FABRIQUÉ ICI: Spécialité : superstructures d'acier

L'entreprise Au dragon forgé, mieux connue sous le nom de Groupe ADF, a connu un essor incroyable lorsqu'on pense que tout a débuté il y a 60 ans, dans de modestes locaux du quartier Sainte-Rose, à Laval. Le forgeron artisan Giacomo Paschini se spécialisait dans les ouvrages de fer forgé destinés à la construction résidentielle et dans les œuvres ornementales.

Aujourd'hui, dans l'usine principale d'ADF, située à Terrebonne et dont la superficie équivaut à 10 terrains de football américain, les 400 employés se concentrent sur la fabrication d'énormes charpentes d'acier, que ce soit pour des édifices en hauteur, des complexes commerciaux ou récréatifs, des installations aéroportuaires ou des infrastructures de transport.

Ancrages de la New York Wheel

Lors du passage du Trait d'Union dans l'usine,  on y retrouvait, entre autres, une des gigantesques structures métalliques qu'ADF produit dans le cadre de la construction du nouveau pont Champlain.

Nous avons aussi pu voir deux des quatre immenses ancrages de 200 000 livres (100 tonnes) chacun, sur lesquels reposera bientôt la New York Wheel, la grande roue la plus haute de l'hémisphère ouest avec ses 192 mètres, soit 57 mètres de plus que la célèbre London Eye (135 mètres).

«Ça fait partie des structures les plus impressionnantes que nous avons eu à faire ici. Nous avons entre 5 et 10 personnes par quart de travail qui sont à temps plein sur ces ancrages», dit James Paschini, petit-fils du fondateur et directeur des projets spéciaux depuis tout récemment, lui qui oeuvre au sein de l'entreprise familiale depuis plusieurs années.

L'inauguration de cette roue, installée sur le bord de l'eau à Staten Island, est prévue pour 2018.

Main-d’œuvre spécialisée

Étant donné la grosseur des structures et la complexité des procédés de fabrication pour quelques-unes d'entre elles, les travailleurs sont des spécialistes dans leur domaine, des assembleurs aux soudeurs, en passant par les contremaîtres et le personnel de bureau.

«Les travailleurs, c'est le cœur de l'entreprise. Peu importe le poste qu'ils ont, ils font partie de la famille et, sans eux, tout ce que nous réalisons ne se ferait pas», affirme M. Paschini.

Ils ont d'ailleurs tous été mis à contribution lors de la construction de la charpente métallique complexe du One World Trade Center, le plus haut édifice en Amérique. Cette construction, livrée en 2013, a été «tout un défi technique», de l'aveu de James Paschini, mais il s'en dégage aujourd'hui un sentiment de fierté.

«On voit cette tour dans plein de films. Les employés sont fiers de dire qu'ils ont participé à la construction de cet édifice», dit-il, ajoutant qu'en plus de Terrebonne, ADF possède également une usine au Montana, aux États-Unis ainsi que des bureaux commerciaux en Floride, pour un total de 600 employés.

Innover pour mieux de démarquer

Pour tenter de consolider sa position dans l'industrie, ADF doit composer avec la rude compétition provenant de l'Amérique du Nord, mais aussi contre des entreprises sud-américaines et européennes. C'est d'ailleurs une entreprise d'Espagne qui a obtenu le contrat pour construire d'importantes composantes du nouveau pont Champlain, fait remarquer James Paschini.

C'est pourquoi ADF cherche encore de nouvelles façons de se démarquer. C'est pourquoi l'entreprise a choisi de sacrifier une partie de son aire d'entreposage pour la transformer en atelier de peinture. En activité depuis le printemps, ADF peut maintenant offrir un service encore plus complet à ses clients.

Même si son entreprise a grandi de façon exponentielle depuis sa fondation en 1956 et que de nombreux enfants et petits-enfants ont pris la relève du fondateur, Giacomo Paschini a encore son bébé à l'œil, assure son petit-fils.

«Il va avoir 92 ans, mais il martèle encore dans un petit atelier à même l'usine. Il travaille là pour le plaisir deux ou trois heures par jour», conclut-il, en riant.