Politique
Retour20 décembre 2016
DIX QUESTIONS À... Martin Cloutier
Martin Cloutier est diplômé de l’École nationale de l’humour et forme le duo comique Dominic et Martin aux côtés de Dominic Sillon. Il est également «morning man» pour la station de radio 96,9 CKOI et animateur de l’émission «Accès Golf TV» diffusée sur les ondes de RDS2.
Quel est le secret de votre complicité avec Dominic Sillon?
Plus le temps passe, et plus notre complicité est riche, avec tout ce que la vie nous amène. J’ai connu Dominic lorsqu’il avait 20 ans, et moi, j’en avais 22. On commençait dans la vie. On a vécu beaucoup d’étapes ensemble. Par exemple, nous n’étions pas encore parents lorsque nous nous sommes connus. Nous n’avions pas encore acheté notre première maison. Toutes ces étapes ont beaucoup enrichi notre amitié. Et c’est pareil pour les moments les plus tristes… J’ai perdu mon père il y a deux semaines et Dominic a aussi perdu le sien cette année. Ce sont des événements qui font que le lien qui nous unit est plus riche et plus fort.
Vous venez de lancer le DVD de votre spectacle «FOU». Pensez-vous déjà à votre prochain «show»?
Nous sommes dans le premier jet de notre travail d’écriture et ça va commencer à s’intensifier après les Fêtes, pour nous amener au printemps avec un «show» tout neuf! Et en parallèle, la sortie de notre DVD est aussi une étape importante. C’est notre deuxième DVD en quatre tournées, nous ne sommes donc pas habitués à ça. Mais les gens nous le demandaient. Ils ont vu le «show» et l’ont apprécié, et ils veulent en garder un souvenir.
Comment fait-on pour entretenir cette folie et se renouveler après 25 ans?
Ce n’est jamais facile! Nous avons l’univers comme terrain de jeu! C’est sûr que la diversité de ce qu’on vit nous nourrit. Le temps qui passe est un atout, d’abord parce qu’on a plus d’expérience en écriture, mais aussi parce qu’on a vécu plus de choses qui viennent teinter ces écrits. Ce qui est le plus difficile, par contre, c’est de trouver une situation sur laquelle on n’a jamais travaillé. À ce jour, on a écrit plus de 150 numéros : le terrain de jeu se rapetisse. On se donne toujours le défi d’aller ailleurs avec chacun de nos «shows». On se complique peut-être la vie, mais en même temps, ça nous garde en vie. Ce qu’on a fait ne compte plus : on regarde toujours vers l’avant. C’est pour ça aussi qu’on s’implique beaucoup avec la relève et qu’on se nourrit continuellement de notre milieu.
Peut-on aborder tous les sujets en humour?
Je crois qu’on peut parler de tout si on trouve un chemin pour être comique. Personnellement, avec Dominic, la seule censure qui s’impose, c’est : est-ce que c’est drôle? Si les gens rient, il y a toutes les chances que le numéro reste vivant. On a toujours été des humoristes de divertissement et ce qu’on veut, ultimement, c’est que les gens passent un bon moment et rient de bon cœur. On ne s’empêchera jamais de parler de quelque chose si ça fait rire le monde. De toute façon, nous ne sommes pas du genre à attaquer les gens. On bâtit nos numéros selon notre texture et nos intérêts.
Lorsque vous commentez l’actualité, quel sujet vous interpelle le plus?
Il y a beaucoup de sujets politiques qui viennent me chercher et j’ai du mal à transposer ça sur scène. Le chemin pour aborder ce genre de questions n’est pas très large, et on dirait que c’est plus acceptable à la radio, parce qu’on est plus ancré dans le moment présent. Tous les dossiers de mauvaise gestion me touchent particulièrement. Quand les gens sont privés de quelque chose en raison de l’incompétence de qui que ce soit, ça vient me chercher, surtout quand ça touche les enfants. Je trouve qu’on est une société qui néglige les jeunes, et ça ne devrait pas être comme ça. C’est la même chose pour nos aînés. Il y a un genre de mépris pour les deux extrémités de la population, comme si on disait aux jeunes de ne pas parler tout de suite parce qu’ils ne sont pas pertinents, et aux aînés, de ne plus parler parce qu’ils ne sont plus pertinents.
