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31 mai 2005

Le dérangeant portrait d’une famille banale

Mise en scène par René Richard Cyr, la pièce de Serge Boucher "Les bonbons qui sauvent la vie" raconte l’histoire de France, une maniaco-dépressive colorée qui se retrouve en prison. Un personnage à la dérive, livré avec force par une grande interprète, Maude Guérin.

Valérie Maynard

Coupable de meurtre, France, 35 ans, se retrouve en prison. Là-bas, elle recevra la visite au parloir de sa sœur parfaite à la vie d’avance tracée (Isabelle Vincent) et dont elle a souffert toute sa vie la comparaison. Une sœur qui, par le biais de ses propres enfants, tend à reproduire en tous points la superficialité de ses parents. De sa mère (Véronique Le Flaguais), davantage préoccupée par les apparences et ses hivers passés en Floride que par les misères de sa fille. Et de son père (Michel Dumont), un homme d’une effrayante maladresse et dont le non-dit se révèle terriblement éloquent. Un père incapable de communiquer, un père dont la vie est tellement emplie de vide que même ses bras ne parviennent plus à se refermer sur sa fille désespérément en quête d’amour et de reconnaissance.

L’impossible réconciliation

Deux autres scènes, dans la cuisine familiale cette fois, prennent aussi place, alors que France est en permission. C'est là, dans cette cuisine, que la profondeur du drame se tisse, alors que la famille, totalement dépourvue, fait des mains et des pieds pour tenter de contourner la terrible réalité de France et l’impossibilité manifeste d’une réconciliation familiale. Les événements du 11 septembre assurant la toile de fond de la scène, tous les membres de la famille, à grands coups de préjugés et de mauvaises blagues sur les drames humains, jasent bêtement du sort du monde. Comme pour faire passer le temps avant la prochaine partie de golf. Comme si personne, y compris France, ne savait plus comment rétablir la communication, ni comment dire ses besoins et ses craintes.

Bref, tel un miroir, "Les bonbons qui sauvent la vie" nous renvoie en plein visage un reflet à la limite du supportable. Une famille dite normale dans laquelle se trouve malencontreusement un mouton supposément noir. Or, entre les visites au parloir et les permissions en famille, on découvrira que le mouton noir n'est pas nécessairement celui qu’on pense.


Une œuvre percutante, dont la force du texte réside résolument dans le non-dit et les ondées de choc provoquées par les paroles insipides de la sœur, de la mère et du père, et celles combien empreintes de désespoir de France.

La distribution est impeccable, de très fort calibre, et la mise en scène, intelligente. La pièce se termine dans un silence lourd. Et soudainement, on n’a juste plus envie de parler de la pluie et du beau temps.

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