Le métier d'enquêteur démystifié

RENCONTRE AVEC RÉMY GAUTHIER, DE LA POLICE DE TERREBONNE

Policier à Terrebonne depuis 1994, Rémy Gauthier est enquêteur depuis 10 ans. Si son métier le plonge dans des situations où l'adrénaline est à son paroxysme et où il doit partir de peu d'éléments pour résoudre un crime, la profession comporte son lot d'événements difficiles à vivre, notamment lors des rencontres avec les victimes.

Lorsqu'il se réveille le matin, Rémy Gauthier n'a parfois aucune idée du type de journée qui l'attend. «Il n'y a pas une journée qui se ressemble. On peut rencontrer des témoins, téléphoner à une victime, aller porter ou chercher des éléments au laboratoire de sciences judiciaire et de médecine légale (...)», énumère le policier, qui a toujours voulu être enquêteur.

La télé versus la réalité

Selon lui, il existe beaucoup de similitudes entre ce qu'on peut voir dans les émissions de télévision et la réalité, notamment dans les techniques d'enquêtes utilisées.

Lorsqu'il arrive sur une scène de crime, les patrouilleurs ont déjà installé les rubans pour empêcher les gens de pénétrer à l'intérieur du périmètre de sécurité. Le travail de l'enquêteur commence de l'autre côté de ce ruban, de concert avec les techniciens en identité judiciaire.

«On observe s'il y a des traces de pas, des traces de pneus de voiture et on regarde les images des caméras de surveillance quand il y en a. On voit donc si le suspect a des lunettes, une cagoule ou des gants. On voit s'il a manipulé certains objets, ce qui peut nous permettre d'obtenir des empreintes», détaille M. Gauthier.

Malgré les ressemblances avec la fiction, il y a des différences notables avec le quotidien réel d'un enquêteur.

«Il y a beaucoup de paperasse à remplir! C'est le bout qu'on ne voit pas à la télé, mais ça représente une bonne partie de notre travail. Il faut toujours tout écrire», dit-il.

Polyvalent et flexible

Spécialisé en matière de vols qualifiés (voir autre texte), M. Gauthier peut être affecté à différents types d'enquêtes, tout comme les 17 autres enquêteurs du Service de police de la Ville de Terrebonne/Sainte-Anne-des-Plaines/Bois-des-Filion.

Tous les mois, chaque enquêteur se voit confier un certain nombre de dossiers. Parfois, en plein milieu de la journée, l'enquêteur doit interrompre sa cueillette d'informations pour se diriger vers les lieux d'un événement qui vient tout juste de survenir.

«Ça prend une bonne flexibilité et il faut savoir bien évaluer les priorités», dit l'homme de 46 ans.

Par ailleurs, les enquêteurs de la police de Terrebonne doivent souvent collaborer avec ceux de la Sûreté du Québec en raison des six niveaux des services policiers établis en fonction du nombre d'habitants desservis, des règles décrétées par le ministère de la Sécurité publique.

Puisque Terrebonne dessert plus de 100 000 habitants, mais moins de 250 000, les enquêteurs ne peuvent mener seuls certains types d'enquêtes comme celles pour meurtres, enlèvements avec danger imminent ou ce qui concerne les infractions en matière de pornographie juvénile, par exemple.

Crimes non résolus

Malgré les efforts déployés par les enquêteurs, il est presque impossible de coincer tous les malfaiteurs.

Lorsque toutes les ressources sont épuisées et qu'une enquête piétine, les policiers doivent parfois se résigner à classer un dossier dans les crimes non résolus, jusqu'à ce que de nouvelles informations soient révélées.

Cette délicate décision est toujours prise de concert avec un groupe d'enquêteurs et des supérieurs, comme les lieutenants-détectives.

Rémy Gauthier est toutefois convaincu d'une chose : le crime parfait n'existe pas. «Il y a toujours des erreurs commises et c'est à nous de les trouver. Parfois, sans s'en rendre compte, un suspect va peut-être dire un mot précis ou faire un geste très particulier ou distinctif, et ça peut nous aider énormément dans notre enquête.»

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