09 juillet 2013
Incursion dans le temple des francs-maçons

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Au coin des rues Saint-Marc et Sherbrooke Ouest, à Montréal, s’élève un imposant temple aux nombreux ornements et colonnes. Derrière ses lourdes portes de bronze sont gardés les secrets d’une organisation autour de laquelle s’érigent plusieurs spéculations : les francs-maçons. La Revue a eu le privilège d’y entrer et de démystifier plusieurs des mystères qui entourent cette fraternité pour le moins discrète.
Le 25 mai, Jean Reed, un résident de Terrebonne, est devenu nouveau Grand Maître de la Grande Loge de franc-maçonnerie du Québec. Existant depuis des centaines d’années à travers le monde et depuis 1717 au Québec, la franc-maçonnerie accueille pourtant au Temple maçonnique de Montréal son premier Grand Maître d’origine francophone.
C’est à l’occasion de ce tournant important dans l’histoire de la franc-maçonnerie au Québec que La Revue a eu le privilège d’en apprendre plus sur l’histoire de cette société et sur celle de son temple, un bâtiment considéré comme historique. À l’entrée, plusieurs grandes toiles relatent les moments importants de l’histoire de la franc-maçonnerie à travers le monde.
«Peu de gens le savent, mais ce temple est l’endroit de nombreux tournages de films à caractère historique, explique M. Reed. Pour nous, c’est beaucoup plus que ça. C’est un héritage, un lieu de rencontre.»
Avec ses sept étages, le temple renferme plusieurs loges, qui sont les pièces où se tiennent les rituels de la fraternité. Chacune des loges est aménagée selon les symboles de la franc-maçonnerie. «Par exemple, d’un côté de la pièce, on trouve une pierre brute et de l’autre côté, une pierre polie, confie M. Reed. Le but des francs-maçons, c’est de faire la même chose avec l’âme des hommes, donc d’en faire des hommes de vertu et de droit.»
Symboles omniprésents
L’enseignement de la morale et de la vertu, chez les francs-maçons, se fait à travers des symboles allégoriques à partir desquels chacun des francs-maçons extrapole sur sa vision des choses et en discute en loge. Rien n’est laissé au hasard, chaque symbole a sa place et un sens qui lui est rattaché.
Il en va de même pour l’habit de chacun des «frères», tel qu’ils se nomment entre eux. «Lorsqu’on entre en loge, chaque frère porte un tablier maçonnique dont le symbole représente son grade, avec au total 33 grades différents, ajoute M. Reed. On porte aussi des gants blancs, qui sont un symbole d’égalité.»
Car l’égalité, en loge, est ce qu’il y a de plus important. «Qu’on soit ouvrier ou ingénieur, en loge, on est frères», explique Maxime Laforest, lui aussi franc-maçon habitant Terrebonne. Les conversations tournant autour de la religion et de la politique, «d’éternelles sources de conflits», selon les francs-maçons, sont interdites. Par ailleurs, les femmes et les athées ne sont pas admis en loge.
«Il faut croire en un dieu, peu importe lequel, rapporte M. Laforest. Nous, nous l’appelons le grand architecte de l’univers. Mais nous ne l’associons pas à une figure ou à une doctrine comme le font les religions, car nous demeurons des libres penseurs.»
Quant aux femmes, certaines ont développé des loges exclusivement féminines sur l’île de Montréal, mais le mouvement demeure marginal et non reconnu par les francs-maçons traditionnels. Ailleurs dans le monde, comme en France, elles sont toutefois acceptées. «C’est venu changer complètement le visage de la franc-maçonnerie», déplore René Rancourt, troisième et dernier franc-maçon de Terrebonne à s’afficher ouvertement.
Serait-ce qu’il n’y a que trois francs-maçons dans la région? «Non, assume M. Rancourt. La plupart sont simplement discrets, mais il y a en tout 4 200 membres de notre fraternité dans la province et ils sont répandus partout, dont à Terrebonne.»
À long terme, M. Rancourt et M. Laforest aimeraient d’ailleurs installer une loge à Terrebonne. Chaque loge ayant un caractère philanthropique, cela leur «permettrait de s’impliquer dans la communauté d’ici», explique M. Laforest.
Qu’est-ce que les francs-maçons, donc? Un complot? Une secte? «Ce n’est rien de tout ça, exprime M. Laforest. C’est vrai que plusieurs politiciens font partie des francs-maçons partout à travers le monde, mais ce n’est pas pour former un complot. Ce n’est d’ailleurs pas non plus une secte, puisque tout le monde est libre d’en sortir. Puis, nous sommes discrets, pas secrets», défend-il.
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