Si vous pouviez prendre la place d’une autre personnalité publique l’instant d’une journée, qui serait cette personne et pourquoi?
C’est dur à dire parce qu’on ne connaît pas toutes les contraintes des gens. Par exemple, de l’extérieur, on a la perception que ce doit être «trippant» d’être un athlète professionnel, mais ce n’est pas nécessairement toujours le cas. Je ne voudrais donc pas tant vivre dans les bottines de quelqu’un d’autre… Peut-être dans celles du président de la Chambre des communes, pour bannir le lexique interdit, pour qu’on se dise les vraies affaires et qu’on ne soit plus trop pris dans les lignes de partis. Mais sérieusement, je suis bien dans mes bottines. Ce que j’aimerais, par contre, c’est de me voir aller pendant 24 heures. D’observer le genre de père et de conjoint que je suis… Ce serait une belle école!
À la maison, justement, quel genre de père êtes-vous?
Comme père, j’essaie d’être le plus juste, le plus formateur, le plus constructif possible avec Zachary. J’ai juste un enfant, j’ai peut-être tendance à trop l’encadrer et à le gâter, mais en même temps, j’essaie de le laisser se cogner quand il faut qu’il se cogne. Et c’est ça le plus difficile. Je suis un papa poule et je dois me faire violence, des fois (rires)! Hier, par exemple, il a eu une chicane et un de ses amis n’a pas réagi. Je lui ai suggéré d’en parler avec lui. Il parle tout le temps, il est comme son père (rires)! Mais je veux lui transmettre ça. Je veux qu’il soit capable de verbaliser les choses qu’il vit. Les choses ont plus de chances de se produire quand on les conçoit et qu’on les verbalise. Je veux que Zach ait dans son coffre à outils, cette clé qu’est le discours, le dialogue.
Si je vous donnais un budget illimité, quel serait le «trip» de votre vie?
J’ai vraiment un objectif que je veux planifier, même si c’est dispendieux. À mes 50 ans, j’aimerais faire le voyage de golf de mes rêves en Écosse, et aller jouer à St Andrews. En plus, je «trippais» sur l’Écosse avait même de «tripper» sur le golf. Alors, j’ai l’impression que je vais virer fou quand je vais vivre ça!
Quelle phrase résumerait bien votre philosophie de vie?
C’est une réponse un peu plate, mais c’est quand même ça : je fais de mon mieux! J’essaie de toujours m’améliorer. Mon plus grand défaut, c’est la paresse, et je pense que si j’ai trois «jobs», c’est en réaction à ça. En fait, ma vie est un grand paradoxe (rires)! Je suis timide et je pratique un métier public, je suis paresseux et j’ai trois «jobs»… Je suis enterré de travail, mais si j’ai un lousse, je suis le «king» du «farniente»! Ce n’est jamais facile d’écrire ou de se lever à 3 h 45 le matin. Je fais de mon mieux et je lutte contre ma nature profonde.
En terminant, quel est votre souhait pour l’année 2017?
Je veux juste que ça continue. Ma vie est fantastique. Quand j’ai décidé d’entrer dans ce métier, j’ai aussi décidé de dire oui à pas mal tout ce qui m’était proposé, parce que ça voulait dire que quelqu’un me croyait apte à réaliser ces mandats. J’ai donc fait 1000 affaires que je n’étais pas censé faire. Et ça, c’est parce que j’ai écouté ce que les autres avaient à dire, tant les gens du milieu que les gens que je croisais dans la rue. J’ai toujours gardé cette ouverture et j’en suis heureux. Alors, je veux simplement rester positif et garder cette ouverture qui m’a si bien servi jusqu’à présent.
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