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Retour04 octobre 2011
100 ans à desservir la communauté en bois

©Photo d’époque de la famille St-André devant les portes du Moulin.
Réal St-André est le fils de troisième génération de la famille à opérer le Moulin St-André avec son cousin Mario. Les deux hommes qui, jeunes, jouaient dans le bran de scie se sont lancés dans cette «belle aventure» ensemble pour la pérennité de l'une des plus vieilles entreprises mascouchoises.
Joseph et Alida exploitent l'entreprise de sciage de bois dès leur arrivée à Mascouche, en 1911. Les terres adjacentes servent alors à l'agriculture. Le premier-né du couple à Mascouche s'avère celui qui prendra la relève du Moulin, Napoléon. À cette époque, le moulin s'active à la vapeur et la période faste s'étend de mars à décembre.
Au fil des années, l'usine de sciage de bois se transforme, passant, en 1947, en mode énergie au diesel. Les voitures font la file, boulevard Saint-Henri, chargements de billes à l'arrière, attendant de faire scier leur bois. Réal St-André relate l'entraide des gens du village pour le déchargement du bois. Tout comme c'était le cas alors que l'on concassait de la glace dans la rivière à l'arrière de l'école flanquée sur le rang, glace qu'on conservait dans le bran de scie.
En 1954, Napoléon construit une nouvelle bâtisse pour le moulin, plus en retrait de la route où était situé l'ancien moulin désuet. Le Moulin St-André approvisionne les agriculteurs des quartiers de la Cabane ronde, du Grand Coteau et du Petit Coteau. Le marché desservi demeure surtout local : Mascouche, Terrebonne, Saint-Lin, etc. En 1957, l'électricité s'impose au moulin par le biais de la Shawinigan Water & Power Co.
En 1960 décède le grand-père St-André à l'âge de 80 ans et, fait inusité, sa femme (la grand-mère Alida), sous le choc, quitte notre monde la même journée, quelques heures après le départ de son mari.
Napoléon, victime d'un accident de travail en dépannant à la Dominion & Grimm en 1965, se fait amputer plusieurs doigts et doit arrêter de travailler. C'est le moment où Marcel, l'un de ses fils, s'associe à l'entreprise. Une nouvelle production s'amorce et après la dosse (croûte de bois) s'amène la palette de bois. Production qui fonctionne durant trois ans. Par la suite, le bois de construction grimpe en popularité, suivi de la vente de bois préparé et de contre-plaqué, résultat de l'essor du domaine de la construction domiciliaire à Mascouche.
Au début des années 80, la récession se fait sentir, ainsi que ses répercussions sur les activités du moulin. «La mondialisation a fait mal au bois du Québec», explique Réal St-André. Mais aujourd'hui, ressent-on que le bois québécois regagne ses lettres de noblesse? «On le ressent chez la clientèle», affirme le copropriétaire. Il soutient avoir été témoin d'une croissance de 1995 à 2003. La pruche (tsuga), ce conifère d'Amérique et d'Asie à aiguilles plates et courtes, gagne aussi en popularité.
Un avenir obscur
Il est difficile de prévoir quel avenir entrevoir pour la coupe du bois. D'abord, l'exportation reste difficile à réaliser, soutient M. St-André, principalement en raison du volume de production. De nos jours, le Moulin emploie six personnes à l'usine et une secrétaire au bureau administratif. «De 300 à 350 jeunes ont été de passage pour travailler à l'usine l'été» depuis qu'elle se trouve dans la famille St-André, souligne Réal.
Est-ce que le Moulin verra une quatrième génération de St-André à sa tête? Réal St-André se dit sceptique. Malgré le fait que ses enfants (et ceux de Mario) sont encore jeunes et qu'ils ont travaillé au Moulin l'été, il ne croit pas qu'ils marcheront dans leurs traces.
Quoi qu'il en soit, il tenait à souligner le centenaire de l'entreprise en compagnie de sa famille, qu'il a invitée aux Journées de la culture le 2 octobre alors que le Quatuor culturel de la Société de développement et d'animation de Mascouche soulignait cet anniversaire que peu d'entreprises peuvent se targuer d'avoir célébré.
La Revue vous offre toutes ses félicitations, messieurs St-André, en vous souhaitant toute la pérennité possible et une bonne continuité! Chapeau!
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