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15 juin 2017

Le premier banquet de la Saint-Jean-Baptiste en 1834

©Le banquet de 1834.

UN BRIN D'HISTOIRE

Notre fête nationale du Québec tire ses origines de l’Antiquité, alors que le solstice d’été était célébré. En France, elle constituait une fête religieuse que l’on célébrait par un feu de joie. Dès 1636, on célèbre la Saint-Jean-Baptiste en Nouvelle-France, mais c’est avec l’essor du mouvement patriotique, dans les années 1830, qu’elle s’instaure comme une fête nationale.

Les origines de la fête

Tout commence au printemps 1834, alors que Ludger Duvernay et plusieurs membres du Parti patriote participent à la première fête nationale des Irlandais du Bas-Canada. C’est de là que naît l’idée d’organiser une fête nationale pour les Canadiens français. Le 8 mars de la même année, Duvernay, assisté de Georges-Étienne Cartier et Louis-Victor Sicotte, fonde la société «Aide-toi et le Ciel t’aidera». Les membres de cette société secrète vont récupérer la fête religieuse de la Saint-Jean-Baptiste afin d’en faire la fête nationale du peuple.

Le banquet historique

Pour l’occasion, Duvernay choisit le 24 juin 1834 pour organiser un grand banquet de fondation où se donne rendez-vous une soixantaine de membres de l’élite réformiste. Le banquet se tient dans le jardin de l’avocat John McDonnell (aujourd’hui la gare Windsor). L’objectif était d’unir les Canadiens dans un même sentiment national qui conduirait à une réforme politique du pays. Le banquet réunissait francophones et anglophones désireux d’améliorer le sort du peuple. La soirée était présidée par Jacques Viger, maire de Montréal. Pour l’occasion, de nombreux produits du pays furent servis au banquet. Des chants y sont également interprétés par les patriotes dont Ô Canada! Mon pays! Mes amours, chanté par Georges-Étienne Cartier!

Levons nos verres à…

Après la santé loyale d'usage, 25 toasts furent proposés par le président :

  1. Le peuple, source primitive de toute autorité légitime.

  2. Le jour que nous célébrons.

  3. La Chambre d’Assemblée du Bas-Canada, l'organe fidèle du peuple canadien.

  4. L'honorable Louis-Joseph Papineau orateur de la Chambre d'Assemblée, habile et zélé défenseur des droits du peuple.

  5. Louis Bourdages, écuyer, doyen de la Chambre d'Assemblée, le Nestor canadien.

  6. Elzéar Bédard, écuyer, représentant du comté de Montmorency, premier maire de Québec, moteur des 92 résolutions sur la province, et les 56 membres qui ont formé la glorieuse majorité qui les a votées.

  7. O’Connell et nos compatriotes irlandais.

  8. Jocelyn Waller. [en silence]

  9. Daniel Tracey, et les trois victimes du 21 mai. [en silence]

  10. Messieurs Denis-Benjamin Viger et Auguste-Norbert Morin, nos agents en Angleterre.

  11. Messieurs Hume et Roebuck et les autres membres libéraux de la Chambre des Communes (de Londres) qui soutiennent nos intérêts.

  12. Messieurs William Lyon Mackenzie, Bidwell et les autres réformistes du Haut-Canada.

  13. Messieurs Carson, Blanchard et Morris, et les autres réformistes des colonies anglaises.

  14. Le gouvernement des États-Unis. Il excite l'admiration et l'envie de l'univers.

  15. Le Général Lafayette. [en silence]

  16. Joseph Papineau, écuyer, doyen des notaires de cette province, et un des deux membres survivants du premier Parlement du Bas-Canada. À son âge patriarcal, 82 ans, jouissant encore de toute la force de son génie, il a le bonheur de voir son fils, l'orateur de la Chambre d'Assemblée, marcher sur ses traces dans la carrière parlementaire, et de voir le peuple et la jeunesse du pays adopter et suivre les principes qu'il a soutenus dans le Parlement et hors de son enceinte.

  17. Jacques Viger, premier maire de Montréal, et le Conseil-de-Ville de la cité de Montréal. Puissent-ils continuer aussi bien qu'ils ont commencé!

  18. Bonaventure Panet, de Lachenaie, un des deux membres survivants du premier Parlement de ce pays. Nouveau Cincinnatus, après avoir servi son pays à la tribune et dans le camp, il consacre ses vieux jours à cultiver le sol qui le nourrit.

  19. William Lyon Mackenzie, écuyer, premier maire du Haut-Canada et le Conseil-de-Ville de Toronto; là comme ici et à Québec le peuple s'est distingué par son choix judicieux dans la composition du premier corps municipal.

  20. La liberté de presse et les presses libérales du pays et des provinces voisines.

  21. Le Canadien de Québec, seul organe fidèle des habitants de son district. Puisse-t-il, par la puissance de la vérité qu'il exprime si dignement, étouffer les faux exposés et les calomnies de ses antagonistes.

  22. L'émigration, puissent les milliers de sujets britanniques qui viennent chercher chaque année sur nos plages un asile contre les abus et l'oppression qu'ils éprouvent dans leur pays natal, n'en pas créer parmi nous et trouver ici l'accueil qui leur est dû! Ils formeront, avec les habitants du Canada, une phalange impénétrable et irrésistible contre la tyrannie.

  23. Le clergé canadien et ses évêques. Puissent-ils toujours être unis et donner le bon exemple à leurs ouailles. Ils seront soutenus et respectés en faisant cause commune avec la Chambre d'Assemblée et le peuple.

  24. La Convention du District de Montréal. Le peuple a confié à ses membres le soin de veiller à ses intérêts qui ne seront pas négligés.

  25. Les Assemblées constitutionnelles des trois districts qui ont soutenu les procédés de la Chambre d'Assemblée sur l'état du pays; et ceux qui ont fait signer la requête à l'appui des demandes de l'assemblée. Honneur à ceux qui ont défendu les droits du peuple, avec autant de patriotisme, de zèle et de désintéressement.

D’autres toasts s’ajoutent, notamment en faveur de la Société «Aide-toi, le Ciel t’aidera»; des prêtres libéraux du district; de l’agriculture, principale source de richesse de ce pays; et des artisans et de la classe ouvrière.

Une fête… nationale

À partir de ce moment, la fête traditionnelle issue de nos ancêtres français devint la première célébration patriotique du peuple canadien-français. D’ailleurs, le journal La Minerve cite dans son édition du 26 juin 1834 : «Elle sera célébrée annuellement comme fête nationale et ne pourra manquer de produire les plus heureux résultats». Bien que les autorités britanniques interdisent la célébration de cette fête en 1838, lors de la rébellion des patriotes, la volonté manifeste du peuple de célébrer reprit dès 1842.

 

Sources : La Minerve, 26 juin 1834; Donald Prémont, «24 juin 1834 — Le premier banquet de la Saint-Jean-Baptiste», site Web www.1837.qc.ca.

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