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09 décembre 2014

La violence qui touche toutes les classes sociales

©La lune de miel (les excuses, les fleurs, les petites attentions) après une agression fait partie de l’une des phases du cycle de la violence conjugale.

Les abus au sein du couple peuvent survenir, peu importe la classe sociale à laquelle on appartient, l’âge, le statut économique ou la culture dans laquelle on évolue. «Ce n’est pas par manque d’affirmation de soi si une femme devient victime de violence conjugale, martèle Mariette Bélanger, intervenante chez Regroup’elles. L’agresseur excelle à dominer et remettre en doute sa victime. C’est sa stratégie.»

Une histoire de violence conjugale ne peut se comparer à une autre. Mariette Bélanger intervient chez Regroup’elles depuis 9 ans et côtoie au quotidien - 24 h sur 24 h - des femmes en cheminement qui ont trouvé refuge à la maison d’hébergement de Terrebonne. Le mot qu’elle retient pour décrire les liens qui se forment entre l’aidante et l’aidée : alliance. «Nous sommes nous-mêmes des femmes et entre nous, on évolue dans le respect et l’égalité», dit-elle. L’intervenante ne dément pas le lien d’attachement qui se crée à force de tout partager au quotidien.

«Personne n’est à l’abri de la violence conjugale, note Mariette Bélanger, voulant démystifier le préjugé répandu. Ce n’est pas de leur faute si elles entrent dans une telle relation.» Selon elle, les conséquences liées à la prise d’alcool, la toxicomanie et la surmédication ont pris de l’ampleur ces dernières années: «Les femmes abusées sont souvent étiquetées comme aux prises avec un trouble de santé mentale, mais ce n’est pas une cause, mais plutôt une conséquence.»

Quand la violence change de visage

Mariette Bélanger réfute avec véhémence l’argument voulant qu’une femme violentée manque d’affirmation de soi. Plus la victime tente de se relever, plus l’homme essaiera de la dominer, plus le degré de dangerosité de la situation risque de grimper. Elle ajoute : «Certains hommes violents reconnaissent qu’ils ont un problème, mais très peu vont entreprendre des démarches à moyen et très long terme. La violence va plutôt changer de visage, de forme.»

Enfin, quand la vie d’un enfant entre en jeu, il s’agit d’un «facteur aggravant». Soit la victime voudra préserver le cocon familial, soit l’enfant deviendra un élément déclencheur pour fuir le conjoint abusif. «Elle aura peur qu’il s’en prenne à l’enfant», illustre Mariette. Si dans son témoignage Sabrina se décrivait comme une personne dévouée, familiale et une sauveuse invétérée, l’intervenante refuse de catégoriser les victimes de violence conjugale. «Elles proviennent de toutes les classes sociales, de tous les milieux», insiste-t-elle.

La violence psychologique prédomine

Parmi les formes de violences les plus fréquemment observées trône au sommet du palmarès la violence dite psychologique. «Par manipulation, l’homme va étendre peu à peu son pouvoir sur sa victime, explique Mariette. Il va semer le doute chez elle, la rendre responsable de ses comportements. C’est là où tout débute.» D’autres formes de violence peuvent se greffer à celle-ci : la violence verbale, physique, et même économique quand l’un contrôle le portefeuille et le budget de l’autre. Et quand parle-t-on de viol conjugal ? «Dès que la personne ne donne pas son consentement, qu’elle dit non et qu’il continue, répond-elle. La victime, elle, va placer les besoins de son conjoint devant les siens. Elle s’oublie à travers lui, car il réussit à la dominer complètement.»

Après Regroup’elles

Mariette Bélanger assure que les femmes, après leur passage en maison d’hébergement, retrouvent le chemin de leur domicile en toute sécurité. «Peu importe où elle va, nous veillerons à sa sécurité», précise-t-elle. Le centre d’aide aux victimes d’actes criminelles (CAVAC) et les services d’indemnisation des victimes d’actes criminelles (IVAC) déploient bon nombre de ressources pour appuyer les femmes qui ont besoin d’aide psychologique ou matérielle au sortir d’une relation toxique. «Ils m’ont dédommagée pour l’installation de nouvelles serrures, d’un système d’alarme, la thérapie pour traiter le choc post-traumatique et les séances de massothérapie», a confié Sabrina.

Le nouveau protocole de violence conjugale adopté en 2012 a contribué à l’évolution des pratiques et à développer le partenariat entre les ressources, soulève l’intervenante. «L’objectif est évidemment de changer quelque chose, conclut Mariette Bélanger. En premier lieu, il faut nommer la problématique et, en deuxième lieu, dénoncer. Ce n’est pas à la femme d’avoir honte. Si une femme se reconnait victime de violence conjugale, une partie du travail aura été réalisé. Nous sommes en train d’éduquer toute une génération, et aurons à léguer ces acquis à la suivante.»

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