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27 février 2018

DOSSIER DE LA SEMAINE : Parcours de vie aliéné

©Être sans domicile fixe ou ne pas avoir de chez-soi, la ligne est mince, mais les impacts sont plus grands lorsqu’on ne se sent chez soi nulle part.

Pensant pouvoir tout comprendre, votre soussigné a voulu être en contact avec le concept d’itinérance afin de mieux l’expliquer, le décrire. Notre intention était de vivre l’itinérance. Quelle prétention de la part de l’auteur de ces lignes!

Guillaume a 24 ans. Nous pouvons dire qu’il est sans domicile fixe. Plus encore, il ne se sent bien nulle part.

Un soir au café

Nous l’avons rencontré un soir au Café de rue Solidaire à Terrebonne. Une première rencontre déterminante, puisque nous prévoyions le côtoyer le plus souvent possible pour saisir adéquatement son message.

Guillaume est issu d’une famille dysfonctionnelle. Son père biologique, son «géniteur», comme il le dit lui-même, a quitté le foyer familial très tôt, trop tôt.

«J’avais 3 ans quand il est parti. Je n’ai pas vraiment de souvenirs, à part une couple de photos. Ce que je sais de lui vient de ma mère», raconte-t-il. Il n’a jamais revu cet homme depuis.

Intimidation et manque de soutien

Il ne travaille pas. Il a terminé sa 2e secondaire, ayant laissé l’école au milieu de la 3e secondaire. «J’ai vécu beaucoup d’intimidation. C’est en fait la raison principale pour laquelle j’ai lâché. J’étais un élève dans la moyenne, je pense, côté notes et comportement.» Il a subi de l’intimidation verbale persistante. Une intimidation tout aussi violente que l’intimidation physique. «C’étaient des menaces, des niaiseries. Ils jouaient dans ma tête. J’avais les cheveux longs et j’étais différent des autres.» Cette différence se manifestait par un certain repli sur lui-même.

Malheureusement pour lui, cette période trouble à l’école secondaire correspond à une autre période trouble, le divorce de sa mère et de son père adoptif. «Ça n’allait pas vraiment bien avec ma mère, et ma relation avec mon père… en fait, je n’en ai jamais eu.»

Autorité protectrice manquante

Il avait besoin d’une figure d’autorité rassurante. Cette autorité a plutôt confirmé les actes de ses intimidateurs. «Je n’ai pas eu vraiment de soutien. L’autorité me disait que ma "différence" attirait l’intimidation. Je n’avais pas d’appui.» Normal que Guillaume ne fasse plus confiance à l’autorité qui, pour lui, a toujours été écrasante, tout comme ses intimidateurs. D’ailleurs, il accorde difficilement sa confiance aux gens. Guillaume sait que cette difficulté à s’ouvrir ne l’a jamais aidé et lui a attiré des problèmes. 

Le jeune homme n’attend que le printemps pour partir en Gaspésie et vivre dans sa tente à la recherche d’un nouveau réseau d’amis et de connaissances. «En attendant, je me débrouille comme je l’ai toujours fait.»

Il est très articulé et sensé. Nous avons parlé d’extrêmes, des humains et de nos incohérences. «Entre nous, on accepte le fait qu’il y ait des différences. Par contre, dès que cette différence ne fait pas notre affaire, on en devient outré», soutient-il.

Nous devions revoir Guillaume. Marcher, jaser, prendre un café ou manger un morceau. Cependant, nous n’avons plus eu de ses nouvelles depuis notre rencontre.


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