Prisonnière du système, elle veut sortir d’une toile d’araignée

  • Publié le 1 mars 2023 (Mis à jour le 29 avr. 2025)
  • Lecture : 2 minutes
Stéphane Fortier

Une résidente du CHSLD de la Côte Boisée à Terrebonne, Carole Côté, âgée de seulement 56 ans, se sent prisonnière d’un engrenage dont elle ne peut se dégager.

Elle réside au CHSLD depuis quatre ans. Elle est atteinte d'une maladie neurodégénérative orpheline depuis sept ans, mais, malgré des tests à répétition, aucun professionnel de la santé ne peut diagnostiquer sa maladie. Ce que l’on sait, c’est qu’elle n’est plus autonome. Pas de nom de maladie, pas de médicaments, alors on la place dans un fauteuil, on la bourre de morphine, car ses douleurs sont constantes, et on la pousse vers le CHSLD.

Lors de l’entrevue, l’auteur de ces lignes devait écrire ses questions sur un petit tableau blanc à cause de ses acouphènes. « Adieu maison, souvenirs de famille, entourage, indépendance, on te pousse dans le bus de transport adapté alors que tu regardes la porte se refermer sur ton ancienne vie. J'étais pourtant équipée. Une voisine faisait mon ménage, une amie s'occupait du courrier et des téléphones, de l’épicerie par internet, la fille d'une autre voisine déneigeait et le facteur m'emmenait mon courrier chez moi. Pourquoi m’enfermer dans un CHSLD ? Maintenant je dois suivre les lignes tracées pour les aînés. Je ne mange plus de repas principaux, car ils doivent être adaptés pour la santé de tous depuis deux ans. Ça veut dire pas trop de sel, d'épices, de sucré, pas trop dur, etc…. Tu ne manges pas ce que tu veux quand tu veux. On est chanceux ici, on a nos deux bains par semaine. À mon âge, 56 ans, n’y a-t-il pas de place pour des gens plus jeunes ? Ce n’est pas adapté pour des gens comme moi ici. Il n’y a que des gens âgés sur le point de mourir. Et croyez-moi, particulièrement pendant la pandémie, j’en ai vu des gens sortir dans des sacs. Se faire des amis ? Pas possible. On se lie d’amitié avec quelqu’un et le lendemain, il n’est plus là. On fait de la gymnastique cérébrale et des ateliers de bons souvenirs. Me souvenir de quoi ? Je n'étais même pas née encore », ironise-t-elle avec un brin de cynisme.

Souffrance et solitude

Elle entend mal, mais elle parle et s’exprime fort bien avec toutefois plusieurs trémolos dans la voix. Tristesse, souffrance et solitude. Pourrait-elle loger ailleurs ? « Peut-être une Maison des aînés où il y a des gens d’âges variés, sinon un autre CHSLD. Encore en prison », déplore-t-elle. Et sa famille ? J’ai des enfants et des petits-enfants. Cela fait quatre ans que je n’ai plus vu personne. » Et la souffrance ? « J’ai mal partout et la morphine ne change pas grand-chose. Cela fait des années que je n’ai pas dormi, ni sur le dos ni sur le ventre », de répondre Carole Côté.

La fin de l’entrevue arrivée, Carole Côté sur le bord des larmes semble ressentir tout de même une satisfaction d’avoir parlé de son malheur. Qui pourrait l’accueillir, un CHSLD mis à part ? Elle crie donc au secours. « On me dit toujours : accroche-toi ! Mais m’accrocher à quoi, il n’y a rien de positif.

Mme Côté prend la peine de préciser qu’elle ne blâme en rien le personnel du CHSLD qui est épuisé. N’empêche que lorsqu’on entre là-dedans, on en sort avec une foutue déprime.

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