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18 novembre 2020

Gilles Bordonado - redactionlarevue@medialo.ca

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LIBRE OPINION

Gilles Bordonado

L’annonce de la démolition du Manoir seigneurial de Mascouche est d’une grande tristesse. Une désolation que partage le maire Guillaume Tremblay.

Dès ma visite du Manoir en 2017, j’ai compris que le vénérable bâtiment et le juvénat avaient rendu l’âme. L’ex-élève de l’école Le Manoir que je suis en avait la larme à l’œil. Les professionnels attachés au projet ont fait le même constat. Restaurer était un non-sens tellement les coûts étaient exorbitants.  

Sachez, d’entrée de jeu, que le ministère de la Culture du Québec a toujours refusé le classement du Manoir comme bâtiment historique, car l’édifice dont les origines datent de 1795 avait subi de trop importantes transformations.

Le Manoir a repris ses lettres de noblesse alors que madame De Colville le métamorphosait en résidence de luxe au début du 19e siècle. Une congrégation religieuse a repris l’endroit dans les années 50 pour y aménager une école, abattant une partie des murs pour y installer une partie de son vaste juvénat. Une première meurtrissure venait d’apparaître.

Au cours des années 1980, la Société immobilière Pierre Le Gardeur a rénové avec succès le bel édifice. Malheureusement, le site, qui abritait l’école Le Manoir, changera de main pour ne jamais retrouver un propriétaire désirant sa protection avant l’arrivée de l’administration Tremblay. Si la Ville avait acquis l’édifice alors, on n’en serait pas là aujourd’hui.

La Société immobilière du Québec vendra le site à un promoteur qui le laissera à l’abandon pendant près d’une décennie sans que l’administration Marcotte lève le petit doigt. Il laissera même entendre que la Ville s’était engagée à lui permettre d’ériger mille condos sur le site. Misère…

L’administration Tremblay a donc été la première intéressée à sauver et à protéger le site historique et la plus grande forêt domaniale du Québec en y investissant plusieurs dizaines de millions de dollars. Toutefois, pour le Manoir, victime de trois incendies et de dégâts considérables par des vandales, il était déjà trop tard.

Je me désole autant que vous de la décision que la Ville a dû prendre. Mais disons les choses comme elles le sont, Mascouche et ses citoyens sont seuls à payer, puisque ni Québec ni Ottawa n’a avancé un sou dans le projet, bien que le fédéral se montrerait intéressé. Dans ce contexte, il est injuste que la Ville soit pointée du doigt, de un, par les protecteurs du patrimoine qui s’insurgent de voir l’édifice disparaître et, de deux, par des contribuables qui jugent que le projet a déjà coûté trop cher.

Plusieurs citent les rénovations réussies des bâtiments de l’Île-des-Moulins et de la Maison Bélisle dans le Vieux-Terrebonne. Je rappelle cependant que c’est Québec qui a payé la restauration de ces édifices classés, ce qui n’est pas le cas du Manoir de Mascouche. Fort heureusement, la Ville espère sauver la maison du meunier et son moulin, reconstruire un édifice rappelant le Manoir et aménager des sentiers sur les magnifiques terrains qui les bordent.   

Et maintenant, la question qui tue : combien sommes-nous prêts à payer collectivement pour sauver nos édifices patrimoniaux, et qui devraient payer? À mon avis, ce devrait être les gouvernements et Québec en particulier.

Les villes qui ont le dos large et qui sont pleines de bonne volonté n’ont pas les moyens de s’attaquer à de telles restaurations. Il est temps pour l’État d’investir pour que des situations comme celle du Manoir ou celle à venir avec la Bergeronne de Terrebonne, dont nous parlons dans nos pages, ne se répètent pas. Et il faut agir maintenant.

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