20 février 2015
Un brin d'histoire : les églises de Saint-Joachim de La Plaine 1re partie

©L’église de Saint-Joachim construite en 1917 (Collection Claude Martel)
Le 8 septembre 1915, l’évêque de Joliette crée officiellement la mission de Saint-Joachim afin de doter le territoire de La Plaine d’une organisation religieuse.
La Société Gauthier et cie et le presbytère
La mission reconnue, on s’affaire à mettre sur pied une société qui tient lieu de fabrique de la mission. Le 29 mai 1916, la Société Gauthier et compagnie est incorporée et a pour mandat l’achat de terrains pour la construction d’un presbytère, d’une église, des dépendances curiales et l’érection d’un cimetière; 46 signataires comparaissent afin de former cette société. Le 4 juin, les membres se réunissent afin d’élire ses premiers directeurs en la personne du curé Sinaï Barrette et de messieurs Napoléon Gauthier, Joseph Meunier et Zotique Gauthier.
La maison Thérien (lot 128) sert temporairement de chapelle du village. On y célèbre la messe chaque dimanche. Mais la maison Thérien n’est qu’une solution temporaire à laquelle il convient de remédier rapidement. Le 12 juin 1916, la Société Gauthier propose l’achat du lot 130, appartenant à monsieur Joseph Jetté, au montant de 400$, afin d’y construire le presbytère. Le 3 juillet, la Société accepte la soumission de Zotique Gauthier au montant de 2740$ pour la construction du presbytère. En août, Mgr Forbes autorise les paroissiens de Saint-Joachim à se cotiser pour un montant de 300$ à 400$ afin de fournir l’ameublement du presbytère. Finalement, le 25 novembre 1916, Mgr Forbes se rend lui-même à La Plaine afin de bénir le presbytère.
La construction de l’église
Durant l’hiver 1916-1917, la Société Gauthier et cie fait les préparatifs afin d’entreprendre la construction de l’église de la mission. En mars 1917, le curé Barrette obtient l’autorisation son évêque d’emprunter la somme de 3 500$ pour la construction de l’église. En avril, Mgr Forbes donne son aval à l’achat d’un terrain de 95 pieds par 200 sur le lot 126. Le même mois, la Société Gauthier obtient trois nouvelles autorisations d’emprunts. Avec un budget de 11 000$ pour le terrain et la construction de l’église, il semble donc acquis que La Plaine aura son clocher avant la fin de l’année. Le 2 mai, Joseph Aubry vend, pour une somme de 500$, le terrain où on doit construire l’église. Le même mois, les ouvriers s’activent déjà à l’érection du lieu de culte.
La construction est plus longue et plus complexe que prévu. En octobre, l’évêque consent à autoriser un second emprunt de 1 500$. L’apparente lenteur des travaux, conjugués au mauvais temps précoce, pousse d’ailleurs le curé Barrette à repousser la bénédiction de la cloche. Malgré les imprévus, le grand jour arrive finalement. Le 1er décembre 1917, le curé Barrette célèbre la dernière messe dans la maison Thérien et le jour suivant, la nouvelle église ouvre ses portes. À la mi-décembre, les bancs sont mis aux enchères à partir de 7$ pour l’allée centrale et de 6$ le long des murs. Le premier banc de la grande allée est réservé aux futurs marguilliers de la Fabrique et revient donc aux directeurs de la Société Gauthier. Le 24 décembre, la construction est définitivement achevée et la cloche de 700 livres, coulée à la fonderie Monahan Brothers à Baltimore dans le Maryland, sonne la première messe de Noël.
Et le cimetière
Parallèlement à la construction du presbytère et de l’église, la mission Saint-Joachim doit aussi entreprendre l’érection du cimetière. Le 10 novembre 1915, monsieur Coursin, du Conseil d’hygiène de la Province de Québec, dépose un premier rapport où il évalue trois sites. Il recommande un espace situé sur le lot 126 à l’est de l’église, car il «possède toutes les qualités qui assurent le parfait enfouissement des cadavres et leur prompte et complète décomposition. » En décembre 1915, Mgr Forbes émet un décret autorisant l’érection du cimetière.
Suite à l’inauguration de l’église, on constate la nécessité d’agrandir le cimetière déjà existant, ce à quoi l’évêque consenti, puis reçu l’assentiment du Conseil supérieur de l’hygiène de la Province de Québec en mai 1919. La bénédiction du cimetière ne s’effectue qu’en juin 1920.
Annexion et fabrique
Après de nombreux débats, l’archevêque de Montréal ordonne le 19 juin 1920 l’annexion d’une partie de Sainte-Anne-des-Plaines et la création officielle de la paroisse de Saint-Joachim et la mise en œuvre d’une fabrique.
Les premières activités de la Fabrique consistent à acheter les ornements et les objets de culte nécessaires à toute paroisse qui se respecte. La Fabrique doit aussi régler les dettes que la Société Gauthier a contractées afin d’établir la mission. En décembre 1922, la Fabrique obtient l’autorisation de prélever, par acte de cotisation et répartition sur les francs tenanciers catholiques, la somme nécessaire au paiement des dettes qui s’élèvent à 18 500$, réparties entre 14 créanciers. Comparativement aux paroisses environnantes, la Fabrique de Saint-Joachim apparaît financièrement saine et peut donc envisager sereinement l’avenir.
Une fin tragique
Le 15 avril 1969, vers 18h30, l’institutrice Denise Leclerc et un groupe d’enfants aperçoivent de la fumée et des flammes s’échappant de l’église. Prévenu par les enfants, le maire rassemble rapidement les volontaires qui tentent de contrôler l’incendie. Vers 19h, une douzaine de pompiers volontaires de Ville des Laurentides viennent prêter main-forte à ceux de La Plaine. Mais l’incendie prend une telle ampleur qu’il nécessite l’intervention des pompiers de Sainte-Thérèse, de Mascouche et de Sainte-Anne-des-Plaines. Le feu, qui s’est déclaré dans la nef, s’étend au toit et au clocher. Les pompiers, malgré la faible pression d’eau, parviennent à contrôler l’incendie et à l’empêcher de s’étendre au presbytère. Vers 20h30, les 17 jets d’eau des pompiers parviennent à circonscrire le feu à l’église, dont le clocher achève de se consumer. De la petite église, construite en 1917 et rénovée en 1965, il ne reste que les quatre murs de brique ainsi que la sacristie et son contenu, qui ont miraculeusement échappé au désastre.
Source : Fonds de recherche de l’auteur.
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