Les dépanneurs plus essentiels que jamais

Alors que le Québec était sur pause et que même les épiceries étaient fermées le dimanche jusqu'à tout récemment, les dépanneurs, eux, ont continué de servir les clients sept jours sur sept, tout en mettant en place des mesures pour assurer la sécurité des employés et de la clientèle. Plusieurs ont vu leur volume de ventes bondir au cours des derniers mois.

« Le domaine est en métamorphose », affirme Réjean Giroux, gérant du Marché Famille Girard, ce vaste dépanneur ouvert 24 heures sur 24 dans l'ouest de Terrebonne. « Nous vendons moins d'essence et moins de lavage d'autos, mais beaucoup plus de produits d'épiceries ainsi que des chips et de la bière, car les gens restent chez eux », explique-t-il. Avec l'arrivée du beau temps, ceux qui le peuvent profitent de la cour arrière. La demande pour les bonbonnes de propane est très forte depuis la dernière semaine, selon lui. M. Giroux indique que le chiffre d'affaires du commerce a augmenté de 30 à 50 % dans les deux derniers mois. « En venant chez nous, les gens évitent aussi d'aller à l'épicerie et faire la file à l'extérieur et aux caisses. Ils sauvent du temps. Avant, les gens allaient à l'épicerie et le dépanneur était le plan B. Mais maintenant, le dépanneur devient bien souvent le plan A », illustre le gérant du commerce qui emploie actuellement 55 travailleurs et qui a mis en place toutes les mesures de protection requises, en plus d'augmenter le personnel affecté à l'entretien ménager. Le seul hic est sur le plan de l'approvisionnement. Si la grande majorité des produits sont encore disponibles, certains sont encore en rupture de stock.

Idem au Dépanneur Patenaude

La situation est très similaire au dépanneur Boni-Soir exploité par Richard Patenaude, à Mascouche. « En fait, ce sont les fournisseurs de nos fournisseurs qui sont parfois un peu à court de certains produits. C'est tout un bouleversement dans les habitudes de consommation des gens », soulève-t-il. Néanmoins, son commerce reconnu entre autres pour son grand choix de bières de microbrasseries fonctionne à plein régime. Il venait d'ailleurs tout juste de recevoir une livraison de 126 caisses de bière lorsque M. Patenaude a accepté de répondre à nos questions. « Les salles à manger et les bars sont fermés, donc les gens consomment chez eux », rappelle celui qui tient en magasin un très grand nombre de bières produites par des microbrasseries locales, comme l'Albatros, à Mascouche, ou alors la microbrasserie Ruisseau Noir et Brasserie Mille-Îles, à Terrebonne. Les trois bières du restaurant La Chambre se trouvent aussi au dépanneur Richard Patenaude, qui souhaite ainsi encourager l'achat local. L'entrepreneur prend également bien soin de ses employés, dit-il, et a tout mis en place pour que ceux-ci conservent la santé, tant physique que psychologique, en cette période particulière. Il vend aussi plus de pain et de lait, et a fait de la place sur ses tablettes pour des produits qu'il ne tient pas en temps normal, comme de la levure à pain, par exemple. L'homme qui a aussi vu ses ventes augmenter depuis la fin mars redonne par ailleurs comme il peut à la communauté. En tant qu'administrateur de l'organisme Le Relais, à Mascouche, qui offre du soutien alimentaire aux familles dans le besoin, M. Patenaude s'efforce de faire connaître l'organisme aux gens qui souhaitent donner au suivant en ces temps difficiles. Le Relais a d'ailleurs connu une hausse importante des demandes d'aide dans le contexte actuel.