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04 janvier 2011

Un bien triste sort pour la petite Kaliane

©Éric Bélair et Guylaine Parent poursuivent deux médecins et un pharmacien pour 2 M$, puisque ces derniers n’auraient pas informé Mme Parent de cesser de prendre du Diovan pendant sa grossesse.

DEUX MÉDECINS ET UN PHARMACIEN DE LA RÉGION POURSUIVIS

Un couple de Mascouche poursuit en justice deux médecins ainsi qu'un pharmacien pour près de 2 M$ pour avoir prescrit du Diovan à la femme et ne pas l'avoir informée de cesser de le prendre durant sa grossesse. En raison du médicament, l'enfant est née avec les reins gravement endommagés.

Guylaine Parent et son conjoint, Éric Bélair, réclament 1 950 000 $ aux médecins Franck Paul-Hus et Jacques Marchand, et au pharmacien Martin D'Amours.

Mme Parent consommait du Diovan depuis cinq ans pour contrôler son hypertension artérielle. À la fin de l'année 2008, elle apprend qu'elle est enceinte d'un deuxième enfant. Jointe au téléphone, Guylaine Parent raconte que lors de son premier rendez-vous avec son médecin de famille, le Dr Paul-Hus, elle lui a précisé son utilisation du Diovan. Mme Parent ajoute même qu'elle lui aurait demandé si elle devait ou non continuer de le prendre, ce à quoi le médecin aurait répondu par l'affirmative.

Quelques mois plus tard, alors que la grossesse de Mme Parent est prise en charge par le gynécologue de Terrebonne Jacques Marchand, celui-ci note que le bébé est inhabituellement petit. Le Dr Marchand, qui, selon sa patiente, était aussi au fait de sa consommation de Diovan, l'envoie passer une échographie.

Mais il était déjà trop tard. À l'hôpital, on se rend compte que Guylaine Parent n'a pratiquement pas de liquide amniotique. Cinq jours plus tard, la patiente accouche d'une fillette nommée Kaliane dont les reins ne fonctionnent pas. Les médecins annoncent alors à la famille qu'il ne reste à la petite que 24 ou 48 h à vivre. Puis, ses reins se remettent à fonctionner.

Après trois mois de lutte à l'hôpital, son combat n'est pas encore fini. La mère explique que son système immunitaire est très faible, et il est fort probable qu'elle soit obligée de recevoir une greffe ou de faire de la dialyse.

Quant au pharmacien Martin D'Amours, du Jean Coutu situé sur le boulevard Mascouche, il n'aurait lui non plus jamais informé Mme Parent des risques de prendre le médicament pendant une grossesse.

Effets néfastes

Les contre-indications sont toutefois bien claires dans le document d'information du médicament, dans les mises en garde et précautions : «La prise de Diovan peut être néfaste, voire même mortelle pour votre bébé.» Quelques lignes plus bas, on peut y lire : «Des médicaments similaires ont été associés à la présence de lésions graves chez le fœtus lorsqu'ils ont été pris pendant la grossesse. Il est donc important d'aviser immédiatement votre médecin.»

D'après l'avocat du couple mascouchois, Me Alexandre Brosseau-Wery, il y a clairement eu négligence de la part des médecins et du pharmacien. «Leur devoir est d'avertir la patiente des risques associés à la prise d'un médicament. De plus, le lien de cause à effet dans ce cas ne fait aucun doute», mentionne Me Brosseau-Wery.

Selon lui, ses clients auraient d'abord tenté de régler le conflit à l'amiable, ce qu'auraient refusé les accusés. Toutefois, Me Chantale Tremblay, qui représente les Drs Paul-Hus et Marchand, dit attendre la fin de l'expertise avant de prendre une décision sur le règlement final.

Quant à M. D'Amours, La Revue a été incapable de joindre son avocat au cabinet Bélanger Longtin.

L'action a été introduite le 5 novembre 2010. La poursuite suit donc son court, ce qui porterait la date d'un procès à plus d'un an, au palais de justice de Montréal.

L'argent ira à sa fille

Guylaine Parent est formelle, l'argent réclamé dans la poursuite n'est pas destiné à elle et son conjoint, mais bien à leur fille, aujourd'hui âgée de 19 mois. «Avec ses problèmes de santé, aucune compagnie n'accepte d'assurer Kaliane. De plus, il y a de fortes chances qu'elle ne puisse pas travailler. L'argent servira donc à lui assurer un avenir.»

Mme Parent rapporte aussi que les dommages et le stress subis sont incalculables. «On a beaucoup perdu dans cette histoire. Kaliane ne peut pas aller à la garderie en raison de la maladie. Et avec les nombreux allers-retours à l'hôpital, j'ai dû quitter mon travail. Avec un seul salaire, nous avons aussi perdu notre maison.»

De plus, bien que le couple n'ait pas déposé de plainte au Collège des médecins du Québec ni à l'Ordre des pharmaciens du Québec, il souhaite que les responsables reconnaissent leur culpabilité pour éviter que cela se reproduise et qu'une autre famille vive le même drame.

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