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10 mai 2005

Chapeau !, par Réjean Léveillé

Le mois de mai nous offre enfin un beau week-end. Les ventes de garage refont surface, les tondeuses se font entendre. On se surprend même à vendre les bouteilles vides. Bref, tout le monde sort. Moi, je m’en vais aux quilles. C’est que je m’étais engagé auprès d’une adolescente : Mélina Lavoie. En arrivant sur les lieux, Louise, sa mère, me fait remarquer que je suis un gars de parole. Elle n’a pas tort, et je suis curieux de voir le groupe avec qui la jeune fille passe ses samedis matin.

Ses partenaires sont là, au fond du Salon de quilles Grande-Allée, à Lachenaie. Je vais vous les nommer parce qu’ils sont aussi radieux que le soleil qui brille de tous ses feux à l’extérieur : Karine, Sébastien, Julien, Mélanie, Marie-Ève, Maude, Sonya et Guillaume. Ils sont la raison d’être de l’Association de parents d’enfant trisomique 21 de Lanaudière.

Ce joyeux groupe complète sa première saison au sein d’une ligue qui les réunit. Mélina vient d’avoir 15 ans. Je la regarde aller et je comprends rapidement que c’est la grande sœur de ces êtres, pourtant plus vieux qu’elle en âge. «Lorsqu’ils arrivent ici, ce n’est pas le pointage qui sera la priorité, c’est la distribution généreuse de câlins. Ils aiment tout ce que la vie peut leur apporter. Tu devrais les voir à la danse! Ce sont des êtres toujours heureux. Ils sont tellement plus naturels que la plupart d’entre nous. C’est vrai qu’ils ne connaissent même pas l’existence du mot "tricherie". Ça aide à voir uniquement le beau», dira Louise.

Vivre, tout simplement

Pendant que Sébastien distribue les beignets à ses amis, je m’éloigne avec Mélina, une élève de troisième secondaire à la polyvalente Armand-Corbeil. Je l’ai connue il y a un an au même endroit. Elle participait à un tournoi destiné à amasser des fonds pour Opération Enfant Soleil. Ce jour-là, elle acceptait, avec tristesse, un diagnostic de diabète. Elle m’avait bouleversé en versant quelques larmes. Je lui avais dit de regarder ça objectivement et de me faire signe. Un an plus tard, je m’aperçois qu’elle a suivi les deux conseils que j’avais improvisés. «Tu sais, j’ai quand même reçu une brique sur la tête à l’époque. J’ai appris, depuis, à vivre avec mes injections quotidiennes d’insuline. Je vis pleinement. Je rentre de Boston où nous sommes allés passer quelques jours avec mes amis de l’école.»

Le hasard réservait aussi une belle surprise aux proches de Mélina. «Mes parents, Claude et Louise, se sont rendus à la pharmacie peu après ma sortie de l’hôpital. Ils devaient aller chercher ma médication. Ils ont rencontré un autre couple, dont le fils est lui aussi atteint. Ces gens-là nous ont pavé la voie à l’apprentissage. Les deux couples sont devenus des inséparables, et leur garçon, Kevin, est pour ainsi dire devenu mon grand frère. Il est là. Je peux lui parler n’importe quand, même dans les moments de cafard. Avec un aussi bon complice, j’ai arrêté de nier l’existence de ma maladie.»

Des diplômes contre le plein de câlins

Si je comprends bien, Mélina bénéficie de la présence d’un grand frère et, elle, joue un rôle analogue avec ses amis trisomiques. Nous sommes en pays de bonnes personnes, convenez-en. Au cas où vous en douteriez, il faudrait que vous soyez avec moi pour voir l’adolescente me faire faux bond lorsque sa mère vient lui glisser un mot à l’oreille. Manifestement, il y a urgence au salon de quilles. Je me tourne pour apercevoir l’objet de convoitise : un gâteau représentant une allée de quilles. Il y a de l’excitation dans l’air! La musique disco commence à se faire entendre. Les jeunes trisomiques, une boule de bowling à la main, sont partis pour la gloire et amorcent leur chorégraphie. La vie est belle. Les cadeaux commencent à être distribués.

Mélina a fait à la main des diplômes personnalisés pour féliciter ses amis. J’en prends un au hasard : il souligne la contribution de Guillaume au maintien de la bonne humeur du groupe. C’est clair, ils viennent de remporter leur coupe Stanley. C’est peut-être pour ça que l’on se met à entendre le succès légendaire de Queen «We are the champions». Les jeunes trisomiques ne connaissent peut-être pas les paroles, mais ils en connaissent le sens. Ils font tous la file pour remercier Mélina. Elle fait le plein de câlins pour l’été!

Sa mère observe la scène discrètement à mes côtés. «Je vous dis que ma fille, c’est ma fierté! C’est un âge difficile pour affronter courageusement la maladie. Elle réussit très bien dans le programme international de l’école. Quant à son affection pour les trisomiques, ça remonte au primaire.» Je demande à Mélina de m’en dire davantage. «C’est mon affection pour la belle Mélanie qui ne s’est jamais démentie avec les années. Cette fille-là, c’est un ange, un rayon de soleil.» Lorsqu’elle me dit ça, je comprends soudainement la différence entre les enfants trisomiques et les rayons dont vous avez bénéficié samedi dernier. Avec les trisomiques, pas besoin de crème protectrice. Il faut les prendre tels qu’ils sont. Ils ne demandent rien de plus. À leur contact, on ressort énergisé. Merci, Mélina, de mes les avoir présentés.

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