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Retour14 mars 2022
Stéphane Fortier - sfortier@medialo.ca
Accueillir un réfugié au cégep, un long processus

©Stéphane Fortier - La Revue
Des membres du comité local avec leur étudiant parrainé, Plem Kijamba, au centre.
Le 18 février, Plem Kijamba, un réfugié congolais, recevait la Médaille de l’Assemblée nationale des mains du député de Terrebonne, Pierre Fitzgibbon, en raison de sa touchante histoire. Retour sur son arrivée au Québec en 2021 et sur les gens qui l’ont accueilli.
En pleine pandémie, le 7 janvier 2021, la constituante de Terrebonne du Cégep régional de Lanaudière accueillait Plem Kijamba, un réfugié de l’Ouganda qui avait fui le Congo. Or, ce processus d’accueil, disons-le, ne s’est pas fait en un clin d’œil.
Il a d’abord fallu que des volontaires du Cégep forment un comité local du programme d’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC), dans lequel on retrouve des étudiants, des enseignants et des membres de la direction. « Avant de former ce comité, qui a pour objectif de parrainer un réfugié, il fallait que la direction adhère à l’idée, ce qui a finalement été fait, mais non sans mal parce que ce programme était plutôt méconnu », explique Marie-Bétie Collot, enseignante en Techniques de travail social (TTS) au Cégep à Terrebonne.
Pour la sélection d’un réfugié, certains endroits sont à privilégier. Le continent africain en est un. C’est l’EUMC qui est responsable de la sélection des réfugiés et ensuite, le programme en propose à des comités locaux, comme celui du Cégep à Terrebonne. « Nous leur envoyons une description de ce que le Cégep peut leur offrir et eux, ils nous font parvenir trois dossiers. Nous avons choisi Plem parce que son profil correspondait à ce que nous pouvions lui offrir », mentionne Marie-Ève Gauvin, également enseignante en TTS. « Il s’est inscrit en Sciences humaines, profil monde. L’idée du programme de l’EUMC est de réaliser un bon jumelage et nous sommes contents de celui-ci », ajoute Joëlle Champoux Bouchard, enseignante en TTS.
Avant que Plem ne mette un seul pied entre les murs du Cégep à Terrebonne, le comité devait s’assurer de récolter une somme de 30 000 $ pour l’accueillir adéquatement. « Heureusement, nous avons pu compter sur de généreux donateurs », précise Marie-Ève Gauvin.
Adaptation
Parrainage. Le mot est des plus adéquats lorsqu’on parle de ce que les membres du comité ont fait pour Plem. Chaque jour, ils s’assuraient que leur protégé ne manque de rien. « Une fois Plem arrivé, il fallait lui trouver un logement, mais il avait deux semaines de quarantaine à faire. Nous devions être certains qu’il ait tous les outils pour assurer la bonne marche de son quotidien », relate pour sa part Christina Roy, étudiante en TTS. « Notre crainte, c’était qu’il soit complètement perdu et qu’il ait de la difficulté à se débrouiller. Il fallait s’arranger pour qu’il soit le moins dépaysé possible », confie de son côté Éric Dru, qui lui a servi de famille d’accueil depuis son arrivée. « Au début, pendant deux semaines, on collait des étiquettes, par exemple sur les appareils ménagers, afin qu’il soit en mesure de bien les utiliser. Il y avait beaucoup de choses à assimiler », renchérit l’étudiante Khella Pierre. « Ça a été tout un apprentissage pour lui. Dans son pays, il y a beaucoup de solidarité, il a tendance à aller vers les autres. Il a appris bien vite qu’ici, c’est chacun pour soi », constate Éric Dru.
Et comment va Plem aujourd’hui? « Les études vont très bien. Je me suis tout de suite bien entendu avec les enseignants ici. Il me reste une session. Je vais m’inscrire à McGill l’année prochaine en Développement international. Je veux faire profiter les gens de mon pays de ce que j’aurai appris ici », nous dit-il.
Le comité local de l’EUMC, de son côté, travaille déjà à accueillir un autre réfugié. « Nous sommes en processus pour accueillir un nouveau réfugié pour septembre 2023 », annonce Marie-Bétie Collot. C’est beaucoup de préparation et ça prend du financement, alors si des commerces, des entreprises et des particuliers veulent nous donner un coup de pouce… », lance Mme Collot en conclusion.
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