25 août 2015
Son métier : cascadeuse

©Agir comme torche humaine pour le film «The Moth Diary» constitue la plus importante cascade que Nancy Bouchard ait réalisée, selon ses dires. (Photo : courtoisie)
Ayant toujours eu une attirance pour les sports extrêmes, Nancy Bouchard a vu, dans le métier de cascadeuse, l’union de tous ses intérêts. Cumulant les contrats depuis 2006, celle qui agit ces jours-ci comme doublure de Karine Vanasse sur le plateau de tournage de «Blue Moon» nous fait découvrir le métier qui la passionne.
C’est en 2006, pour le film «Live Once, Die Twice», que Nancy Bouchard a pour la première fois porté le chapeau de cascadeuse. «C’était sur un bateau. J’avais les mains attachées dans le dos avec un sac de plastique sur la tête. Quelqu’un me tirait dessus et je devais tomber par-dessus bord. J’ai eu la piqûre», se rappelle-t-elle près de 10 ans plus tard.
Dans ce monde où il y a beaucoup de volontaires pour peu d’élus, la Mascouchoise avoue avoir eu la chance de compter sur l’appui de son conjoint, le coordonnateur de cascades Stéphane Lefebvre. «C’est lui qui m’a donné ma première chance. Les contacts aident toujours dans un milieu comme celui-là», indique celle qui travaillait alors dans le milieu dentaire.
«Je ne vivais pas de ça au début, mais j’avais toujours eu l’idée de le faire. J’ai toujours recherché l’adrénaline. Je faisais de la gymnastique, du quatre-roues, de la plongée, du parachute… Je retrouvais donc, dans ce métier, tout ce que j’aimais», ajoute la femme qui, ironiquement, a profité de son congé de maternité en 2009 pour réellement percer dans le domaine et vivre de sa passion.
De «Mommy» à «X-Men»
Depuis, les contrats s’accumulent. Elle a entre autres doublé Anne Dorval lorsque son personnage se fait frapper par une voiture dans «Mommy», de Xavier Dolan. On a aussi pu la voir dans «Brick Mansions», pour lequel elle a collaboré avec l’acteur Paul Walker peu avant son décès, et «X-Men : Days of Future Past». Pour la télévision québécoise, elle a été embauchée pour «Nouvelle adresse» et «Toute la vérité», en plus de travailler pour des publicités de Ford. Prochainement, on la verra au grand écran dans «Paul à Québec» et dans «The Art of more».
Récemment, elle a tenu un petit rôle dans «Les Tuche», une comédie française tournée à Terrebonne. «C’est plus du jeu que des cascades. Ils m’ont mis une grosse prothèse sur le nez et je fais une infopub pour de la chirurgie esthétique», dévoile avec amusement la cascadeuse, qui aimerait potentiellement jouer davantage, sans pour autant vouloir obtenir de grands rôles.
Cet été, c’est surtout la nouvelle série produite par Fabienne Larouche, «Blue Moon», qui la tient occupée. Elle y double Karine Vanasse. «Je suis souvent là, mais je ne fais pas grand-chose, admet la femme d’action. Karine s’est beaucoup entraînée à Los Angeles, elle a fait beaucoup de cascades. J’ai tourné quelques scènes de voitures pour elle.»
Polyvalence et sang-froid
Les scènes de voiture sont le «dada» de la cascadeuse de 35 ans, qui en fait d’ailleurs une spécialité, même si son métier requiert une grande polyvalence. «On apprend souvent à la dernière minute ce qu’on aura à faire. C’est souvent le jour même du tournage ou encore la veille. C’est donc important de s’entraîner dans plusieurs domaines pour être prêt à tout. C’est en m’entraînant pour la conduite que j’ai découvert que j’adorais ça et que j’avais une facilité», témoigne-t-elle tout en précisant qu’elle aimerait un jour tourner une scène où elle doit maîtriser une voiture en équilibre sur deux roues.
Jusqu’à maintenant, la plus grande réalisation de la cascadeuse sur un plateau a été d’être une torche humaine pour le film «The Moth Diary». «J’étais dans un cercueil. On créait une trachée de feu qui atteignait le cercueil et je devais ensuite en sortir en feu. L’ampleur des flammes était tellement grande que le décor a brûlé», relate Mme Bouchard, qui a su garder son sang-froid.
Les risques du métier
Bien qu’ils soient pris en compte, les risques demeurent toujours présents dans ce domaine. En tant que femme – elles ne sont qu’une vingtaine à pratiquer le métier au Québec, selon ses dires –, des défis supplémentaires s’ajoutent. «Nous devons souvent doubler des actrices en talons hauts ou en jupe. Il est donc plus difficile d’ajouter de la protection», illustre-t-elle. Dans son cas, elle n’a subi que des blessures mineures au fil des ans. «C’est sûr qu’il y a toujours un stress, mais tout est calculé. Le jour où tu fais une cascade et que tu ne ressens aucune peur est probablement le jour où il t’arrivera quelque chose», conclut celle qui jongle bien avec les rôles de mère et de cascadeuse : «J’analyse juste un peu plus les offres qu’on me fait.»
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