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15 décembre 2021

Gilles Bordonado - redactionlarevue@medialo.ca

La bataille d’une vie

LIBRE OPINION

Gilles Bordonado

Gilles Bordonado, éditeur et directeur du développement des affaires de La Revue.

Cela fait près de 30 ans que je suis « l’affaire Dumont ». Quand Michel et sa conjointe, Solange, m’ont interpelé il y a une dizaine de jours, je me doutais que leur vie venait de connaître un de ces tournants auxquels ils se sont habitués. Un tournant qui s’inscrit dans la longue bataille qu’ils mènent pour obtenir réparation. La bataille d’une vie.

Victime d’une erreur judiciaire, le Plainois Michel Dumont a été accusé injustement de viol. Un viol qu’il n’a jamais commis. Depuis, sa vie est partie en vrille. Il a fait près de trois ans de prison pour rien. Solange Tremblay a été sa Erin Brockovich à lui. Brockovich, une environnementaliste américaine, a monté des dossiers béton contre des entreprises polluantes et obtenu des compensations à des centaines de citoyens malades et démunis face à la loi. Solange, qui se bat aux côtés de Michel depuis ce temps, a obtenu sa libération, le non-lieu pour ce crime qu’il n’a pas commis et n’a jamais abandonné pour qu’ils obtiennent, leur famille, leurs enfants, leur couple et lui, une juste compensation pour ces années de malheur. Car l’histoire de Michel Dumont, de Solange Tremblay et de leurs cinq enfants, dont les deux Dumont nés d’un premier mariage, c’est une histoire marquée au fer rouge par une injustice sans nom et ses conséquences innommables sur leur vie.

Pendant l’incarcération de leur père, les deux enfants nés Dumont, placés en famille d’accueil par la DPJ, ont été victimes d’agressions sexuelles. Avant d’entrer en prison et après sa sortie, Michel Dumont, un électricien, a connu de longues périodes de chômage à cause de son casier judiciaire. Avec sa femme et leurs cinq enfants, ils ont manqué d’argent et vécu un stress intense pendant de longues années. Si, à force d’acharnement, Solange a permis de blanchir Michel et d’obtenir une compensation financière de la part de la police de Boisbriand, jamais, au grand jamais, Ottawa n’a voulu le dédommager pour cette erreur judiciaire. Mal conseillé, Dumont a poursuivi en vain le gouvernement fédéral, qui s’est acharné sur lui, lui réclamant des frais de justice qui lui auront fait perdre leur maison.

Heureusement, la lumière semble enfin apparaître au bout du tunnel. Au contraire de l’entêtement du gouvernement conservateur, l’administration Trudeau s’est penchée sur sa cause et sur celle d’une dizaine d’autres victimes d’erreurs judiciaires. Encore une fois, Solange veillait au grain. Depuis des années, elle rappelle au Canada ses obligations en ce qui a trait aux erreurs judiciaires. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, signé par le Canada en 1976, est clair et sans équivoque. L’alinéa 6 de l’article 14 de ce pacte le définit en toutes lettres : « Lorsqu'une condamnation pénale définitive est ultérieurement annulée ou lorsque la grâce est accordée parce qu'un fait nouveau ou nouvellement révélé prouve qu'il s'est produit une erreur judiciaire, la personne qui a subi une peine en raison de cette condamnation sera indemnisée. » C’est feu Benoit Sauvageau, député du Bloc, qui avait aiguillonné la tenace Solange sur les obligations de ce pacte.

Maintenant dans la soixantaine, souffrant et malade, retraité forcé, Michel Dumont aura-t-il enfin droit à la compensation qui lui revient? Espérons que le gouvernement Trudeau ne mettra pas des années à régler le tout, pour lui et les autres victimes d’erreurs judiciaires. Le couple a le droit de profiter un peu des sommes auxquelles il a droit avant de quitter cette terre. Cette bataille d’une vie doit arriver à son terme. Ils ont eux aussi droit à la quiétude.

Lisez également l'article de notre journaliste Valérie Maynard.

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