salaire régulier. Je gagnais entre 80 $ et 400 $ par jour et j'avais de la difficulté à gérer mes finances. J'ai donc laissé tomber le bar "à gaffes" et je me suis fait engager par une agence d'escortes. Je dois travailler plus fort, mais mon salaire est plus régulier. Je reçois les clients dans un endroit sécuritaire, toujours le même. De toute façon, les histoires qui tournent mal, c'est sur la rue qu'elles arrivent.» Stéphanie gagne environ 200 $ par jour, avec une moyenne de quatre clients. «Après avoir payé l'agence, il me reste 70 $ de l'heure. On a aussi des tarifs à la demi-heure.»

«Une machine incroyable»

Déclarant éprouver du désir pour 98 % de ses clients, Stéphanie est toujours sobre lorsqu'elle les reçoit. «Je consomme parfois, mais je n'ai pas besoin de consommer pour offrir mon corps à un inconnu. Ce que je vais chercher, c'est l'énergie sexuelle du client, ce qui fait que la sexualité est belle. Et puis, je n'ai le droit de consommer ni alcool ni drogues sur les lieux de travail. Et les clients non plus. Ça évite un paquet de troubles avec des clients un peu trop "sur le party". Les filles qui doivent consommer pour faire ce métier n'aiment pas ce qu'elles font. Il y en a plein, et je trouve ça dommage pour elles. Moi, je considère que ce que je fais est beau. Il ne faut jamais oublier que le sexe, c'est beau. C'est essentiel. Le corps est une machine incroyable, il est capable d'aller loin», poursuit-elle.

Interrogée quant à savoir si elle se considère nymphomane, Stéphanie rétorque qu'elle aime surtout recommencer. «Quand je suis avec un client, je suis satisfaite. J'ai des orgasmes en masse. Mais je suis prête à recommencer rapidement. Quand j'arrive à la maison, j'ai envie de mon amant. C'est d'ailleurs un ancien client du bar où je dansais. Mon travail l'excite», révèle-t-elle, ajoutant qu'elle ne simule que rarement le plaisir avec des clients. «Ça m'arrive plus souvent à la fin de mon chiffre», lance-t-elle.

Au-delà du sexe

Convaincue que la monogamie n'est pas faite pour l'Homme, Stéphanie croit que la façon dont elle gagne sa vie permet de sauver certains couples, en quelque sorte. «Je ne crois pas à la relation unique. Pas après 20 ans, en tout cas. Et à ce moment-là, l'idée est de pouvoir conserver une certaine stabilité en allant combler certains besoins ailleurs. J'ai tellement de clients qui se sentent coupables, mais aussi gênés. Je les mets à l'aise. Je leur donne confiance en eux», soutient-elle.

Stéphanie essaie aussi d'informer ses clients. «Je sais que des filles font des fellations sans protection, moyennant un petit extra. Moi, je ne le fais pas, et en plus j'explique au client pourquoi je ne le fais pas, ce qu'il risque d'attraper. Les yeux deviennent grands et il accepte d'enfiler un condom. À ce moment-là, je me dis que la population n'est pas suffisamment informée sur les maladies transmises sexuellement.»

«C'est un domaine assez unique, j'en conviens. C'est aussi très instable. Je ne sais pas combien de temps je vais continuer. En tout cas, c'est rare que quelqu'un puisse dire que son métier répond à ses besoins. Moi, je peux l'affirmer», conclut Stéphanie, sur un ton jovial.

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