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26 septembre 2017

10 QUESTIONS À… Me Marc Boudreau, avocat en droit du travail

©Le Terrebonnien se spécialise en droit du travail. Outre sa profession, il a une grande passion pour la politique. (Photo : courtoisie)

Avocat et associé principal chez Marceau Soucy Boudreau à Blainville, le Terrebonnien Marc Boudreau a été reçu au tableau de l’Ordre en 1993. Me Boudreau a aussi tenté sa chance à plusieurs reprises lors d'élections provinciales et fédérales.

 

Dans quel domaine du droit exercez-vous votre pratique?

Principalement, le droit du travail et le litige. Je suis également président indépendant du tribunal disciplinaire du Service correctionnel du Canada, qui régit toutes les institutions carcérales fédérales (sentences de deux ans et plus). Nous intervenons lorsqu’il y a une infraction disciplinaire commise par un détenu. C’est relativement proche du droit du travail, en ce sens que ça s’apparente à l’arbitrage de grief. L’une des différences est que nous devons prendre nos décisions hors de tout doute raisonnable, comme lors d’un procès criminel. À l’occasion, je peux aussi agir à titre de coroner, mais c’est plus rare.

 

Quelle est la facette de votre travail la plus difficile?

Ce qui est le plus difficile, c’est d’avoir à éteindre des feux tous les jours tout en faisant la gestion de l'agenda. Souvent, j’arrive le matin avec une idée en tête, mais les courriels, les messages importants et les imprévus font en sorte que les priorités changent constamment. Les urgences non planifiées se produisent pratiquement tous les jours.

 

Quel domaine du droit ne pratiqueriez-vous jamais?

Le droit matrimonial. C’est très émotif. Souvent, les gens ne pensent qu'à leurs intérêts. Combien de parents se servent-ils de leurs enfants dans un tel conflit? Il y a aussi plusieurs avocats qui sont incapables de relativiser la situation. Ça prend beaucoup d’efforts d’introspection et de distinction entre les intérêts personnels et le règlement d’un conflit matrimonial. 

 

Quelles seraient, selon vous, les qualités requises pour être un bon avocat?

Il faut savoir se mettre à la place du client et surtout, ne jamais se croire meilleur que celui-ci. Si nous sommes les meilleurs dans notre domaine, nos clients ont chacun leur expertise. Au fond, c’est une relation en équilibre, une relation qu’il faut respecter. Il y a encore trop de juristes qui agissent de façon hautaine et je ne crois pas que cela sert ni le client ni la justice. Je pense que le fait d’avoir vécu dans une famille modeste et d’avoir «appris» la vie sur le plancher des vaches m'a permis de comprendre beaucoup de choses. Autrement, je crois que d’avoir une belle plume, de posséder de bonnes qualités d’analyse et de synthèse, et de savoir mettre en évidence nos arguments sont de grands atouts.

 

Comment pourrait-on avoir un meilleur système de justice?

Premièrement, il faut comprendre notre système pour en apprécier quelque peu sa valeur. Bien sûr qu’il est imparfait et perfectible, mais il gagne à être connu. Peut-être que l’une des solutions serait de mieux en expliquer les rouages et de le rendre plus accessible. L’un des grands principes de notre droit [criminel] est qu’il vaut mieux acquitter une personne «coupable» que d’emprisonner un innocent. Plusieurs ne comprennent pas ce principe, ce qui est normal. En l’expliquant, en démontrant sa raison d'être, je suis convaincu que les gens comprendraient davantage et, qui sait, qu'ils prendraient peut-être plus soin de notre système de justice.

 

Outre l'université et le cégep, devrait-on enseigner les principes de droit à l’école?

Très certainement. Ça permettrait à tout le moins de mieux faire connaître notre système, comme je le disais précédemment. Par exemple, j’ai déjà entendu une femme de Lac-Mégantic dire qu’elle voulait que les hommes accusés à la suite des tristes évènements de 2013 soient reconnus coupables, alors que l’on devrait tout simplement souhaiter qu'on travaille à ce que justice soit faite. De plus, enseigner le droit à l’école permettrait de parler d’obligations et non pas seulement de droits et libertés. Vous savez, la liberté de l’un est intimement liée à la liberté d’un autre, et je crois qu’une éducation juridique pourrait faire tomber les tabous et les incompréhensions.

 

Vous vous êtes déjà porté candidat à des élections au provincial et au fédéral. Quelles étaient vos motivations?

En fait, alors que j’étais étudiant en droit, je me suis porté candidat pour le Parti Québécois en 1989 et je me suis présenté dans le West Island. L’enjeu à ce moment était l’établissement d’un cégep francophone dans l’ouest. J’ai tout de même récolté 21 % des votes, un record, et il y a maintenant un cégep francophone dans l’ouest, le Cégep Gérald-Godin. Au fédéral, je me suis présenté comme candidat en 2008 dans Montcalm ainsi qu'en 2011 et 2015 dans Vaudreuil-Soulanges sous les couleurs du Parti Conservateur. Mes motivations ont toujours été les mêmes. J’ai une grande satisfaction lorsque je règle la situation d’un client. C’est la même chose en politique. J’ai le goût de servir, de régler des problèmes en trouvant des solutions. Et les relations sociales, j’en ai besoin.

 

Pensez-vous faire un retour en politique?

J’ai toujours été impliqué en politique, mais ces dernières années, ma carrière professionnelle a pris beaucoup d’importance. J’ai donc mis la politique surla glace. Jesuis associé principal dans un cabinet, le travail ne manque pas. Mais si j’ai mis la politique de côté, il n’est pas impossible que j’y revienne. Je dirais que c’est fortement possible avec un grand intérêt pour la politique municipale. Peut-être même à Terrebonne.

 

Si ce n’était pas du droit, quelle profession auriez-vous exercée?

En fait, jusqu’en 5e secondaire, je voulais être médecin. Ça s’est décidé assez rapidement et à la dernière minute. Cependant, je dois avouer que j’ai toujours aimé les exposés oraux. Je me souviens d’y avoir vraiment réfléchi lorsque l’un de mes professeurs m’a posé la fameuse question sur ce que je voulais faire dans la vie.

 

Quels conseils pouvez-vous donner aux étudiants en droit?

Qu’ils restent eux-mêmes et qu’ils s’accrochent à ce qui les passionne. Ils doivent oublier ce que l’on voit dans les séries ou au cinéma. Il y a un côté plus administratif et procédural que l’on ne voit jamais, et qui est tout aussi nécessaire. Le droit, ce n’est pas que des plaidoiries et des joutes oratoires théâtrales.

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