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24 novembre 2021

Gilles Bordonado - redactionlarevue@medialo.ca

Discussion avec Pierre Fitzgibbon

LE REFLET ÉCONOMIQUE // GRANDE ENTREVUE

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©Émilie Nadeau

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation.

Le personnage sait de quoi il parle. L’économie, c’est sa passion. Sa vision du Québec économique est claire. Rien de surprenant à ce que François Legault ait fait du député de Terrebonne un poids lourd de son gouvernement. L’homme a un rythme verbal rapide, au point où j’ai de la difficulté à prendre des notes. Il manie les concepts et les acronymes comme un jongleur maîtrise ses balles. Il identifie les problèmes et les solutions que sa formation politique et lui veulent y apporter. Résumé d’une discussion à vitesse grand V avec Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et l’Innovation du Québec.

Priorité numéro 1 : augmenter le produit intérieur brut (PIB) du Québec, car un PIB plus élevé est synonyme d’une richesse collective plus grande, d’une économie plus forte, d’entreprises plus compétitives et performantes et, ultimement, de travailleurs et travailleuses mieux rémunérés. « Depuis notre arrivée, l’écart de PIB avec l’Ontario s’est réduit de 16 % à 13 %. C’est bien, mais ce n’est pas assez. Pour faire bouger l’aiguille, cela passera par une main-d’œuvre encore plus qualifiée et un rehaussement de la productivité. Pour y parvenir, il est essentiel d’investir dans l’éducation, l’enseignement supérieur et l’innovation, dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre que nous vivons », soulignera M. Fitzgibbon.

Solution 100 % québécoise possible

Parlant de main-d’œuvre, le député de Terrebonne a identifié quelques sources du problème et plusieurs solutions : « On sait qu’on a 194 000 postes vacants au Québec, dont 164 000 ne requièrent pas de diplôme universitaire. À long terme, il y a bien sûr la démographie. Comme tous les pays industrialisés, nous faisons moins d’enfants qu’avant, mais ce n’est pas une solution à court terme. Pour régler le problème plus rapidement, l’une des questions majeures sur laquelle il faut nous pencher, c’est le solde migratoire interprovincial, qui est déficitaire. Nous perdons depuis une quinzaine d’années des dizaines de milliers de Québécois au profit des autres provinces. Il nous faut rendre le Québec plus attrayant pour nos travailleurs et travailleuses. De plus, nous devons garder au Québec les nombreux étudiants étrangers qui fréquentent nos universités. Il y a là un important bassin de travailleurs qualifiés potentiels qu’il faut conserver. Une analyse démontrait que sur les 89 000 bacheliers universitaires venant de l’étranger, nous n’en avions retenu ici que 11 000. C’est insuffisant. »

Sur le plan de l’immigration, le Québec doit poursuivre son travail d’équilibre entre le nombre de nouveaux arrivants et leur intégration harmonieuse aux valeurs d’ici. Il y a moyen d’en accueillir plus, une fois que tous les outils seront mis en place pour favoriser une meilleure intégration. Il en va de même des travailleurs économiques temporaires qui pourraient être tentés de demeurer chez nous.

Soulignant que Jean Boulet, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, déposera dans quelques jours un projet de loi favorisant la création d’emplois, M. Fitzgibbon identifie des pistes de solutions déjà annoncées par son collègue, dont la requalification de certaines personnes qui bénéficient de l’assurance-emploi. Elles sont au nombre de 262 000 actuellement. Il insiste aussi sur la force de travail des personnes touchées par un handicap léger, qu’il soit physique ou intellectuel. Ce sont des gens plein de ressources qui méritent leur place au sein de l’économie québécoise. Finalement, il identifie le retour sur le marché du travail des 60 ans et plus, qui représentent un bassin impressionnant de 80 000 travailleurs qualifiés et expérimentés. « Nous offrons déjà un certain nombre d’avantages fiscaux et ceux-ci pourraient être bonifiés », notera le ministre. Il croit qu’une solution 100 % québécoise est possible en ce qui a trait à la pénurie de main-d’œuvre.

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©On voit ici le député de Terrebonne, Pierre Fitzgibbon, en visite chez GMR Safety.

On voit ici le député de Terrebonne, Pierre Fitzgibbon, en visite chez GMR Safety.

Innovation, maître mot

En ce qui a trait à la productivité, à la compétitivité et à la croissance de nos entreprises, elle passe par l’innovation, selon le député de Terrebonne. « Si l’on se compare aux meilleurs sur le plan de l’innovation, comme Singapour, Israël et la Corée du Sud, nous avons un retard majeur. Il faut développer au Québec un réflexe d’investissement qui n’est pas naturel actuellement. Cela prend entre autres des liens accrus entre les universités et les entreprises. Et ça prend aussi de l’argent pour soutenir les entreprises dans leurs démarches », de rappeler le ministre, qui cite, au cours de la discussion, une suite de programmes gouvernementaux et de comités et organisations favorisant la recherche et l’innovation, ainsi que leur financement.

À ce chapitre, M. Fitzgibbon souligne qu’Investissement Québec est au rendez-vous pour soutenir les entreprises à la suite de la refonte majeure que l’organisme a subie au cours des dernières années. Il mentionne aussi l’aide associée à l’offensive de transformation numérique (OTM) pour accompagner les entreprises dans la transformation numérique, puis le financement en intelligence artificielle, Montréal étant un pôle mondial dans le domaine.

Parmi les autres secteurs qui doivent mériter davantage d’attention, il cite certains axes que sont l’aéronautique, la filière des batteries électriques, l’hydrogène vert, l’aluminium, l’acier, les sciences de la vie et tout le secteur de la cybersécurité.

Un secteur en expansion

En conclusion de cette entrevue, le ministre note plusieurs éléments de fierté pour lui dans la région. D’entrée de jeu, il nomme l’installation récente de Lion, un manufacturier de camions et d’autobus électriques. La filière des batteries, évoquée plus haut, fait un premier pas à Terrebonne, ce qui est une excellente nouvelle pour le milieu économique d’ici. Il donne aussi en exemple le pôle de l’acier, lequel regroupe plusieurs entreprises qui tiennent le haut du pavé : « Je suis un très grand partisan de ce secteur porteur », ajoutera-t-il.

Il souligne également toute la considération qu’il porte à deux institutions relativement récentes dans l’économie régionale : le centre collégial de transfert technologique (CCTT) INÉDI du Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne, dont il est un grand admirateur, comme de tous les CCTT d’ailleurs, et InnoHub La Centrale, un incubateur géré par la MRC Les Moulins qui abrite une foule de jeunes pousses à l’avenir prometteur.

Suivant de près le développement du 8e parc industriel à Terrebonne, il croit qu’il sera possible d’y développer une spécificité créatrice de bons emplois. De plus, il se fait un ardent promoteur de la venue d’un centre de formation universitaire à Terrebonne. « Je sais que l’UQTR et Concordia étudient des projets pour la région, ce qui est très positif pour l’avenir », conclura le ministre.

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