Mon ami, mon héros

Une simple baignade aurait pu tourner au drame, le 19 juillet dans la piscine familiale des Le Brasseur-Boucher, n’eut été de la vigilance et de la réaction rapide d’un garçon de 12 ans. Clifford Gajdos-Derrick a sauvé la vie de son meilleur ami, Christopher Le Brasseur.

Karine Cousineau

"Je m’amusais à faire des pirouettes dans la piscine, j’ai eu mal à la tête, mais je me suis dit : "Ce n’est pas grave." J’ai donc fait une autre pirouette et tout est devenu noir, je ne voyais plus rien. Je crois que j’ai perdu conscience au fond de l’eau", raconte calmement Christopher, qui, sur le coup, n’a pas réalisé la gravité de la situation.

Clifford, qui se baignait avec lui, a vu que Christopher ne remontait pas à la surface. "Ce n’était pas normal qu’il reste au fond, je l’ai donc attrapé par la gorge, puis sous les bras, et je l’ai remonté à la surface. Il a craché de l’eau et ensuite il a repris conscience", explique Clifford, devenu un héros aux yeux de tous.

L’incident s’est produit alors que Louise Boucher, la mère de Christopher, préparait des collations à l’intérieur, tout en surveillant les activités de la piscine par la fenêtre. "Je me sens tellement coupable et j’ai eu tellement peur de perdre mon unique enfant! J’ai de la difficulté à me le pardonner. Je me dis que si j’avais été dehors, ça ne se serait pas produit", raconte la maman, les larmes aux yeux. "Encore aujourd’hui en en reparlant, je réalise qu’on a échappé au pire. Je suis très fière de Clifford."

Selon les spécialistes de la ligne Info-santé, Christopher aurait subi un coup de chaleur; c’est pourquoi il aurait perdu conscience dans la piscine.

"J’aurais pu perdre mon meilleur chum", réalise Clifford. Christopher et Clifford se côtoient depuis qu’ils ont deux ans, ils font partie de la même équipe de hockey et sont les meilleurs amis du monde. "C’est mon héros, il m’a sauvé la vie", affirme fièrement Christopher. Un incident qui est venu ajouter à leur amitié.

Hasard du destin, Clifford venait juste de recevoir une formation en secourisme dans le cadre du cours "Gardiens(ne) avertis" offert par la Croix-Rouge, une formation qui lui a donné de bons outils pour affronter les situations d’urgence.

Rappelons que baignade doit rimer avec sécurité. Depuis le début de l’été, on a dénombré neuf décès attribuables à la noyade. Il faut prévoir la surveillance constante par un adulte. "Je croyais à tort qu’à 11 ou 12 ans, ils étaient assez grands et qu’on pouvait leur faire confiance pour quelques instants, mais je me trompais : un incident peut survenir à tout moment, peu importe l’âge", mentionne Louise.

Ne laissez jamais un enfant seul dans la piscine ou près de celle-ci, même pour un instant. Lorsqu'un bébé ou un jeune enfant est dans l'eau ou près de l'eau, un adulte devrait être à portée de bras.

"Maintenant, quand les enfants se baignent et que je dois rentrer dans la maison pour une raison ou une autre, tout le monde sort de la piscine et il n’y a pas de "chichi", c’est non négociable", explique Louise Boucher.

Il faut s’assurer que les adultes qui surveillent les jeunes enfants dans la piscine connaissent les techniques de réanimation cardio-pulmonaire et peuvent secourir un enfant, le cas échéant.

Pas besoin de dire que Clifford a un droit d’accès illimité à la piscine de la famille Le Brasseur-Boucher. "Nous avons été vraiment chanceux et nous tenons à sensibiliser les gens à être vigilants autour de leur piscine, car on ne sait jamais ce qui peut arriver… et il n’y a pas toujours un Clifford dans les alentours", conclut une maman bien heureuse de pouvoir serrer son fils dans ses bras.