L’itinérance : présente dans la MRC de Montcalm ?

  • Publié le 27 sept. 2023 (Mis à jour le 23 mai 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Antoine Pelletier

Le sujet de l’itinérance fait actuellement la une de bien des médias. Il est généralement question des grandes villes, comme Montréal ou Québec, mais qu’en est-il d’une région comme la MRC de Montcalm ? Force est de constater que le phénomène est à la hausse ici aussi.

« On aide les familles qui sont dans le besoin à Saint-Lin-Laurentides uniquement, puis on a remarqué, depuis avril-mai, une explosion des demandes. Habituellement, je peux recevoir trois demandes par semaine, mais présentement, c’est cinq demandes par jour, de support, d’aide alimentaire, d’appel à l’aide », s’exprime Luc-Dominic Massé, directeur général du Service d’Entraide Saint-Lin-Laurentides. Les organismes communautaires de la MRC sont tous en accord; le phénomène de l’itinérance est bel et bien arrivé en région et prend rapidement de l’ampleur. 

Un phénomène camouflé 

Contrairement à ce qu’il est possible d’observer dans les grandes villes, par exemple des personnes démunies qui vivent en pleine rue ou qui dorment sur des trottoirs entre autres, l’itinérance se présente sous une forme bien différente à l’extérieur des grands centres urbains. Lyne Sauriol, directrice du Centre d’action bénévole Montcalm, indique qu’« ici, les personnes dans le besoin sont mieux cachées. Elles vont vivre dans leur voiture et en été, en camping sauvage, par exemple. » Puisqu’il est de plus en plus difficile de trouver un endroit où habiter en ville, les gens se tournent vers la région rurale, où il est plus facile de se cacher, que ce soit sur de grands terrains, dans des cours arrières ou même en pleine nature. Le phénomène est peut-être moins visible, mais le nombre de demandes d’aide à la hausse et certaines histoires survenues dans les différents organismes de la région dépeignent une tout autre réalité. 

M. Massé raconte : « J’ai vu des mères et des pères de famille venir voler des cahiers Canada qu’on a reçus, qui contenaient déjà plein de choses écrites. Ils ont arraché les pages complétées pour redonner les cahiers à leurs enfants afin qu’ils puissent aller à l’école. On a du vandalisme ici parce que les gens n’ont plus les moyens d’acheter. Ils viennent se servir chez nous pour être capables d’arriver. Parfois, on m’appelle pour me dire qu’ils n’envoient pas leurs enfants à l’école aujourd’hui parce qu’ils ne sont pas capables de leur faire de lunch. Ce sont toutes des situations qu’on a vues dans le mois dernier. » 

La présidente de l’organisme Les Ailes de l’Espoir, Maria Dias Ribeiro, décrit aussi une situation dont elle a été témoin au cours de la dernière année. « Cet été, on a eu un cas particulier : un jeune couple qui est venu nous demander de l’aide. Nous avons fait une clinique d’impôts en collaboration avec les deux paliers de gouvernement et ils voulaient faire faire leurs impôts, mais ils n’avaient pas d’adresse. Alors, on s’est rendu compte qu’ils campaient sur le terrain d’amis, mais ces amis-là ne désiraient pas qu’ils donnent leur adresse. Il a donc fallu faire un peu de recherche (moi, c’était la première fois que je me retrouvais devant un cas comme ça) pour voir ce qu’on pouvait leur apporter comme aide. » Finalement, l’organisme communautaire a pu permettre au jeune couple dans la mi-vingtaine d’utiliser leur adresse, leur permettant d’effectuer leurs impôts et de recevoir la documentation en provenance du gouvernement. 

Selon Mme Dias Ribeiro, la pandémie peut en partie expliquer la raison de la hausse du phénomène de l’itinérance dans une région comme celle de la MRC de Montcalm. Un sentiment de crainte de l’autre peut inciter les personnes plus démunies à s’éloigner des grandes villes. Les effets de la pandémie sur la santé mentale pourraient aussi être en cause, est d’avis la présidente des Ailes de l’Espoir. 

L’itinérance est donc non seulement un phénomène présent dans la MRC de Montcalm, mais c’est aussi un phénomène à la hausse. « Se fermer les yeux, ça ne servira à rien. Ça ne se réglera pas tout seul. Le Québec est vraiment en crise », s’exprime M. Massé. 

Notons que les élus de la région ont été approchés en réaction aux propos recueillis dans le cadre de ce dossier. Un texte subséquent permettra de mettre en lumière leur position et leur plan d’action pour faire face à la situation.

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Luc-Dominic Massé, directeur général du Service d’Entraide Saint-Lin-Laurentides.

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