17 octobre 2014
Dècès d'un travailleur à Mascouche : La CSST condamne Toitures Laflamme

©Le toit de la maison d’où a chuté Steve Tremblay, le 25 avril, présentait une pente abrupte inclinée à 45 degrés. (Photo : CSST)
Dans son rapport d’enquête sur l’accident qui a coûté la vie le 25 avril à Steve Tremblay, couvreur pour l’entreprise Toitures Laflamme, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) blâme l’employeur pour des failles dans la sécurité lors de travaux en hauteur. Décédé à la suite d’une chute de six mètres, la victime effectuait des travaux de réfection sur la toiture d’une résidence de la rue du Havre à Mascouche le tout sans harnais de sécurité.
Les inspecteurs Jacques Tétrault et Michel Labbé ont identifié plusieurs lacunes dans la gestion de la sécurité des travaux en hauteur qui auraient mené à la perte d’équilibre du travailleur de chantier. Mais d’abord, ils ont mis en lumière que le fait que le travailleur ne portait pas de harnais puisque celui-ci a été retrouvé au sol à proximité de l’endroit où il gisait après sa chute. Par ailleurs, il a été démontré que les échelles utilisées avaient été endommagées, par exemple en constatant qu’un des barreaux était cassé. Son oxydation prouvait qu’il l’était depuis un certain temps.
Les échelles n’avaient pas été munies de cordes pour les rétracter et les déployer de manière sécuritaire, leur verrou de sécurité avait été mal installé et la structure d’échafauds – n’ayant aucun garde-corps – qu’ils soutenaient s’est avéré non-conforme. Les madriers de l’échafaudage dépassaient les 30 cm requis par les normes de sécurité au travail, les cordes d’assurage traînaient sur le toit et l’une des échelles prenait appui sur une gouttière. Outre l’équipement d’accès présentant de multiples failles, l’équipement de protection individuelle affichait également des lacunes.
Le modèle d’ancrage utilisé s’est avéré une pièce à usage unique censée servir une seule fois donc rarement utilisée sur un chantier en construction, le mousqueton n’était pas conforme et un seul clou retenait l’ancrage sur une possibilité de six. De plus, deux cordes avaient été attachées à cet ancrage – ce qui n’est aucunement permis. Le coulisseau de la corde d’assurance qui retient le travailleur lors d’une chute et la longueur de la corde traînant sur le toit a notamment été utilisé inadéquatement.
Aucun témoin
Le couvreur aurait perdu l’équilibre à partir du faîte du toit et dévalé de six mètres le versant arrière de la maison vers 13 h 30. Personne n’aurait été témoin de la scène, seuls le cri du travailleur et sa dégringolade ont alerté les travailleurs. La victime qui respirait encore après sa chute a été transportée à l’hôpital où son décès a été constaté. «La CSST considère que l’employeur, Toitures Laflamme, a agi de manière à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs, a conclu René Beaumont, directeur en santé et sécurité, région de Lanaudière. Par conséquent, un constat d’infraction pouvant aller de 15 839 $ à 63 355 $ lui a été délivré.»
En pareille matière, il s’agirait d’une première offense pour cet employeur qui a toutefois déjà été interpellé par la CSST relativement à une autre infraction en 2013. «Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CSST demandera à l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec ainsi qu’à l’Association des entrepreneurs en construction du Québec d’informer leurs membres des conclusions de cette enquête», a poursuivi M. Beaumont. Quant à l’employeur, la CSST exige qu’il s’assure que ses travailleurs utilisent des moyens de protection contre les chutes, il doit également informer et former ceux-ci sur l’installation et l’utilisation des dispositifs de chute.
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Les chutes en milieu de construction au Québec*
- 700 chutes par année
- Représentent plus de 10 % des accidents déclarés
- Ses statistiques ont diminué de 20 % ces cinq dernières années
- Une chute de 6,3 mètres équivaut à un impact à 40 km/h
* Source : CSST
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