Création d’abord depuis 30 ans

JOSÉE FOREST

Directrice de l’Association de danse de Mascouche Josée Forest depuis près de 25 ans, Josée Forest fête cette année ses 30 ans de création et d’enseignement en danse. Une passion qui est née à l’école La Mennais de Mascouche, alors qu’elle n’avait que sept ou huit ans.

 «Je suivais des cours d’éducation physique avec Pierre Dagenais et il avait formé une troupe de danse. C’est dans le gymnase de l’école La Mennais que j’ai fait mes premières "steppettes" et je me souviens encore de la chorégraphie», raconte Josée Forest en même temps qu’elle s’exécute pour prouver ses dires.

Malgré les années – elle est aujourd’hui âgée de 47 ans –, sa passion pour son art n’a jamais diminué, même si elle a failli étudier pour devenir policière. «Ma première idée a toujours été la danse, mais dans ce temps-là, on se faisait dire : "Qu’est-ce tu vas faire là-dedans?". Je me suis dit que je pourrais aller dans la police. C’est plus l’entraînement qui me tentait parce que je n’avais pas les notes pour», confie celle qui, comme prévu, a vu sa demande d’études être refusée.

«J’ai donc passé une audition aux Ballets Jazz de Laval. J’ai été prise, puis quand l’école a fermé, j’ai pu tenter ma chance aux Ballets Jazz de Montréal, et je suis devenue boursière», relate la Mascouchoise, qui avait aussi reçu une bourse du Ballet Eddy Toussaint de Montréal. À l’époque, il s’agissait des deux meilleures écoles, selon la principale intéressée.

Pendant plus de six ans, Josée Forest a donc peaufiné sa technique en danse, apprenant le ballet, la claquette et le flamenco, pour ne nommer que ces styles. Pour perfectionner sa danse classique, elle a aussi suivi des formations aux Grands Ballets Canadiens de Montréal. Elle finissait alors sa vie d’adolescente pour entrer dans le monde adulte.

L’enseignement comme moteur principal

Très tôt, l’enseignement s’est en quelque sorte imposé dans la vie de l’interprète, ce qui en a aussitôt fait une chorégraphe. Étudiante en cinquième secondaire àla Polyvalente Leblanc, elle enseignait déjà à des élèves de première secondaire sur l’heure du dîner.

À 16 ans, elle a fait ses débuts à Lachenaie pour enseigner en formule parascolaire dans plusieurs écoles. Elle offrait en parallèle des cours de danse-exercice le soir, toujours à Lachenaie. Puis, elle a commencé à faire pareil à Mascouche et à Terrebonne. «Je me promenais avec ma grosse radio un peu partout», se souvient-elle avec le sourire.

Alors qu’elle apprenait toujours son métier aux Ballets Jazz de Montréal, la femme passionnée a eu à un certain moment jusqu’à 300 élèves en même temps, le tout sans assistance. «Je ne serais plus capable de faire ça aujourd’hui!» constate-t-elle en toute honnêteté.

C’est en 1990 que la Ville de Mascouche a créé l’Association de danse Josée Forest. Cette dernière a donc rapatrié son monde dans son local du Centre René-Lévesque, déménagé depuis au Centre sportif René-Lévesque. Aujourd’hui, l’organisme à but non lucratif compte quelque 125 élèves âgés de 3 à 60 ans. C’est amplement de monde pour celle qui œuvre toujours en solo. «J’enseigne à toutes mes classes et je fais toutes mes chorégraphies», affirme avec fierté la femme d’expérience, qui sait tout de même bien s’entourer. Elles comptent en effet des assistantes qui l’aident avec les tout-petits notamment.

La création d’abord

Avec son grand talent, l’artiste aurait très bien pu faire carrière en tant que danseuse professionnelle. Elle a d’ailleurs passé plusieurs auditions à ses débuts, en plus de remplir des contrats pour des spectacles, des défilés de mode ou des photos, mais elle a choisi de créer plutôt que d’interpréter.

«Enseigner la technique, c’est le "fun", mais moi, c’est la création d’abord. C’est ça que j’aime!» dévoile celle qui use beaucoup de la création spontanée. Elle ne monte en effet pas ses cours de A à Z avant de les partager, sauf avec ses tout-petits, précise-t-elle : «Je m’ajuste à l’environnement, aux élèves, à mon "mood".»

Se laissant bercer par l’inspiration du moment, Josée Forest sait créer une ambiance familiale dans ses cours, en rendant chacun important et en composant avec le potentiel de chacun. Pas besoin d’être belle et élancée pour danser dans la première rangée, promet-elle. «Je mets tout le monde sur le même piédestal et on laisse les ego l’autre bord de la porte», ajoute-t-elle.

C’est d’ailleurs probablement pourquoi les élèves à qui elle enseignait il y a 10 ans (si ce n’est pas plus) assistent encore, s’ils n’agissent pas comme bénévoles, à ses spectacles de fin d’année.

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Confidences d’une chorégraphe

Ton plus beau moment sur scène?

Un moment cocasse : pour une audition que ma troupe passait pour un concours, les danseuses devaient se verser de l’eau sur elles, et dans un des seaux, j’ai mis de l’eau froide. Un beau moment comme chorégraphe : au Palais des congrès de Montréal, on a dansé ma pièce «Va nu-pieds» pour un colloque pour la paix dans le monde. J’avais gagné le prix création à Envol Danse, un concours à Laval en 1993, avec la même pièce.

Une personne qui t’a inspirée dans ta carrière?

Maurice Lalonde, mon premier maître de ballet aux Ballets Jazz de Laval. S’il n’avait pas dit aux gens de Ballets Jazz de Montréal de me laisser faire la journée au lieu de me couler en ballet, je n’aurais jamais étudié là-bas.

Ta musique préférée pour danser?

Aucune. J’adore composer a capella. Sinon, j’aime les musiques instrumentales, dont «Spirit of Forest», ou la musique francophone. J’écoute beaucoup Ariane Brunet. […] J’ai aussi appris avec le temps à chorégraphier sur de la musique que je n’aime pas pour faire plaisir à mes élèves. Mais ils ne m’imposeront jamais du Céline Dion.

Qu’est-ce que le bonheur pour toi?

En ce moment, c’est de pouvoir encore danser tous les jours, d’avoir la liberté de créer tous les jours et de rencontrer toutes sortes de monde intéressant de 3 à 60 ans.