La violence qui ne se voit pas

La violence faite aux femmes n’est jamais que physique. Elle est tout ce qu’elle peut être. Fanny a souffert d’une souffrance pernicieuse, une violence qui ne se voit pas. La violence faite à l’esprit et à l’estime de soi.

Le 25 novembre commençait la campagne des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes. Elle se termine le 6 décembre, une date qui marque la tragédie de l’École polytechnique de 1989. Il y a 30 ans, 14 femmes étaient tuées parce qu’elles étaient des femmes. La violence du 6 décembre 1989 nous a tous sauté aux yeux. Nous l’avons vue et nous l’avons entendue. Toutefois, dans de nombreuses situations, la violence faite aux femmes ne se voit pas. Elle ne fait qu’être ressentie par les victimes. Fanny Bellemare-Martin a été une de ces victimes. Une victime sans marques apparentes, isolée de tout, surtout d’elle-même.

Agression verbale

Pendant trois ans et demi, Fanny a été en relation avec un homme qui s’est avéré être un grand manipulateur. «Rapidement, il a réussi à m’atteindre, mais jamais il ne m’a frappée. Les dommages sont tout aussi immenses», dit-elle. Quelques commentaires sur ses «mauvais choix vestimentaires» et déjà, la culpabilité faisait son chemin en elle avec ces agressions verbales. «Tu ne sais pas faire à manger», «tu n’es pas capable de faire du lavage», «grosse conne» ou «pire baiseuse» : les mots étaient durs, mais il était trop tard, le lien était créé. «J’étais toujours convaincue qu’il avait raison, que j’étais moche. Ce sentiment s’est installé de plus en plus. J’avais tort. Il décidait de tout et je suivais parce que je n’étais "pas assez brillante pour choisir". Il prenait toute la place et la mienne en même temps», confie-t-elle. Pendant la relation, Fanny s’est isolée. «Il arrivait à me convaincre que mes amies n’étaient pas bonnes pour moi. D’autres n’étaient plus capables de me voir rester dans cette relation.»

Rester ou partir

La fameuse question que tous se posent : pourquoi rester? «Je crois que je suis restée parce que je voulais lui prouver qu’il avait tort, mais c’était perdu d’avance. J’ai pris la décision de le quitter lorsque j’ai senti que la violence physique n’était pas loin. Au fond, c’est la peur qui m’a fait partir.» Et cette peur semble s’être transformée en prise de conscience. «Un matin, en me regardant dans le miroir, je me suis dit que je n’étais pas si laide, que je n’étais pas si grosse ou si conne qu’il le disait. J’ai repris graduellement connaissance de qui j’étais.» La réparation a pris quelques années. Après cette relation toxique, Fanny Bellemare-Martin devait se retrouver une place. «J’étais dans un vide complet lorsque je me suis retrouvée seule.» De plus en plus, elle s’est sentie forte d’être sortie de sa relation toxique, plutôt que «conne» d’y être restée. Il y a plusieurs mois, elle a mis sur pied une conférence sur la gestion de la douleur émotionnelle et physique. «On peut tous s’en sortir. On a tout ce qu’il faut. C’est un peu ce que je dis en conférence, faire réaliser aux gens qu’ils ont tout en eux pour briller.» Pour en savoir davantage, il suffit de visiter le fannybellemaremartin.com. Surveillez sa page Facebook pour connaître toutes les dates de ses conférences.