02 juin 2015
Quelques minutes qui bouleversent une vie entière

©Michelle Paiement, aux côtés de ceux qu’elle a décidé d’aider : François Descoteaux et Julie Desjardins. (Photo : Véronick Talbot)
C’était une belle journée de printemps. Le 23 mars 2014, pour être précis. François Descoteaux s’apprêtait à célébrer la fête de sa mère. Avec sa conjointe et une vingtaine de proches, il était attendu dans un restaurant pour profiter d’une soirée en bonne compagnie, comme il s’en fait régulièrement. Il était loin de se douter que sa vie et celle de son entourage allaient chavirer. Et pourtant…
Ce soir-là, le Terrebonnien s’est étouffé avec un morceau de steak, comme ça aurait pu arriver à n’importe qui. Malgré les manœuvres, personne n’a été capable de désobstruer ses voies respiratoires, si bien qu’il est tombé en arrêt cardiorespiratoire. Il a fallu le réanimer à deux ou trois reprises avec des défibrillateurs, parce que les ambulanciers le perdaient aussitôt réanimé. Mais François s’accrochait à la vie…
Ce n’est qu’à l’hôpital qu’on a finalement pu lui retirer le morceau de viande pris dans sa gorge et l’entuber pour lui redonner de l’oxygène. Entre ce moment et l’instant où il a pris sa bouchée, il s’est écoulé 45 longues minutes. «En plus, l’incident a provoqué chez lui une pneumonie d’aspiration sévère, qui a nécessité qu’on lui donne des antibiotiques. Pour que son cerveau puisse se reposer et pour ne pas créer davantage de dommages, on l’a plongé dans un coma artificiel pendant 10 jours», se souvient Julie, sa conjointe des 15 dernières années.
Réapprendre à communiquer
Dès le réveil de François, on a considéré son état comme étant neuro-végétatif. Si on craignait d’abord que sa situation se détériore, c’est finalement le contraire qui s’est produit. «Au bout de six semaines, son regard a commencé à changer, poursuit Julie. C’est comme s’il se réveillait quelques instants, avant de repartir je ne sais où. Puis, ces petits réveils se sont faits plus fréquents. J’avais l’impression qu’il renaissait, que son cerveau se reprogrammait. Du coup, les médecins ont cessé de le considérer comme étant dans un état neuro-végétatif.»
Forte d’un positivisme et d’un amour sans borne, la conjointe de François a fait de nombreuses recherches, tout en continuant d’être présente à son chevet. «En juin 2014, j’ai appris que pour qu’il soit accepté dans un centre de réadaptation, il fallait établir une communication de base avec lui. Je me suis donc mise à travailler là-dessus. Ça a fini par fonctionner : je lui ai montré à fermer les yeux pour dire oui. Le non est ensuite venu de façon naturelle, en bougeant la tête.»
Mais le défi n’était pas encore pleinement relevé. «J’ai dû travailler très fort pour compléter mes demandes auprès des centres de réadaptation. Je n’ai pas eu l’aide du personnel de l’Hôpital Pierre-Le Gardeur, où il était gardé. J’avais l’impression d’être abandonnée. Alors, je continuais mes recherches et j’allais frapper aux portes lorsque l’attente était trop longue.»
Entre l’attente et l’espoir
Pendant ce temps, en août 2014, l’état médical de François s’est «stabilisé». Julie espérait alors toujours une place en centre de réadaptation, et elle devait maintenant aussi patienter pour une place dans un CHSLD équipé pour accueillir des cas lourds comme celui de son conjoint. «En attendant, il demeurait à l’hôpital. Puis, un jour, il n’a plus eu besoin de trachéotomie. Il ne dépendait plus d’une machine! C’est à ce moment que je me suis dit que je pourrais le ramener à la maison.»
Comme si les astres étaient alignés, c’est aussi à ce moment, en décembre 2014, qu’un centre de réadaptation, le Centre Gingras-Lindsay, a accepté de recevoir François. Il y est resté huit semaines, le temps de le préparer pour son retour à domicile. «Au début, il a pleuré. Il était déstabilisé, il ne connaissait pas cet environnement. Depuis qu’il est revenu à la maison, il va mieux. Il répond davantage aux demandes qu’on lui fait. Même les auxiliaires du CLSC, qui viennent à la maison trois fois par jour, me le confirment.»
Ils donnent au suivant
Ainsi, enfin, François a fini par revenir à la maison. C’était le 23 mars 2015, un an jour pour jour après son accident. Pour aider Julie, qui a dû quitter son emploi et qui doit maintenant élever ses deux enfants seule tout en veillant sur son conjoint installé à même le salon de la maison, l’émission «Donnez au suivant» l’a munie des appareils nécessaires pour assurer le confort de l’homme de 32 ans. L’équipe lui a aussi fait don d’une année d’épicerie et de loyer.
«Je sais que François ne sera plus jamais le même. Il peut à peine lever ses fesses et se déplier le bras par lui-même. Mais en même temps, ce sont des choses qu’il n’était pas en mesure de faire il y a deux semaines. Et c’est justement ça, mon objectif : améliorer le plus possible son état et sa qualité de vie. C’est la raison pour laquelle mon prochain défi sera de lui offrir des traitements dans une chambre hyperbare.»
Sans surprise, beaucoup de gens ont été touchés par l’histoire de François et Julie, à commencer par Michelle Paiement, dont la fille a subi le même sort que le Terrebonnien il y a 10 ans. Pour faire une différence, la mère de six enfants a mis sur pied une collecte de fonds, qui a jusqu’à présent permis d’amasser plus de 8 000 $. Elle organisera aussi un souper spaghetti en novembre. Pour supporter Julie, François et leurs enfants, Léa et Alexis, visitez la page Facebook «Collecte de fonds virtuelle pour François Descoteaux» ou rendez-vous au http://www.gofundme.com/vjuhjk.
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