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08 mars 2023

Diane Legault - dlegault@medialo.ca

Arianne L’Écuyer, une femme accomplie et rayonnante

Il y a 41 ans, on l’a baptisée François.

Arianne est aujourd’hui une femme accomplie et rayonnante. Sa détermination à faire sa place dans la société rappellera des souvenirs, vécus ou entendus, aux femmes de plusieurs générations, et aux gens qui, à un certain moment, ont perdu leurs repères.

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©Courtoisie

Arianne L'Écuyer

Depuis quatre ans, Arianne L’Écuyer a pris un nouvel élan professionnel pour mettre son vécu et son expertise au service des autres. Forte de ses démarches pour se sortir de son difficile vécu, et d’un diplôme de Post-maître praticienne en programmation neuro linguistique, elle reçoit à son cabinet toute personne qui désire s’outiller pour avoir un meilleur devenir. Elle vient en aide, entre autres, aux gens qui veulent se départir d’une certaine résistance ou de blocages internes. La démarche qu’elle propose a aussi pour objectif une meilleure estime et appréciation de soi. Elle est aussi coach de sobriété heureuse.

Arianne donne aussi une formation aux étudiant.e.s en technique d’éducation spécialisée pour leur apprendre comment interagir avec les jeunes trans. Elle présente sa conférence Devenir qui tu dois être, et elle a écrit un livre, Le fil d’Arianne. D’ailleurs, le 30 mars prochain, elle rencontrera les étudiants du Cégep de Terrebonne pour y donner sa conférence qui sera suivie d’une période de questions et de discussions.

Les femmes ont dû entreprendre une démarche de plusieurs décennies pour être reconnues comme des personnes à part entière. D’autres personnes empruntent présentement la même route; celles qui ont une âme féminine dans un corps d’homme, ou l’inverse. « La société a déjà parcouru un bout de chemin, mais il reste encore beaucoup à faire. De nos jours, il y a des professionnels, des organismes et des outils pour accompagner les trans dans la voie empruntée par les femmes », renchérit celle qui coanime des groupes au Néo de Terrebonne. « J’y raconte mon histoire pour leur faire voir le privilège qu’ils ont maintenant, même si tout n’est pas réglé.

François enterré vivant

C’est à 16 ans que notre interlocutrice a décidé de s’assumer comme transgenre et de se consacrer à sa transition. « J’étais aux prises avec une dualité interne. Deux âmes se battaient en moi pour un seul corps », explique-t-elle. « Arianne a pris toute la place et a enterré vivant François. Je pensais qu’ainsi, je me sentirais mieux, relate-t-elle. À l’époque, il n’y avait pas de ressources », rappelle celle qui avait quitté les bancs d’école avant de terminer son secondaire. 

Renvoyée de l’école

Puis, celle-ci tente un retour, à l’éducation des adultes. « J’étais appréciée de mes nouveaux amis. Mais, j’allais aux toilettes des filles, puisque j’étais une fille, ce que le directeur n’acceptait pas. On m’a accusée de voyeurisme et on m’a renvoyée ».

À 19 ans, elle joint l’Association des transexuels du Québec. « Ça m’a démoralisée de constater que plusieurs trans disaient devoir se prostituer pour vivre, incapables de se faire une place dans la société. » C’est pourtant ce qu’elle a dû faire, quatre ans plus tard, désespérée. « J’ai été embauchée dans un salon de massage, engagée sur la voie de la prostitution, de la toxicomanie, de la manipulation de mon patron ».

Et l’amour ?

« Toute ma vie, j’ai rêvé qu’un homme m’aime d’un véritable amour. C’est arrivé. Il m’a demandé : C’est quoi ton rêve ?  Pour la première fois, un homme s’intéressait à moi, telle que je suis. J’en n’avais pas, de rêve. Seconde question : C’est quoi ton deadline par rapport à ton emploi ? J’avais 28 ans. Un an plus tard, je fermais cette porte pour toujours. Et cet homme merveilleux est devenu mon conjoint ».

Prochaine étape, il y a 13 ans : la Maison Jean Lapointe. « J’avais tellement peur ! Mon admission s’est bien passée, jusqu’à ce que je présente mes cartes d’identité. La dame me lance : Je crois que nous avons un problème. Je me disais dans ma tête : NOUS n’avons pas de problème. J’AI un problème d’alcoolisme, de toxicomanie, de dépendance aux pilules. Le problème, c’était que je ne pouvais pas dormir dans le dortoir des hommes, j’avais des seins, et je ne pouvais pas non plus dormir dans celui des femmes, parce que j’avais un pénis. On venait encore une fois de couper mon corps en deux. On m’a trouvé une place, soit l’espace et le lit de repos des infirmières qui travaillaient la nuit. »

À sa sortie, elle fait son cours de coiffure, parce que c’était un milieu plus inclusif. Diplôme en main, elle réussit non sans peine à trouver un emploi, puis un autre au célèbre salon de coiffure PRIVÉ par David D’Amours, à Montréal. C’est là qu’elle a fait la rencontre de la biographe qui signera plus tard son livre.

Beaume sur le cœur, des excuses

Arianne se souviendra toute sa vie du lancement de son livre comme un événement mémorable. On a dû ouvrir une seconde salle tellement il y avait de gens. Curiosité ou réel intérêt ? « J’ai vraiment senti une vague d’amour et de respect. Il y a même un homme qui est venu avec ses enfants pour expliquer à son plus vieux, devant moi, qu’il m’avait intimidée au secondaire, et s’excuser. Ça a été un baume sur mon cœur ».

À force de détermination, de thérapies, de rencontres de groupe, Arianne a accueilli François dans son cœur. « La distorsion de mon être dissipée et une intégration en société réussie m’ont permis de mettre ma haine contre le système de côté », termine-t-elle. On peut joindre Arianne L’Écuyer au ariannelecuyer@hotmail.com.

Commentaires

8 mars 2023

Patrice

Bravo pour l'accomplissement

8 mars 2023

Stéphanie Vermette

Tellement fière de toi!

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