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01 janvier 1999

M. Bernard Lavigne de Terrebonne

Les souvenirs d'un boucher de quartier

En 1928, M. Alexandre Lavigne procède à l'ouverture d'une boucherie sur la rue St-André dans le Vieux-Terrebonne. L'établissement, que l'on localiserait aujourd'hui face à la librairie Lincourt, était l'une des quatre boucheries situées dans le Vieux-Terrebonne. Chacun de ces commerces accueillait des clients venus de localités avoisinantes telles Lachenaie, St-François, Terrebonne Heights et St-Louis-de-Terrebonne. Ces municipalités ne possédaient pas ce genre de magasin.

Guy Crépeau

À l'âge de 15 ans, Bernard Lavigne, fils du propriétaire, cesse ses études et suit les traces de son père. "Même si j'avais opté pour le métier de mécanicien, mon père ne m'a pas donné le choix. Je suis donc devenu boucher, une profession que j'ai apprivoisée et adorée par la suite" révèle Bernard Lavigne.


Bien sûr, en 1948, les choses étaient bien différentes d'aujourd'hui. Les réfrigérateurs dans les boucheries étaient choses rares si bien que les viandes étaient entreposées dans des glacières. "L'hiver venu, nous allions sur la rivière couper la glace que nous ramenions en d'énormes morceaux rangés ensuite dans une remise. Ces provisions nous permettaient de tenir jusqu'à l'été. Lorsque la provision baissait, nous étions approvisionnés par le marchand de glace local Oswald Alarie"

M. Lavigne se rappelle de son père comme un commerçant tenace et très à ses affaires. "Mon père achetait des bêtes pour sa boucherie mais également pour des commerces de Montréal. Il avait ses contacts lorsque venait le moment d'acheter des bêtes. Le vétérinaire du coin qui voyait à toutes les bêtes des localités lui refilait des informations tout comme Tancrède Simard alors maire de St-Joachim-de-La Plaine. "M. Simard écoutait les cultivateurs discuter sur le parvis de l'église à la messe de 10h30. Il connaissait alors ceux qui avaient des bêtes à vendre et à quel prix. Mon père se rendait ensuite voir ces gens et négociait. Pendant la guerre, il achetait un boeuf au prix de 15 $. Il revendait la viande 5 cents la livre et faisait un gros profit avec la peau de l'animal. Comme la peau servait à la fabrication de plusieurs choses telles des souliers, la peau d'un boeuf lui rapportait jusqu'à 50 $".

M. Lavigne raconte que les rapports avec les clients de la boucherie étaient bien différents à l'époque. "Nous connaissions chacun des clients et pouvions préparer une commande d'avance tellement nous savions leurs habitudes alimentaires" raconte-t-il. La boucherie restait ouverte jusqu'à des heures tardives. "Certains clients venaient faire leur commande le samedi soir vers 22h30 ou le dimanche après la messe. C'était normal, les gens venaient lorsqu'ils avaient le temps. Le crédit était aussi chose courante. Des gens payaient une fois la semaine, d'autres une fois par mois. J'ai aussi souvent vu mon père déchirer la facture de familles sans le sous"

La boucherie Alexandre Lavigne avait également des clients particuliers tels le restaurant Grisé. "Nous préparions des T-bones pour le restaurant qui accueillaient les clients "réchauffés" de l'Hôtel des Mille-Iles" souligne M. Lavigne en riant. "Mon père préparait aussi des boîtes contenant un vaste choix de viande que nous chargions dans une voiture. De porte en porte chez les cultivateurs, nous offrions les boîtes à 1 $ l'unité.

C'est vers 1964 que la boucherie fermera ses portes alors que M. Lavigne père est affligé par la maladie.

Son fils Bernard persévérera dans le métier de boucher. Après avoir oeuvré pendant deux ans dans une usine de Montréal et sept ans à l'abattoir Jacques Forget, M. Lavigne entrera au service de la Salaison Limoge, rue Chapleau dans le Vieux-Terrebonne où il servira pendant 25 ans. A sa retraite depuis 1998, M. Lavigne travaille maintenant une journée ou deux toujours à la réputée salaison, histoire de se désennuyer.

Selon Bernard Lavigne, la venue des marchés grande surface met en péril le métier de boucher, du moins tel qu'on l'a connu. "Aujourd'hui, les viandes sont préparées dans les usines de transformation, empaquetées et offertes dans les comptoirs réfrigérés. "Avec les supermarchés s'achève peut-être l'ère du contact et de la jasette avec son boucher préféré" mentionne-t-il.

M. Bernard Lavigne a commencé comme boucher au commerce de son père à l'âge de 15 ans en 1948.

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