Un registre des implants mammaires demandé

  • Publié le 3 déc. 2025
  • Lecture : 3 minutes
Sabrina Quesnel-Bolduc
Isabelle Grenier se sent libre, 7 ans après son explantation. (Photo Médialo - Sabrina Quesnel-Bolduc)
Isabelle Grenier se sent libre, 7 ans après son explantation. (Photo Médialo – Sabrina Quesnel-Bolduc)

Profitant de la sortie du documentaire Inoffensifs, mes implants ?, le député de Montcalm, Luc Thériault, presse Santé Canada, de créer un registre des implants mammaires. En 2023, La Revue rencontrait des militantes et le porte-parole du Bloc Québécois en matière de santé. Depuis, rien n’a bougé. 

Toujours inquiet de la situation, Luc Thériault réitérait ses recommandations le 27 novembre dernier lors d’une conférence de presse à Ottawa. Au Canada, il n’existe aucun registre des implants auquel les femmes pourraient avoir accès. Un tel outil faciliterait notamment les rappels en cas de défectuosité, alors que plusieurs femmes ont déjà été en proie à des effets secondaires graves. Faute de soutien de la part de leurs chirurgiens, elles ont dû déterminer la cause en tâtonnant. 

Pour le député, les patientes devraient être en mesure de prendre une décision éclairée. Cette recherche aurait dû être commencée il y a 30 ans, mais le gouvernement a été retardé. « Ce sont de grosses entreprises, il y a des lobbies très forts. À une certaine époque, le gouvernement avait exigé qu’il y ait des études à long terme. Puis deux ans après, les fabricants ont rejeté les deux études », explique Luc Thériault lors d’une entrevue accordée à La Revue. 

Avec un registre, il serait possible « d’informer les personnes porteuses d’implants mammaires et de communiquer avec ces personnes dans l’éventualité d’un rappel ; de recueillir des données fiables et exhaustives sur les risques et avantages des implants mammaires ; de surveiller de manière proactive l’innocuité à long terme de ces instruments », selon un rapport publié, il y a deux ans, par le comité de la Santé de la Chambre des communes.  

Des histoires d’horreurs 

Dans la région, des survivantes se sont réunies sur un groupe Facebook dans le but de sortir de l’isolement. La maladie des implants mammaires s’attaque au système immunitaire des patientes, les laissant parfois avec des séquelles à vie, même après s’être fait retirer leurs prothèses. Santé Canada ne reconnaît toujours pas cette maladie, certaines femmes ont donc dû se battre afin de se faire entendre, alors même qu’elles étaient des plus vulnérables. C’est le cas par exemple de Cynthia Bizier et d’Isabelle Grenier, toute deux résidentes de Terrebonne et militantes.  

Avant leurs chirurgies, les deux femmes ont consenti à leurs implants, sans être convenablement averties des effets secondaires. « J’ai eu les implants Mentor. Le chirurgien m’a donné une brochure à lire avant l’opération, mais l’information était très vague et incomplète. Mon idée était déjà faite, mais s’il m’avait parlé des risques d’insomnie et de la maladie des implants, j’y aurais pensé à deux fois », explique Cynthia Bizier concernant sa rencontre pré opération.  

Peu de temps après leurs convalescences, des symptômes incommodants, mais sans être alarmants, ont commencé à apparaitre pour les deux patientes, les laissant inquiètes et désorientées. 

Isabelle Grenier va découvrir par la suite, que son système immunitaire combattait le corps étranger : « Mon sein et mon omoplate droite ont enflés. Mais tu n’associes jamais ça à tes implants mammaires. Je le reliais au stress et au travail. J’avais un flou mental constant ». 

Elle subira les inconforts durant 16 ans, jusqu’à ce qu’en 2018, elle se réveille en ayant perdu la vue : « Un matin, c’est complètement noir, je ne vois plus rien. Je me suis rendu à l’hôpital et c’est mon gendre qui m’a parlé de la maladie des implants mammaires qui peut causer l’inflammation, comme celle que j’avais au nerf optique ». Une semaine après, elle se fait explanter par le docteur Nicolaidis. Après trois semaines, son inflammation disparaît et ses autres symptômes s’estompent. La maladie auto-immune, elle, la suivra toute sa vie. 

Cynthia Bizier, s’est elle aussi fait explantée par le docteur Nicolaidis : « nous allions voir le médecin qui m’avait opéré et il disait que ça ne se pouvait pas que ce soit relié aux implants. J’ai dû me battre pour les faire enlever », explique-t-elle. L’accès à de l’information basée sur des études scientifiques et un registre de rappel lui aurait évité, à elle et à l’État, des coûts exorbitants.  

Militante pour la cause 

Depuis, Cynthia Bizier fait partie d’un groupe de femmes qui se battent pour se faire entendre, puisque le Canada est le seul pays du G7 à ne pas avoir encore de registres d’implants. Isabelle Grenier parle de la cause le plus souvent possible, afin faire connaître son combat et celui de milliers de femmes. Elle confie que les recommandations demandées par le député sont nécessaires, mais que ce n’est pas assez : « Avec le recul, je voudrais que cette pratique soit interdite. » 

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