Politique
Retour11 décembre 2012
Le Vieux-Terrebonne, une cible
ACTIVITÉS CRIMINELLES
D’année en année, le Service de police de Terrebonne maintient la pression pour empêcher que s’installe le commerce de stupéfiants dans les établissements licenciés du Vieux-Terrebonne. Le tenancier du Bistro McTavish, Maxime Laforest, porte-parole du projet Nocturne, s’implique dans l’initiative qui découle de la «loi antigang». Pour cause, en 2000, l’homme d’affaires a perdu son frère Francis aux mains d’un groupe de motards criminels qui tentaient d’infiltrer le bar.
Dans l’optique d’assurer une visibilité constante et de rassurer les clients autant que les tenanciers d’endroits licenciés, le service de police effectue hebdomadairement des visites impromptues dans les bars du Vieux-Terrebonne, et ce, dans le cadre du projet Nocturne. «Terrebonne est une plaque tournante qui attire la criminalité, a admis Guy Dubois, directeur du service de police. Et le Vieux-Terrebonne semble avoir un attrait particulier.» Une équipe de deux agents patrouille régulièrement le secteur, et les visites nocturnes pour le débit de boisson ont été intensifiées en 2012, se chiffrant à 177. Celles-ci ont mené à l’émission de 349 constats d’infractions.
L’Escouade régionale mixte – qui collabore avec le Service de police de Terrebonne – a pour mandat la lutte contre le crime organisé sur une base interrégionale et ses activités illicites tels l’intimidation, la production, l’importation, la possession et la vente de stupéfiants ou encore le trafic des armes à feu. «À Terrebonne, se sont surtout des gangs de jeunes qui troublent la paix publique», tempère Guy Dubois. D’où la présence accrue de policiers dans les parcs, par le biais du projet Quiétude.
Parallèlement au projet Nocturne, à l’occasion, les policiers effectuent préalablement la tournée des bars lors d’opérations de barrages routiers. «Nous y allons vers 23 h ou minuit, explique M. Dubois, et si quelqu’un a pris un verre de trop, en voyant un agent, il pensera peut-être à appeler un taxi.» Cette année, la Sûreté du Québec collaborera avec les corps de police municipaux dans le cadre de l’opération VACCIN afin de diminuer les pertes de vie liées à la conduite avec facultés affaiblies.
Vandalisme à faibles doses
Par demande d’accès à l’information, La Revue a appris que les crimes contre la propriété dans le Vieux-Terrebonne demeurent peu commis. Dans son analyse, le Service de police de Terrebonne se fait une fierté de maintenir sur quatre ans un taux moyen de 307,4 crimes contre la propriété par tranche de 100 000 habitants comparativement à 341,2 pour la région de Lanaudière et de 340,8 pour le Québec. Ainsi, moins de 10 % des crimes concernent le vandalisme sur le territoire. Selon les chiffres obtenus, en 2011, 13 méfaits sur des véhicules ont été constatés dans le Vieux-Terrebonne, 3 méfaits en dommages matériels et 7 en ce qui a trait aux graffitis. En cinq ans toutefois, des graffitis ont été repérés seulement à partir de 2010. Rappelons que les graffiteurs qui signaient Oats et Kwun, Alexandre Wong et Maxime-Jean Jalbert, avaient été appréhendés et comparaîtront en 2013.
Une marche historique
Quant au projet Nocturne, la police de Terrebonne a été à l’avant-garde selon Maxime Laforest. Pour dénoncer l’intimidation et la violence engendrées par les gangs criminels, une marche à la mémoire de Francis avait rallié plus de 2 000 personnes. Le journaliste Michel Auger, lui-même victime d’intimidation et qui a failli y laisser sa vie, avait pris part au mouvement. Policiers et tenanciers de bar, à Terrebonne, collaborent depuis 2003 au projet Nocturne. «À l’époque, nous avions demandé une présence policière, se rappelle Maxime Laforest, les bars avaient mauvaise réputation.» Selon le tenancier, ces visites policières renforcent le sentiment de sécurité et améliorent le type de clientèle qui fréquente les bars. «Les études le démontrent, ça ne nuit pas à l’achalandage», tranche-t-il.
L’espoir renaît
Si la mobilisation citoyenne à l’époque a fait évoluer les mentalités, Maxime Laforest conserve l’espoir que soit résolu le crime qui a coûté la vie à son frère. En effet, récemment, de nouveaux éléments ont été mis au jour par le journaliste de «La Presse» Daniel Renaud. Le meurtre de Francis Laforest aurait été cité dans le résumé de l’enquête Dictature.
Les revendeurs de drogue qui tentaient de s’infiltrer au McTavish auraient été le fait de proches de l’ex-club-école des Hells Angels, les Rowdy Crew. L’enquête a été déposée dans le cadre du procès de Yannick Larose, un complice de Patrick Noël, membre de l’ex-clique des Iron Soul, toujours selon les informations de «La Presse».
Le quotidien a par ailleurs cité 14 autres membres qui seraient liés aux gangs, dont Jacques et Yvan Bazinet, Martin Bélair, Stéphane Brien, Michael Cordeiro, Patrick Leduc, Patrick Longpré, Stéphane Samson, Pierre Caron, Yannick Gagné-Perreault, Stéphane Mirandette et Daniel Pellerin, selon les analyses de la Sûreté du Québec.
***
En 2012
3 200 véhicules vérifiés lors d’opérations pour contrer l’alcool au volant
30 tests de dépistage administrés
350 arrestations pour capacités affaiblies réalisées
Commentaires