Affaires
Retour07 mars 2017
DOSSIER DE LA SEMAINE: Ignorer les jugements pour patiner librement

©Francis Bureau a compétitionné pendant plusieurs années avant d'enseigner le patinage artistique, ce qu'il fait au club de Terrebonne depuis près de deux décennies. (Photo: Courtoisie)
Francis Bureau a été la cible de nombreuses moqueries pendant son enfance, mais il a transformé son amour pour le patinage artistique en carrière. Son rêve de devenir le meilleur a pris le dessus sur les commentaires blessants. Aujourd'hui, il est le seul entraîneur masculin sur les 20 que compte le Club de patinage artistique (CPA) de Terrebonne.
Natif de Rouyn-Noranda, Francis Bureau a découvert le patinage artistique à l'âge de 12 ans. «J'écoutais les Jeux olympiques de 1988. J'ai vu Brian Orser (patineur canadien) patiner et j'ai flashé sur lui. Je me suis dit que c'est ça que je voulais faire et j'avais un seul but: devenir le meilleur au monde», se rappelle l'homme aujourd'hui âgé de 41 ans.
«Dans un petit village, quand tu es le seul gars à vouloir faire du patinage artistique alors que le hockey est super populaire, tu te fais écœurer. J'ai pensé très souvent à arrêter et même plus», dit-il, sans vouloir entrer dans les détails. «Je suis parti de la maison à l'âge de 17 ans. Je suis déménagé à Montréal juste pour avoir la paix», raconte M. Bureau, qui s'est installé à Terrebonne peu après.
Après des années dans le sport, durant lesquelles il a obtenu une 12e place aux Championnats canadiens seniors, en 1998, il a dû abandonner la compétition en raison d'une sévère blessure.
Au début de la vingtaine, le patineur est devenu entraîneur au CPA de Terrebonne. Il y est encore aujourd'hui, près de 20 ans plus tard, avec le même but en tête, chaque fois qu'il chausse les patins: transmettre sa passion.
Rapidement accepté
À son arrivée au CPA de Terrebonne, les autres entraîneuses, toutes des femmes, ont d'abord sourcillé. Il s'est toutefois immédiatement senti accepté. D’ailleurs, le fait d'être le seul homme à ce poste est un avantage, selon lui, car il se fait immédiatement remarquer.
Enseignant à des patineurs de 5 à 20 ans, il a déjà eu quelques garçons parmi ses élèves, mais plusieurs finissent par abandonner en raison du jugement des autres, même s'ils ont un bon potentiel.
Les préjugés existent encore beaucoup, même en 2017, selon M. Bureau.
«Pour certains parents, juste le fait de penser à inscrire leur garçon à un club de patinage artistique, ne serait-ce que pour lui apprendre comment bien patiner, c'est difficile à accepter. Je pense qu'il faut être ouvert d'esprit», illustre-t-il.
«Suivre leur rêve»
Francis Bureau aimerait dire aux garçons de ne pas porter attention au regard des autres et de laisser leur passion s'exprimer.
«Ils doivent suivre leur rêve. Sky is the limit! En même temps, s'il ne se sent pas bien là-dedans, on ne peut pas une jeune forcer non plus, car il ne progressera pas. Il faut être bien mentalement pour pratiquer ce genre de discipline.»
Garçons moins attirés
Contrairement aux femmes pour les métiers plus traditionnellement masculins, moins d'hommes sont attirés par des professions dans lesquelles on retrouve majoritairement des femmes, constate le Carrefour jeunesse-emploi (CJE) des Moulins. «On remarque moins de transferts. Les hommes ont peut-être plus de difficulté à s'identifier dans ce genre de métier», suggère la directrice générale, Diane Hamelin.
Tout dernièrement, les conseillers d'orientation ont cependant remarqué une légère augmentation du nombre d'hommes souhaitant devenir préposé aux bénéficiaires.
Un cas récent vient aussi à l'esprit de Mme Hamelin. Un homme a décidé d'entamer des études en secrétariat. «Les gens sont toujours surpris lorsqu'il leur annonce ça. Il répond toujours qu'il n'est pas un gars d'usine ou quelqu'un de très manuel, mais qu'il a une facilité avec le français. Donc pour lui, c'est tout à fait logique», conclut la directrice générale.
À LIRE AUSSI: http://www.larevue.qc.ca/actualites_dossier-semaine-bois-a-pas-secret-pour-julie-limoges-n40917.php
Commentaires