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25 novembre 2020

Pénélope Clermont - pclermont@lexismedia.ca

Quand l’isolement accentue le danger

MALTRAITANCE CHEZ LES AÎNÉS

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Si l’aspect social est un facteur de protection contre l’isolement et la maltraitance, il l’est également contre la perte cognitive et les troubles de santé mentale.

Les conditions d’isolement liées à la pandémie causent leur lot de désagréments. Les personnes pour qui le danger est justement d’être isolées peuvent ainsi se retrouver carrément exposées au crime. C’est entre autres le cas des aînés chez qui, en cette deuxième vague de pandémie, on observe une hausse de maltraitance sur le territoire.

Bien qu’aucune statistique précise ne soit disponible en ce sens, Caroline Lauzé, agente de relation communautaire au Service de police de la Ville de Mascouche, confirme une augmentation nette des interventions liées à de la maltraitance chez des personnes âgées. « Je serais très à l’aise de dire que ça a doublé », spécifie celle qui collabore étroitement avec Nancy Bélanger, intervenante pour ARRA (Accès aux ressources pour le respect des personnes aînées). Mme Bélanger rapporte d’ailleurs que la police de Mascouche a fait appel à ses services pour ce type d’intervention à cinq reprises en octobre seulement. « Et c’est juste la pointe de l’iceberg », ajoute-t-elle en mentionnant que le constat est le même à Terrebonne.

Le service de police n'est toutefois pas en mesure de le confirmer. « À notre niveau, nous ne pouvons affirmer qu’il y a plus de cas d’abus envers les aînés à cause de la pandémie, indique-t-il. Il faut savoir qu’il est possible que certains cas soient traités directement par d’autres organismes sociaux sans que nous soyons mis à contribution pour une allégation criminelle. »

« Une question de vie ou de mort »

Les cas peuvent aller de l’âgisme à la maltraitance psychologique ou physique, en passant par la violation des droits et la maltraitance organisationnelle. « Le contrôle des activités, des sorties et des retours à la maison. On organise l’emploi du temps de la personne », détaille Mme Lauzé, citant un exemple récent où la police de Mascouche a dû intervenir.

Un homme avec une déficience intellectuelle demeure avec sa mère âgée de plus de 80 ans. Durant la pandémie, il ne la laisse plus sortir, même pour ses rendez-vous médicaux, alors qu’elle a besoin d’injections pour un problème de santé. « Une question de vie ou de mort », souligne Mme Lauzé. Le travailleur social de la dame, qui n’a plus de contact avec elle, informe les policiers de la situation, lesquels arrivent à convaincre le fils d’accompagner sa mère à son rendez-vous médical. « La prochaine étape, on défonçait la porte pour emmener la mère à l’hôpital, relate l’agente communautaire. Ça, c’est un cas : le fils a peur de la pandémie et décide d’isoler tout le monde même si sa mère peut en mourir. »

Un autre cas s’est même conclu avec des accusations de négligence criminelle et d’abus financier pour le fils qui avait cessé d’apporter des soins à sa mère. C’est sa sœur qui a signalé la situation à la police après une visite-surprise chez lui : sa mère avait perdu une cinquantaine de livres, ses cheveux et ses ongles étaient sales, etc. « Elle était vraiment mal en point », témoigne Mme Lauzé.

Les cas de maltraitance envers les aînés ne sont pas nouveaux, mais la pandémie les exacerbe, selon Mme Bélanger, créant ainsi un effet domino. « Si un enfant ne va pas bien, ça se répercute sur son parent », avance-t-elle avant de poursuivre : « Un fils avec une procuration peut décider d’aller piger dans le compte en banque de sa mère en pensant remettre l’argent. On ne s’en serait pas rendu compte avant. Mais là, il a perdu son emploi. Un 50 $ devient un 100 $, puis un 500 $. Il ne peut finalement pas les rembourser et la dame aînée ne peut plus payer son logement. »

Dégénérescence cognitive

Si l’aspect social est un facteur de protection contre l’isolement et la maltraitance, il l’est également contre la perte cognitive et les troubles de santé mentale, soulève l’intervenante. L’absence d’interactions sociales et la diminution d’activités physiques, voire l’impossibilité de se déplacer dans certains cas, ont occasionné une augmentation de troubles cognitifs de même que la dégradation des conditions de santé des aînés les plus isolés, selon elle. « Quand on arrive à la retraite, du temps, on en a beaucoup et on doit le combler avec des activités. Au début de la pandémie, c’était plus facile à gérer : tout était en arrêt et on vivait tous ça en même temps. Mais huit mois plus tard, je peux vous garantir que ça va mal », déclare l’intervenante.

« Tout s’enchaîne et le pire, c’est qu’on ne voit pas le bout. Trois mois quand tu as 85 ans, ça a de l’importance. À cette date-ci l’an prochain, certains ne seront peut-être plus là », rappelle-t-elle avec regret, bien consciente que les prochains mois n’aideront en rien la situation. « Les deux pires mois sont janvier et février. Il reste encore les mois d’hiver à passer. […] Certains ne vont pas mourir de la COVID-19, mais de la solitude », conclut-elle dans un appel à la sollicitude.

 

Lisez également : Des gestes concrets en soutien aux aînés et Des ressources pour les personnes isolées

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