QUE SONT-ILS DEVENUS? André Roger, de la couleur à l’état pur

André Roger vous est peut-être un nom inconnu, et pourtant! Détenant 22 records Guinness en tant que peintre le plus rapide, il a captivé des spectateurs de partout dans le monde. C’est le regard rempli autant de nostalgie que de fierté qu’il peint de ses paroles le portrait de sa vie d’artiste.

Âgé de 81 ans, l’homme qui a marqué la région sur le plan culturel peint toujours, et ce, avec la même passion qui l’habitait à ses débuts dans le domaine, il y a 40 ans. «Si je n’avais pas ça, je mourrais», confie-t-il avec conviction. Il admet peindre avec moins de précision qu’à l’époque, mais il n’a rien perdu de sa vitesse d’exécution, garantit-il en rappelant son récent passage au restaurant la Casa Massarelli, où il a encore une fois épaté la galerie. «J’ai peint une toile de 3 pieds sur 5 pieds en 12 minutes, sans pinceau!» lance-t-il pour illustrer son point.

Comment est-ce possible de s’exécuter sans pinceau? «Le pinceau, c’est la niaiserie du temps, répond-il du tac au tac. Avec un morceau de carton, un essuie-tout et un "Q-tip", je peux te faire un paysage d’automne dans le temps de le dire. Donne-moi un marteau et un pinceau, je dilue ma peinture et je change le paysage en hiver en une minute!»

Pour créer, l’artiste autodidacte a donc besoin de peu de choses. «J’utilise mes deux mains et je me prépare comme un boxeur. Je suis un boxeur», évoque celui qui procède par instinct, sous le coup de l’inspiration. «C’est de l’improvisation», assure l’homme qui a bâti son talent à coup d’heures de création et d’expérimentation. «Je ne sais ni dessiner ni peindre, fait-il savoir ironiquement. Tout ça, c’est juste du travail, du travail, du travail…»

Sans filtre ni vernis

André Roger, c’est de la couleur à l’état pur. Sans filtre ni vernis. Malheureusement pour lui, sa couleur semble s’être ternie au fil du temps dans le regard des autres, selon ses dires. «C’est terrible, d’avoir encore du talent, mais que personne ne te demande parce qu’on te croit trop vieux. Ils pensent tous que je ne suis rien», suppose-t-il à voix haute.

«Mais en 15 minutes, je peux faire faire une toile à n’importe qui qui a des yeux et un bras! D’une petite fille de 3 ans à une dame de 110 ans. Allez voir sur YouTube, j’ai mis des vidéos», certifie-t-il pour prouver ses dires.

Pourtant, le parcours d’André Roger n’a besoin d’aucune preuve supplémentaire pour témoigner de l’ampleur de son œuvre.

De mémorables souvenirs

«J’étais une "rock star" dans ce temps-là», souligne-t-il le sourire aux lèvres. Il réfère ici à l’époque où il a été invité à l’émission «The Late Show», de David Letterman, dont l’auditoire se chiffrait à 22 millions de personnes. «J’ai fait 60 tableaux qui tournaient sur eux-mêmes, en 57 minutes», raconte-t-il, affirmant que sa participation à l’émission est sans doute sa plus grande réalisation.

Parmi ses autres exploits, on compte son apparition à une émission japonaise lors de laquelle il a peint devant plus de 35 millions de téléspectateurs ou cette fois où à la télévision française, il a fait peindre le chanteur Julio Iglesias. Sans oublier «La Mystérieuse», une toile réversible qu’on peut admirer autant à l’endroit qu’à l’envers. Un chef-d’œuvre qui, contrairement à ses habitudes, lui a pris des années à réaliser.

Aujourd’hui retiré des projecteurs, il continue de peindre, tout en visitant son ex-femme de temps en temps. «Je lui apporte des bananes ou le journal», mentionne celui qui, dans ses temps libres, distribue des brochures relatant son parcours artistique. «Pour ne pas être oublié», justifie-t-il en toute modestie.

Avec votre nom inscrit à 22 reprises dans le livre Guinness, M. Roger, il serait impossible de vous oublier!