Le pouvoir des rêves

L’auteure Anne Robillard possède un don. C’est en rêvant que lui viennent les histoires qu’elle met ensuite sur papier. L’auteure des «Chevaliers d’Émeraude» a bien voulu nous parler de la chance qu’elle a.

Anne Robillard est la fille d’une professeure de ballet et du comédien Jean-Claude Robillard, célèbre grâce à son personnage de Grand-papa Bi dans la populaire émission jeunesse «Passe-Partout». Depuis sa naissance, elle a évolué dans un milieu très artistique, et à l’âge de six ans, elle a commencé à écrire. «Aussitôt que j’ai su mettre des mots un à la suite de l’autre, j’ai débuté. J’avais déjà compris grâce à la lecture que les auteurs pouvaient nous faire vivre plusieurs émotions avec leur livre», raconte Anne Robillard. «Dans mes premiers écrits, il était question d’animaux. Je racontais des histoires qui me touchaient. Plus on avance en âge, plus on découvre et on incorpore différentes choses. Au secondaire, je racontais des histoires qui mettaient en scène mes amis et mes professeurs, et au cégep, j’ai rencontré des gens qui aimaient la magie, le surnaturel et le spirituel, et ça m’a particulièrement allumée», ajoute-t-elle.

Depuis ses études collégiales, Anne Robillard n’a plus jamais écrit autre chose que du fantastique et des histoires traitant du surnaturel. «J’aime tout ce qui est vie antérieure, réincarnation, esprit et, bien entendu, le fantastique», avoue-t-elle. À 17 ans, Anne a eu la chance de lire Tolkien, un auteur renommé pour ses romans à saveur fantastique. «En lisant ses livres, j’ai remarqué que j’écrivais la même chose que lui, alors mon rêve d’être publiée un jour a vu le jour», souligne Anne Robillard. Par contre, ce n’est qu’à 48 ans que ce rêve s’est réalisé. «Je faisais le tour des éditeurs, mais personne n’était intéressé. Ils me répondaient tous qu’il n’y avait pas de public pour ce genre littéraire. C’est grâce à Harry Potter que les éditeurs se sont aperçus de la demande», explique cette dernière.

En 2002, Anne Robillard publie donc le premier tome d’une grande histoire fantastique portant le titre général des «Chevaliers d’Émeraude». Depuis, cinq autres tomes se retrouvent en librairie, et le septième est attendu pour la fin mai. Ce qui est extraordinaire dans toute cette histoire, c’est que l’écrivaine reçoit le contenu de ses livres en rêvant. «Un jour, j’ai fait un rêve dans lequel Wellan, un personnage principal des "Chevaliers d’Émeraude", me racontait son histoire. En me réveillant, j’ai transcrit ce qu’il m’avait raconté, et c’est le même procédé pour tous mes écrits», explique Anne Robillard. «Au début, je vérifiais si les informations transmises étaient historiquement vraies, mais je me suis rapidement aperçue qu’elles étaient exactes chaque fois. Ce qui est plus embêtant, c’est que je reçois ces informations par morceaux. Mon travail consiste à les placer en ordre. Parfois je reçois même des bouts d’histoire que j’ai déjà écrits», ajoute-t-elle en riant.

À la suite du premier rêve qu’elle a fait sur l’histoire des «Chevaliers d’Émeraude», Anne a établi un plan de travail. «Au départ, j’ai compris que j’avais besoin de 11 tomes pour raconter 40 ans de vie de Kira, l’autre personnage principal des "Chevaliers d’Émeraude". Après le quatrième tome, Wellan m’a joué un tour en décidant d’aller vers une autre direction, ce qui a donné le tome 5. J’ai donc augmenté la série d’un tome pour en arriver à 12. Ça demeure un minimum, puisque je peux encore me faire jouer des tours», affirme l’auteure. Imaginez la réaction de l’éditeur quand Anne Robillard lui a annoncé ses intentions, et imaginez aussi le jour où elle l’a appelé pour lui dire que les sept premiers tomes étaient terminés ! «J’ai écrit les sept premiers tomes en un an, souligne-t-elle. Pendant cette année, je n’ai fait que ça.»

En terminant, Anne Robillard tenait à lancer un message dans le cadre de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, qui avait lieu le 23 avril. «Il y a beaucoup de jeunes qui utilisent mes personnages afin d’en faire leur propre histoire. Sachez que c’est de la violation de droit d’auteur et que c’est très mal de faire ça. Je ne lis jamais ce genre de texte, que l’on appelle fanfiction. Si vous aimez cet univers, créez-vous des personnages et inventez-leur des péripéties. À ce moment, je les lirai avec un très grand plaisir», conclut Anne Robillard.