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Retour20 mai 2014
Enseignant dans l’âme à la corde sensible

©Mélanie Caya et Michel Painchaud, enseignants en musique à l’école secondaire Armand-Corbeil préparent le spectacle de fin d’année des harmonies de l’option musique. (Photo : Karine Limoges)
Michel Painchaud enseigne la musique à l’école secondaire Armand-Corbeil depuis 25 ans. Enseignant et musicien dans l’âme, le grand mélomane s’emploie à transmettre sa sensibilité musicale à ses élèves avec la même verve qu’à ses débuts. Il a remis en piste l’option musique qui périclitait. Récit épique parsemé d’embûches et digne d’un parcours du combattant.
M. Painchaud s’est (dé)battu depuis qu’il a mis les pieds à l’école secondaire Armand-Corbeil pour que survive l’option musique, il a fait figure de pionnier pour conserver cette vocation qui s’étiole graduellement au Québec. Les yeux pleins d’orgueil, l’enseignant raconte la participation de ses élèves au Music-Fest Québec 2014, compétition musicale lors de laquelle son Harmonie Senior a remporté la mention Or, en mars dernier. « C’était un événement très important, extraordinaire, confie-t-il, la première fois que nous participions à une compétition aussi prestigieuse! »
Le professeur affirme qu’en 25 ans de carrière, il n’a jamais vécu de telles émotions. « Les mois de janvier et février sont creux pour les élèves, et une compétition de cette envergure constitue pour eux une source de motivation », affirme-t-il. En raison des coûts considérables pour y participer, l’enseignant se demande s’il sera possible de répéter l’expérience l’an prochain. « La musique, c’est le dépassement de soi, croit M. Painchaud. Vivre une expérience d’orchestre fait grandir; ces jeunes vont se découvrir et ceux qui longent les murs en début d’année deviendront des leaders. »
Stimuler la fibre artistique
Pour stimuler encore plus la fibre artistique de ses élèves, l’enseignant tient depuis 24 ans un camp musical au mois de février. Musiciens professeurs et élèves de 2e cycle se donnent rendez-vous avec les gammes à Saint-Adolphe-d’Howard. « C’est un trois jours intense avec les cliniciens de jeux, l’animation et la chorale, explique Michel Painchaud, mais aussi sur le plan social alors qu’il y a une fusion du groupe que l’on distingue de l’avant et après. » Si l’on compare à 25 ans plus tôt, l’option musique ne faisait pas de vagues, avec seulement deux classes de vent et deux classes de guitare.
« C’était très tranquille, j’ai foncé là-dedans et repartit l’orchestre, poursuit M. Painchaud qui n’avait alors pas terminé son diplôme d’enseignement. Ce qui nous a stimulés a été un voyage à Vitré grâce au jumelage de Terrebonne avec la ville française aux limites de la Bretagne. Nous avions bénéficié des contacts de l’école Léopold-Gravel. En représentation au Collège Sainte-Marie, nous avions fait un tabac! Cette expérience a donné un souffle nouveau à l’option musique. » Précisons que Michel Painchaud avait été pressenti pour travailler dans une école primaire quelques jours auparavant, mais a entendu parler que l’école Armand-Corbeil cherchait un guitariste-saxophoniste.
« Personne ne voulait du poste, et moi j’étais jeune et naïf », résume-t-il.
L’influence d’un enseignant
Mélanie Caya, enseignante de musique en secondaire 1 et 2, qui côtoie Michel chaque jour ne tarit pas d’éloges à l’égard de l’approche de l’enseignant avec les élèves. « Michel en parle humblement, mais chaque année d’anciens élèves reviennent le voir lui, dit-elle. Quand il regarde un élève, celui-ci se sent important. Je n’ai jamais vu cela en 25 ans! Michel a changé des vies. Tu es particulier comme personne, lui confie-t-elle. » M. Painchaud cherche par ailleurs constamment à améliorer ses méthodes d’enseignement.
« Je veux aller plus loin que dans le cadre d’une simple option », indique-t-il. Le professeur s’inspire entre autres de la pédagogie japonaise de haut calibre, des façons de faire « qui donnent des résultats ». Le contact avec des cliniciens en musique se révèle primordial pour la transmission de la passion. Depuis deux ans maintenant, le compositeur Enrico Dastous rédige des pièces originales pour ses élèves dont deux d’entre elles ont été présentées au Music-Fest. La chef d’orchestre Julie Lambert collabore également avec les classes de Michel Painchaud d’une à deux fois par semaine.
Le professeur travaille continuellement d’arrache-pied pour que l’option musique d’Armand-Corbeil conserve ses lettres de noblesse, alors que les options ferment un peu partout en province. « Il faut que la musique survive au Québec, clame-t-il dans un cri du cœur, que les options soient maintenues et développées. » Pour l’instant, les concerts de fin d’année se préparent – en avant la musique! – et l’Harmonie Senior offrira un concert au grand public, le dimanche 1er juin, à l’école Armand-Corbeil.
Confidences d’un prof
Êtes-vous surpris, d’année en année, de ce que réussissent à accomplir vos élèves?
Apprendre un nouvel instrument reste exceptionnel. Certains vont devenir professeurs en musique, d’autres font carrière en musique, par exemple l’un de mes élèves a été travaillé au Cirque du Soleil.Qu’est-ce qui vous fait vibrer le plus, jouer ou enseigner?
Les deux sont tellement différents! J’ai toujours joué en parallèle d’enseigner, mais moins depuis un an. Jouer est une passion que je connais, je communique ainsi mon intérieur à moi, et c’est important d’exprimer ce que je sais devant public, c’est ce que je fais comme enseignant.Après 25 ans d’enseignement, vous pensez forcément à la retraite qui approche?
Il y a des matins où je me lève, et je me dis « pourquoi? », je pourrais être en train de me promener en forêt, de passer le balai en tant que concierge, et d’autres journées où je ne veux plus sortir du local de musique. Vais-je être capable de garder l’énergie jusqu’à la fin?Quelles qualités devra détenir votre successeur?
Il devra y croire! Ne pas regarder les heures investies, et réaliser une gestion incroyable.
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