Les étudiants votent la poursuite de la grève

Réunis en assemblée générale le lundi 21 mars, les étudiants du Cégep de Lanaudière à Terrebonne ont voté majoritairement en faveur d’un nouveau débrayage de quatre jours. Ils continuent ainsi à appuyer le mouvement de protestation amorcé par plusieurs cégeps et facultés universitaires de la province. Actuellement, environ 70 000 étudiants des deux niveaux sont en grève au Québec.

Environ 400 étudiants sur un total de 640 assistaient à l’assemblée générale. Rappelons que les étudiants de Terrebonne avaient déjà voté une première fois pour la grève générale illimitée le 16 mars, rejoignant la constituante de Joliette du Cégep de Lanaudière. Lors de l’assemblée du 21 mars, les représentants de l’Association générale des étudiantes et étudiants du Cégep de Lanaudière, campus de Terrebonne (AGECLT), ont expliqué les dernières offres du ministre de l’Éducation, Jean-Marc Fournier. «Je vous rappelle que nous ne demandons rien de plus au gouvernement. On dénonce les coupures, et les propositions du ministre sont inacceptables», a déclaré Sarah Jodoin, de l’exécutif.

Les représentants de l’association ne s’attendaient pas à une participation aussi importante des étudiants. Après le vote du 16 mars, 75 étudiants ont fait une marche au flambeau dans les rues de Terrebonne. Plusieurs étudiants se sont rendus à Montréal pour la manifestation appelée par les deux fédérations étudiantes du Québec. «Je ne l’aurais pas cru il y a deux mois, mais Terrebonne est en train de devenir un cégep militant. Ça fait plaisir à voir», remarque Josianne Beaulieu, secrétaire de l’exécutif.

Lors de l’assemblée du 21 mars, ce sont 76 % des étudiants qui ont voté pour la grève et 21 % contre, avec un taux d’abstention de 3 %, pour une participation de 57 %.

Avant de passer au vote secret, les étudiants ont été invités à exprimer leur point de vue sur la situation. La plupart des interventions ont été en faveur du mouvement de débrayage, déclenchant des applaudissements. Quelques étudiants ayant fait part de leur crainte de devoir perdre leur session, l’exécutif a tenté de les rassurer : «S’il y a un cégep où on ne risque pas d’annuler la session, c’est à Terrebonne. On manque déjà de place», a affirmé Jean-François Paradis, vice-président de l’association.

«C’est important de continuer, il faut se serrer les coudes. Quatre jours, ce n’est pas assez, et le gouvernement a tout à perdre», a ajouté Sarah Jodoin, qui a aussi invité les étudiants à aller à Québec pour une grande manifestation prévue le 24 mars.

«Vous parlez de la propagande, mais vous en faites aussi. C’est en train de devenir un spectacle», a lancé Kim, une étudiante qui s’oppose à la grève et qui reproche à l’association de vouloir influencer le vote des étudiants, ce que ne nient pas les membres de l’exécutif : «C’est notre mandat de défendre les intérêts des étudiants. Nous avons le devoir de défendre le système d’éducation pour les générations futures. Avec ce gouvernement, on n’a d’autres choix que de prendre des moyens de pression», a expliqué Jean-François Paradis.

D’autres étudiants ont fait remarquer qu’il était difficile pour ceux qui s’opposaient à la grève de se prononcer dans ce débat. «C’est difficile de dire qu’on est contre lorsque la majorité est pour. Je suis aussi déçue de voir que même si la majorité vote pour, il n’y a pas beaucoup de participation aux manifestations», a dit une autre étudiante.

«Je suis pour aller chercher les 103 M$, mais autrement que par une grève : ça nous fait perdre du temps», a expliqué Mylène, une étudiante de première année.

C’est la première fois de sa jeune histoire que le Cégep de Terrebonne participe à un mouvement de grève : «Que vont penser les étudiants du futur si Terrebonne ne fait que quatre jours de débrayage dans la plus grosse grève étudiante de l’histoire du Québec ?» a lancé M. Paradis.

La prochaine assemblée générale est prévue pour le mardi 29 mars. Les étudiants auront de nouveau à se prononcer pour ou contre la poursuite du débrayage.