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02 octobre 2012

Le cancer vaincu à deux

©La chimiothérapie d’Isabelle a duré environ quatre mois, l’une des plus difficiles périodes vers le chemin de la rémission.

HOMMAGE À ISABELLE FRÉCHETTE

Ils se sont connus à l’époque du secondaire. À Terrebonne, au Collège Saint-Sacrement. Toujours ensemble à la mi-trentaine, deux enfants, une vie saine et équilibrée, le diagnostic du cancer du sein s’abat sur Isabelle Fréchette. Elle et son conjoint, Martin Pronovost, ont vaincu la maladie et grandi à travers cette incommensurable épreuve. Martin Pronovost a souhaité rendre hommage à cette combattante qui deviendra, en 2014, sa femme.

Répondant à l’appel à tous lancé par La Revue sur ses réseaux sociaux, Martin a généreusement proposé de saluer le courage et la détermination de la femme avec qui il partage sa vie. En entrevue, il se rappelle que la mauvaise nouvelle est tombée le 22 décembre 2009. À la veille de Noël. Dans le bureau du médecin, Martin et Isabelle ont encaissé le choc. «C’est comme basculer par-derrière, car on se dit que ça n’arrive qu’aux autres», se remémore Martin Pronovost.

Isabelle, pourtant, respire la forme physique – «c’est une hyperactive», témoigne son conjoint –, elle a pris part aux Jeux du Québec en balle-molle, s’alimente parfaitement, a allaité ses enfants et ne possède aucun antécédent héréditaire qui l’expose à la maladie. «Même les médecins ne comprennent pas», soupire Martin. Il fallait l’opérer.

À la nouvelle année, une dizaine de jours après le diagnostic éprouvant, Martin a demandé Isabelle en mariage. «Je le lui ai demandé parce que je l’aime», a-t-il soufflé. L’amour, c’est ce qui l’a retenu auprès de sa bien-aimée, malgré les difficultés qui émergent dans un couple que la maladie éprouve.

«Ça a été dur sur le couple – avant, après, pendant –, c’est un gros test. Le cancer, c’est le plus gros des défis, nous avons prouvé que nous tenons l’un à l’autre.» Ils s’uniront par les liens du mariage en 2014, année qui marquera leurs 25 ans de vie de couple.  

Assumer son coco

Isabelle, avant de commencer ses traitements, a voulu participer à une séance photo afin de marquer le temps des Fêtes alors qu’elle avait encore ses cheveux. «On a les nerfs à fleur de peau, confirme Martin, les larmes aux yeux. Il n’y avait pas de place pour un rendez-vous, mais Isabelle a convaincu le studio en leur disant : "Vous ne comprenez pas, il m’en faut pour cette semaine!". C’était une drôle d’histoire.»

Son fils, Jérôme, âgé alors de cinq ans, lui a coupé les cheveux. Se prêtant au jeu, la famille a résolu de faire une coupe «mohawk» à la mère avec le rasoir électrique. «Elle ne voulait pas les perdre par mottes», se souvient, très émotif, son conjoint. Le 17 janvier 2010, une petite masse a été retirée du sein d’Isabelle.

Les traitements de chimiothérapie ont duré quatre mois. «À l’hôpital, il y avait 20 personnes qui recevaient les traitements et pas une seule en bas de 60-65 ans, s’attriste Martin. C’était lugubre, morbide. On apportait le lecteur DVD et faisait jouer Martin Matte ou Louis-Josée Houde, ce qui les amusait beaucoup.»

Parlant humour, il se rappelle avec tendresse qu’Isabelle a su garder cette qualité intacte durant les difficiles mois de traitement. «Lors d’une séance photo, elle s’est attriquée de différentes perruques, personnifiant un clown ou encore Dora l’exploratrice. En ligne sur Facebook, elle invitait ses amis à voter pour la meilleure. Mais tous les jours, elle assumait son coco.»

Un père différent?

«Isabelle manquait tellement d’énergie qu’elle n’était pas capable de prendre son bébé dans ses bras, explique Martin Pronovost. Je ne sais pas où j’ai trouvé de l’énergie, on se sent impuissant.» De son propre aveu, il croit avoir surprotégé son fils. Il souligne que la sœur de sa conjointe tout comme ses propres parents ont grandement aidé la famille à travers cette épreuve. Martin se souvient également de l’implication des voisins et des collègues qui ont cuisiné de bons plats pour eux.

«Je ne sais pas si je suis un père différent aujourd’hui, mais ça nous remet les valeurs en place», concède Martin. Il croit dorénavant être plus présent pour sa famille, ses enfants.

Il se rappelle également avoir rencontré un autre couple vivant avec le même diagnostic. La femme a succombé un peu plus tard à son cancer. «J’ai pleuré ma vie, a révélé Martin, la voix nouée. Je me suis tellement mis dans la peau de son conjoint.»

A-t-il cru qu’Isabelle pourrait mourir? «Je ne sais pas. C’est sûr que ça te traverse l’esprit, mais tu ne te fais jamais à l’idée. C’est impossible, elle ne peut pas mourir, ça n’arrive qu’aux autres. Mais [le conjoint de l’autre couple] devait se dire la même chose…» Martin Pronovost garde en mémoire que même si Isabelle peinait à se déplacer, elle se rendait autant que possible aux parties de soccer de leur fils et à l’aréna pour voir son amoureux arbitrer des matchs.

Il admire l’énergie qu’elle a su conserver malgré tout. Elle faisait la tournée du voisinage après chaque traitement de chimiothérapie pour rassurer les voisins qui s’inquiétaient. Depuis l’année dernière, Isabelle reprend du mieux. Elle est retournée à l’école Bernard-Corbin où elle enseigne à la maternelle. L’année 2011 n’a pas été de tout repos, et elle a décidé de travailler quatre jours par semaine cette année. Pour sa santé, pour une meilleure qualité de vie. Pour éviter un éventuel cancer auquel elle est exposée, elle a subi l’ablation des ovaires.

Aujourd’hui, Martin et Isabelle vivent à cent miles à l’heure. «Je veux faire semblant que ça n’a jamais existé», tranche Martin. Isabelle a participé au parcours de 5 kilomètres de la Classique Émilie-Mondor le week-end dernier. «C’est une première étape vers une série de projets, croit son conjoint, qui la voit un jour participer au Rallye des gazelles, au Trophée Roses des Sables ou éventuellement à la Spartan Race. Pour ce qui est du cancer, le deuil est fait.»

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