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26 septembre 2014

Un brin d’histoire : les funérailles d’antan

La saison d’automne arrive doucement. Dans la plupart des cultures, elle signifie la mort. Nous consacrons donc cette chronique aux rites funéraires d’autrefois et à son évolution. La mort occupait une place importante dans les pratiques religieuses et dans le mode de vie d’autrefois.

Les dernières heures de la vie

La personne gravement malade produira son testament, où elle « se donne » généralement à son fils aîné. Lorsque la fin approche, le curé vient confesser le malade puis lui apporter l’extrême-onction. L’âme libre de tout péché, on peut mourir l’esprit en paix.

Dans nos campagnes, il n’y a pas d’hôpital, le commun des mortels décède donc dans son lit, à la maison. Lorsque la mort survient, on vérifie si la personne est vraiment décédée en lui apposant un miroir au-dessus de la bouche, si aucune trace de souffle ne figure sur le miroir, la personne est déclarée morte. On alerte aussitôt le curé qui s’empresse à faire sonner le glas : deux coups sur chaque cloche pour une femme, trois coups pour un homme. À la maison, on arrête l’horloge à l’heure du décès.

Sur les planches

Le défunt est exposé chez lui, généralement dans le salon de la maison. À l’origine, le corps repose sur des planches tenues par des chevalets. La dépouille est exposée pendant deux ou trois jours. Les mains du défunt sont entourées d’un chapelet. Autour du cou, un scapulaire vient aider l’âme du défunt à se protéger des flammes de l’enfer et lui assurer la protection de la Vierge-Marie. À la porte d’entrée de la maison, on suspend un crêpe noir (étoffe de tissu) informant qu’un défunt est sur les planches à l’intérieur. Dans le cas du décès d’un enfant, le crêpe est blanc.

Les membres de la famille « veillent au corps » toute la nuit en se relayant pour accueillir les visiteurs. La coutume veut que l’on parle à voix basse; pas de chant, pas de musique, pas de radio. Toutes les 30 minutes, 24 heures sur 24, on récite un chapelet complet (Je vous salue Marie, Gloire soit au Père). Devant la dépouille, un prie-Dieu est installé permettant aux visiteurs de prier le défunt. On retrouve aussi une petite branche de sapin qu’on imbibe d’eau bénite et qu’on asperge sur le défunt. Des plantes, des fleurs, des photos du défunt sont disposées autour de la dépouille.

La cuisine est convertie en salle à manger; la table est bien garnie de sandwichs, gâteaux, thé et boissons gazeuses. À minuit, les femmes servent un repas pour la parenté réunie. Dans une chambre, un peu en retrait, les hommes se rencontrent afin de se désaltérer en présence de « p’tit blanc », de gros gin ou de bières; une pratique que ne manque pas de dénoncer le clergé!

Les salons mortuaires

Les salons funéraires font leur apparition au Québec surtout dans les années 1940. Mais au début du XXe siècle, des entrepreneurs de pompes funèbres développent un nouveau service visant à organiser les funérailles, bien que les corps des défunts soient exposés à la maison.

À Terrebonne, le premier écrit soulignant la présence d’une telle entreprise apparait vers 1910 et est exploité par Joseph Provost, de la rue Saint-André. Fait à noter, il fabriquait des cercueils avec de la tôle à l’intérieur. Il est suivi par Léandre Brière (opérateur du taxi et entrepreneur) de la rue Saint-Joseph et de son frère Léon, mieux connu sous le nom de Tillon, qui vont faire affaire dans les années 1930.

C’est en 1947 que le cordonnier et marchand Joseph Guay, connu sous le nom de « Jos », aménage à l’étage de son commerce, dans un logement, le premier salon funéraire de Terrebonne. Les gens vont rapidement opter pour cette formule, délaissant la pratique d’exposer le corps à la maison. Toutefois, l’endroit n’était pas idéal, les porteurs devaient faire des acrobaties pour descendre le cercueil dans un escalier étroit et à pic. Dans les années 1950, un salon tout neuf est construit sur la rue Saint-Louis, en biais de l’église. Un second salon voit le jour à Terrebonne, en 1964 : la résidence funéraire Saint-Louis.

Le cortège funèbre

Avant de partir pour l’église, on récite plusieurs prières et l’on transfère la dépouille dans un cercueil (une simple boite en bois) dont le couvert est vissé. À l’origine, des porteurs transportent le corps jusqu’à l’église; on avait parfois recours à un véhicule de ferme si le trajet était trop long, mais à compter du XIXe siècle l’usage de corbillard s’implante au Québec. L’entrepreneur en pompes funèbres est vêtu du chapeau haut de forme et d’une redingote. Les porteurs sont des parents du défunt.

Les funérailles

Selon le statut social du défunt, la cérémonie funéraire peut être très variable. Pour un notable, les fenêtres et les statues sont voilées, l’église est décorée de draperies violettes et de lumières violettes et blanches, trois prêtres célèbrent la messe.

Après l’office religieux, le cortège se rend au cimetière où le prêtre bénit la fosse devant la famille réunie. Lorsque le cercueil est descendu, chaque membre de la famille lance un peu de terre sur la tombe. Toujours selon le statut social, un monument de pierres, de fer ou de bois viendra commémorer le défunt sur le lot familial du cimetière. Depuis le début du XXe siècle, des cartes mortuaires sont distribuées aux parents et amis en guise de souvenir du défunt.

Tout de noir vêtu

L’inhumation du corps ne met pas un terme au rituel funéraire. Pendant les 18 mois qui suivent, le mode de vie des parents survivants est changé. La veuve doit au cours de l’année qui suit porter le « grand deuil » consistant en une tenue vestimentaire totalement noire, incluant un voile couvrant le visage. Certaines veuves âgées portent le deuil le reste de leur vie! Les veufs sont contrait au costume noir, cravate noire. Jusque dans les années 1930, les enfants portent un brassard noir sur les manches de leurs chemises. Les soirées dansantes et le plaisir de chanter sont interdits pour environ un an, l’écoute de la musique pour les six premiers mois.

Sources : Yves Hébert, Les rites funéraires d’autrefois (Québec 1880-1940),

site Web Encyclopédie sur la mort,

SHRT Fonds Aimé Despatis.

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