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17 novembre 2021

Valérie Maynard - vmaynard@lexismedia.ca

Une histoire qui s’est d’abord écrite à Terrebonne

LA MANIC GT

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©courtoisie

Basée sur le châssis de la Renault 8 et pourvu d’une carrosserie en fibre de verre lui conférant un style racé, la Manic GT est la seule voiture de série produite en sol québécois.

Historia soulignera le 50e anniversaire de la fin de la fabrication de la voiture Manic GT en diffusant le documentaire La Manic GT : la voiture du peuple, réalisé par Jean Bourbonnais. Et c’est à Terrebonne, en 1969, dans l’ancienne manufacture de la Globe Shoe, que la première voiture entièrement conçue et réalisée au Québec a été assemblée. Rencontre avec Pauline Vincent, première femme de Jacques About, celui qui rêvait de doter le Québec de son automobile.

« Ce rêve-là, on l’a porté à bout de bras. À l’époque, je travaillais beaucoup comme journaliste à la radio et à la télé et tout mon argent s’en allait pour la Manic. Jacques et moi, on ne faisait qu’un… je l’aimais tellement », raconte-t-elle.

La Manic GT, c’est d’abord le rêve d’un homme, Jacques About, un Français débarqué au Québec au milieu des années 50. En 1966, About s’est entouré de Maurice Gris, un mécanicien, puis de Serge Soumille, tous deux venus de France. C’est Serge qui concrétisera les idées de Jacques en dessinant la Manic GT. « C’était un trio infernal. Je les ai hébergés et nourris. C’était quasiment comme vivre en communauté », se remémore Mme Vincent.

En avril 1969, un prototype de la Manic, entièrement conçu dans un petit garage de Greenfield Park, où le couple habitait, est présenté au Salon de l’auto de Montréal. « Rapidement, on a eu besoin de plus d’espace. Je ne me rappelle plus pourquoi on est allés à Terrebonne, mais je sais que Jacques faisait la route tous les jours, de Greenfield Park à Terrebonne. »

En octobre 1969, la production en série de la Manic GT débute dans l’usine située au 133, rue Chapleau, à Terrebonne. C’est là que les premières voitures seront assemblées avant qu’une nouvelle usine soit construite à Granby l’année suivante.

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©courtoisie

C’est dans l’usine désaffectée de la Globe Shoe que les premières voitures Manic ont été assemblées, en 1969.

La Manic GT toujours vivante

Cinquante ans se sont écoulés depuis cette époque. Et le sentiment de bonheur qui envahit Pauline Vincent chaque fois qu’elle y repense est toujours aussi fort. « On sortait de l’Expo 67, le monde était fébrile et on était des passionnés. Tout était possible. Jacques et moi, on partageait la même énergie, le même enthousiasme et la même vision. On s’est mariés en 1968 après avoir vécu deux ans dans le péché et on a eu notre fils en 1970. On était sur la même longueur d’onde partout et dans tout. On voulait réussir à tout prix. On était invincibles », évoque-t-elle.

En 1971, l’aventure Manic se termine pourtant abruptement avec la fin de la production à peine six mois après l'inauguration de la nouvelle usine à Granby. Durant sa courte vie, l’entreprise Les Automobiles Manic inc. aura produit 150 exemplaires de la Manic GT, dont une cinquantaine roulent encore au Québec, aux États-Unis et même en Europe.

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©courtoisie

De 1969 à 1971, Les Automobiles Manic produiront 150 exemplaires de la Manic GT. Quelque 50 d’entre elles roulent toujours au Québec, aux États-Unis et même en Europe, dont celle du politicien et ancien journaliste Gérard Deltell, la numéro 104, probablem

« Peu d’entreprises peuvent se vanter d’avoir eu autant d’impact que la Manic. C’est un joyau pour le Québec et le Canada », estime Mme Vincent, qui ressent depuis quelques mois, dit-elle, une effervescence autour de la Manic et un intérêt renouvelé pour cette voiture unique.

D’ailleurs, elle est catégorique, la fin de l’aventure ne représente pas pour autant un échec. « On était jeunes et on avait des idées. Et puis, on a quand même réussi à produire des voitures qui roulent toujours », pointe-t-elle. Et ce n’est pas non plus une faillite, ajoute-t-elle. « Jacques a mis des années à tout rembourser, mais il l’a fait. »

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Mariage de Pauline Vincent et Jacques About en 1968. Leur fils, Pierre, naîtra en 1970. Le couple divorcera une dizaine d’années plus tard.

Pauline Vincent est écrivaine, conférencière et journaliste. Elle a notamment publié les romans La femme de Berlin et L’imposture. Aujourd’hui âgée de 78 ans, elle continue d’écrire. Deux romans sont en préparation : La femme de Lisbonne et La femme de Montréal.

Jacques About, le père de la seule voiture québécoise de série jamais produite, est décédé accidentellement en 2013.

Le documentaire La Manic GT : la voiture du peuple sera présenté sur Historia le 18 novembre à 20 h, puis en rediffusion le 19 novembre à 8 h et le 21 novembre à 14 h. 

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©courtoisie

Pauline Vincent est écrivaine, conférencière et journaliste. Chaque fois qu’elle se remémore l’époque de la Manic, un sentiment de bonheur l’habite.

Commentaires

18 novembre 2021

Jacques SAVOYE

Très belle histoire. Mais pourquoi la fabrique a-t-elle été arrêtée ?

18 novembre 2021

Journal La Revue

La fin de la chaîne de montage de la Manic GT est essentiellement due à un manque de liquidité. Au tournant des années 70, 700 000 $ avaient été dépensés pour la construction de l’usine à Granby et pour le développement technique. Lorsque le temps est venu d’opérer l’usine, il ne restait plus d’argent. Inaugurée le 1er janvier 1971, l’usine de Granby a fermé ses portes le 17 mai de la même année. L’entreprise a déclaré faillite le 8 juin suivant, après avoir produit 160 exemplaires de sa GT. Jacques About a tenté de relancer l'entreprise avec la fabrication de deux modèles : une évolution de la GT et une voiture sport haut de gamme. Il a même réussi à conclure un accord avec un manufacturier américain pour s'approvisionner en pièces malgré la faillite. Mais c’était trop peu, trop tard et la liquidation de l’entreprise ainsi que le licenciement des quelque 120 employés ont été effectués par un syndic. Jacques About terminera de rembourser ses créanciers 13 ans après la faillite.

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