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Retour11 septembre 2012
Bourgeois Burger tire sa révérence

©Andrée Bissonnette en train de prendre l’une des dernières commandes du Bourgeois Burger le 31 août.
Partie prenante du quartier dans lequel il évoluait depuis près de 43 ans, la légende de Lachenaie est maintenant chose du passé. Le Bourgeois Burger a en effet servi ses dernières poutines le 31 août.
Ils étaient nombreux - comme tous les jours diraient certains - à faire la file à l'intérieur du Bourgeois Burger afin de déguster pour une dernière fois la célèbre poutine de l'établissement situé au 4347, chemin Saint-Charles, dans le secteur Lachenaie.
C'était le cas de Suzanne Grouard, résidante de Lachenaie depuis l'enfance, qui attendait sa commande. Visiblement émue, Mme Grouard voyait une époque prendre fin avec la fermeture de son casse-croûte favori. «J'ai passé mon adolescence ici. Il n'y avait pas grand-chose dans le coin dans le temps. Je suis née à Charlemagne, mais je suis arrivée à Lachenaie à deux ans. Ça va faire bizarre», a admis la cliente régulière, qui appelait les serveuses par leur nom.
Journée forte en émotions
Si la journée était remplie d'émotions pour les clients, elle l'était tout autant pour les propriétaires. «Ça a été une journée mouvementée et assez émouvante. Tout le monde avait le cœur chaviré, a raconté Andrée Bissonnette quelques jours après la fermeture du restaurant. Les gens perdent un établissement de longue date. Ça fait 43 ans que nous sommes dans la région. Ils m'ont qu'ils perdaient leur mamie.»
Le restaurant, qui a fermé sa cuisine autour de 20 h 30, a officiellement mis la clé dans la porte vers minuit au soir du 31 août. «Beaucoup de gens sont restés pour prendre un verre de vin, du café et de la liqueur. On se racontait des anecdotes, on se faisait des accolades», confie la propriétaire avec reconnaissance et sérénité.
À cet effet, Mme Bissonnette tient à remercier la dizaine d'employés qui ont porté le tablier jusqu'à la toute fin, malgré la fin imminente de leur emploi. «Les employés ont été super fins. Ils sont restés jusqu'à la dernière minute. Ça m'a touchée au cœur», souligne-t-elle.
Début d'une nouvelle ère
Même si elle met derrière elle l'entreprise qui l'a tenue fort occupée pendant quatre décennies avec un certain pincement au cœur, la restauratrice voit avec enthousiasme une nouvelle ère se dessiner son mari et elle. «On va prendre une retraite bien méritée», annonce la principale intéressée.
Occupé à gérer les derniers détails administratifs de la fermeture de Bourgeois Burger, le couple Bissonnette n'a pas encore de plan établi pour la retraite qui s'en vient, mais il se promet d'en profiter pleinement. «Notre temps était fait. Ça fonctionnait encore très bien, indique la femme débordante d'énergie, mais on voulait prendre notre retraite et la vivre en santé.»
La relève n'étant pas présente - les deux enfants du couple possèdent chacun un emploi stable -, les propriétaires n'ont eu d'autre choix que de vendre leur commerce. «Je n'aurais pas voulu que ma fille ou mon fils achète le restaurant de toute façon. C'est bien trop prenant», confie la femme.
Aux dires de cette dernière, c'est un promoteur de Repentigny qui s'est porté acquéreur de l'endroit.
Bourgeois Burger à travers le temps
Fondé à la fin du printemps 1970 par Florent Bissonnette, Bourgeois Burger a su devenir une institution dans la région par la cuisine qu'il proposait, mais aussi par les activités que ses propriétaires ont mises de l'avant au fil des ans. Reprise au début de 1979 par le fils de M. Bissonnette et la femme de ce dernier, Roland et Andrée Bissonnette, l'entreprise a mis sur pied un festival western, en plus d'héberger une fermette avec des animaux que les visiteurs pouvaient nourrir.
Au milieu des années 1980, une crèmerie a aussi pris place aux côtés du casse-croûte avant qu'un minigolf, en 1990, y soit créé pour les résidants du quartier et d'ailleurs.
C'est finalement le 31 août 2012 que Bourgeois Burger a cessé ses activités.
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Quelles étaient les spécialités de Bourgeois Burger?
La poutine était un classique. Aussi, les hot-dogs bien «steamés» et notre viande de qualité, qui venait de très loin. Des gens d'ailleurs venaient manger des hamburgers-steaks. Je pense que les clients aimaient aussi notre cuisine familiale : les «hot chicken», la sauce à «spag», le rôti de porc, le pâté chinois, la soupe maison et le pouding-chômeur.D'où vient le nom «Bourgeois Burger»?
Mon beau-père (Florent Bissonnette) était un homme de prestige dans la région à l'époque. Les gens l'appelaient le «bourgeois». Alors quand il a fondé le restaurant, il a décidé de l'appeler comme ça.Combien d'employés étaient embauchés par Bourgeois Burger?
Ça dépend des années. On a déjà eu une quinzaine d'employés. En dernier, ils étaient huit, en plus de nous (Roland et Andrée Bissonnette).
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