25 octobre 2016
DIX QUESTIONS à Étienne Langevin
Pourquoi avoir choisi le métier d’humoriste?
On ne choisit pas le métier d’humoriste. On l’est ou on ne l’est pas. C’est une condition, une façon d’être. Je crois que Lise Dion était drôle même à l’époque où elle travaillait chez Dunkin Donuts.
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ce métier?
Le plus difficile, c‘est de composer avec le malentendu qu’il y a dans la société entre la question d’être un artiste et celle d’être une personnalité connue.
Ma création, elle est concrète, je la contrôle, j’y travaille tous les jours et elle est ma source d’intérêt. Pour ce qui est de progresser dans la hiérarchie des gens connus, c’est beaucoup plus abstrait, et à vrai dire, beaucoup moins intéressant.
C’est comme si j’étais boulanger et qu’on me demandait : est-ce qu’il est connu, ton pain? Je ne sais pas, mais goûtes-y!
Si vous n’aviez pas été humoriste, quelle profession auriez-vous exercée et pourquoi?
Comme je vous expliquais, je ne me suis jamais vraiment imaginé faire autre chose. Je fais les choses à fond et je n’envisage pas de plan B. Mais si vous voulez une réponse à votre question, ce serait joueur de football professionnel.
À quel endroit avez-vous donné votre premier spectacle? Comment ça s’est passé?
C’était dans ma cour. J’avais 10 ans, j’ai chargé 10 cents par spectateur. J’ai pu m’acheter une «slush»… Un beau 1,40 $ (rires)!
Avez-vous des sujets tabous, des sujets sur lesquels vous ne ferez jamais de blague?
Bien sûr qu’il y a des tabous. Il s’agit de tous les sujets dont les gens n’ont pas envie de parler. C’est le public qui décide tout, y compris les sujets de mon spectacle. On aurait beau inventer le meilleur «gag» sur un sujet dont les gens n’ont pas envie de parler, ça ne rirait pas. En revanche, un «gag» beaucoup plus ordinaire à propos d’un sujet populaire fera rire à tout coup. Et Dieu sait que des «gags» ordinaires, je suis capable d’en écrire. J’ai déjà écrit des «gags» pour Anthony Kavanagh et Rachid Badoury en même temps, vous imaginez!
De quoi ou de qui vous vous inspirez pour créer un numéro?
L’inspiration, ça n’existe pas. C’est un concept romantique inventé pour nous faire croire qu’il y a une quelconque force extérieure qui s’empare de l’artiste au moment de son écriture. En fait, lorsqu’on est un artiste, on observe constamment. Donc, on crée constamment. Il s’agit de se mettre à la tâche pour que le résultat de toutes ces réflexions se traduise par une œuvre concrète.
À quoi pensez-vous une minute avant d’entrer en scène?
Est-ce que ma «fly» est baissée?
Que préférez-vous, les petites salles (comme les bars et les bistros) ou les plus grandes salles (comme le Théâtre du Vieux-Terrebonne)?
Oh la la la la la! Voulez-vous vraiment que je parle du Théâtre du Vieux-Terrebonne? Disons que si ce n’était qu’une salle avec des sièges, il n’y a pas de doute que j’aimerais mieux jouer là. Mais dans les faits, comme dans toutes les salles du réseau des diffuseurs, il y a un comité de programmation qui décide de ce que les gens ont envie de voir. Celui-ci a plusieurs intérêts à défendre, ce qui rend le jeu politique très compliqué et très lassant. C’est le public qui perd dans tout ça.
J’aime la relation avec le public, c’est pour moi la seule chose qui importe, que ce soit dans une grande ou une petite salle.
Quels sont vos plus beaux souvenirs en carrière?
Il y a de nombreux souvenirs qui me font sourire, autant sur scène qu’à l’extérieur dela scène. Lemétier m’a donné la chance de faire de nombreuses rencontres. J’ai traversé la province de long en large et je suis allé plusieurs fois en Europe. J’ai des amis partout. Je suis privilégié. J’ai été invité dans toutes sortes de maisons par toutes sortes de gens! C’est une vie intense et riche.
À quoi sert l’humour?
L’humour est essentiel. Il nous aide à faire face à l’absurdité de la vie. Il nous réconforte en dédramatisant les travers et nous rappelle que nous ne sommes pas seuls à vivre ce que l’on vit.
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