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21 décembre 2004

Des médecins déçus

C’est avec étonnement et déception que nous avons pris connaissance de l’article publié par M. Ladouceur dans La Revue du 15 décembre 2004 intitulé : "Manque de médecins : Terrebonne lance la "Grande séduction"". Dans cet article, on explique qu’un comité sera créé afin de faire des pressions sur l’Agence régionale de santé et de services sociaux pour qu’elle reconnaisse la pénurie de médecins à La Plaine et appuie Terrebonne dans ses démarches pour régler le problème…

Comprenez notre surprise et désappointement, nous qui essayons de "sauver" notre clinique et les services médicaux de La Plaine depuis plus de deux ans, et qui n’avons jamais reçu d’appui de qui que ce soit.

Revenons un peu en arrière. En 1994, La Plaine n’avait toujours pas de médecin. Trois jeunes médecins, Dr Diane Laporte, Dr Diane Lanciault et Dr Claude Pouliot, ont alors pris l’initiative personnelle d’ouvrir une clinique médicale à La Plaine. Aucune aide financière ou autre ne nous a été offerte, que ce soit du côté municipal ou privé. De trois médecins au départ, nous en étions arrivés à une équipe de six médecins offrant des services complets de médecine familiale à La Plaine. En 2000, la pénurie de médecins commençait à apparaître au Québec, et nous avons dû déménager dans des locaux plus petits pour diminuer la charge financière et ainsi offrir des meilleures conditions à nos médecins locataires afin de les garder. En effet, avec la pénurie, toutes les cliniques cherchaient des médecins, et ces derniers pouvaient choisir celle qui leur offrait les conditions financières les plus avantageuses.

Le Groupe immobilier Jean-Coutu nous a donc aidés à adapter des locaux de la Caisse populaire La Plaine pour que nous puissions y déménager notre clinique. Le Groupe Jean-Coutu a aussi agi en tant qu’intermédiaire locateur avec la Caisse populaire, mais nous devions assurer la grande majorité des frais de location, ainsi que tous les frais liés à la tenue d’une clinique médicale et d’un bâtiment commercial. Nous n’avons pas bénéficié, comme certains l’ont dit, et comme d’autres cliniques associées à des pharmacies ont eu, de mois de loyer gratuits ou de "cadeaux" substantiels, outre l’aménagement intérieur des locaux. La diminution des frais espérée en déménageant n’a pas eu lieu, et, à l’automne 2002, nous perdions quatre de nos médecins (dont un de nos associés) au profit d’autres cliniques…

Nous nous retrouvions donc seulement deux pour assumer le bail, la gestion et la marche de la Clinique médicale La Plaine. Malgré cela, nous avons continué; nous ne voulions pas abandonner la population de La Plaine. Nous avons envoyé une lettre au ministre de la Santé de l’époque, M. François Legault, dont une copie vous avait été adressée, monsieur le maire. Nous avons fait signer une pétition pour que la population de La Plaine conserve ses services. Nous avons rencontré Mme Marie-Claude Lamarche, ainsi que le député de l’époque, M. Gilles Labbé, pour qu’ils fassent pression sur la Régie régionale de la santé et des services sociaux afin que nous puissions bénéficier de certains incitatifs pour attirer de nouveaux médecins… Tout cela est resté lettre morte, mais nous avons quand même continué à opérer la Clinique La Plaine, au détriment de notre santé, physique et financière…

À la suite de l’application de la loi sur les activités médicales particulières (AMP), tous les médecins de moins de 20 ans de pratique doivent effectuer des heures dans certains domaines (urgence, soins à domicile, etc.) chaque semaine, sous peine de voir leur salaire diminuer de 30 %. Puisque nous avons chacune 15 ans de pratique, nous devons adhérer à cette loi, qui devenait effective le 1er septembre 2004 dans notre cas. Voyant que cette situation mettrait en péril la survie déjà précaire de notre clinique (n’étant que deux, nous ne pouvons assumer le roulement d’une clinique en travaillant à temps partiel ailleurs), nous avons contacté l’Agence de la santé et des services sociaux de la région afin de l’aviser de la situation. Nous lui avons demandé si certaines exclusions ou modifications du règlement étaient possibles afin que La Plaine puisse conserver sa clinique. Si des heures d’activités médicales particulières étaient reconnues à notre clinique, nous aurions pu continuer à y exercer, tout en ayant des atouts pour attirer de nouveaux médecins. On nous a répondu que la loi ne pouvait reconnaître des heures en clinique. Nous n’avions alors d’autres choix que de fermer définitivement notre clinique, décision que nous avons prise à contrecœur en octobre 2004. Nous devons même continuer à assumer les frais du bail jusqu’à son terme, en juillet 2005, ainsi que rembourser un prêt que le Groupe immobilier Jean-Coutu nous avait accordé à l’ouverture… même si nous devons quitter en décembre 2004 pour satisfaire à la loi!

Alors, comprenez notre frustration en tant que médecins ayant à cœur le bien-être de la population de La Plaine depuis plus de dix ans, à la lecture de cet article de journal. Si les démarches décrites dans l’article avaient été commencées plus tôt, nous n’aurions probablement pas été dans l’obligation de fermer la Clinique médicale La Plaine. Et le comité "spécial" de recrutement n’aurait eu que deux médecins de plus à chercher au lieu de recommencer à zéro et d’en chercher quatre…

Bien à vous,

Dr Diane Lanciault

Dr Diane Laporte

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