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13 avril 2005

Prêtons-lui une oreille à tentative

"On ne bouge pas. On est toujours raciste, et il y a toujours des gens qui profitent des autres. La pollution, le chômage, tout est toujours à redire. Suffit de trouver une façon amusante et nouvelle de parler des mêmes choses", lance le comédien et créateur de Sol, Marc Favreau. C'est exactement ce qu'il fait en nous présentant son nouveau spectacle, intitulé Prêtez-moi une oreille à tentative.

Valérie Maynard

Le monde ne change peut-être pas et Sol a beau avoir 47 ans - et son créateur, 75-, reste que ce clown déguenillé n'a rien perdu de sa verve et continue d'apporter avec lui un vent de fraîcheur. Constamment renouvelé, jamais démodé, Sol aborde avec candeur des sujets graves, pas toujours drôles, parfois dramatiques. Ses observations nous émeuvent, nous font rire, parfois pleurer, souvent réfléchir. Sol nous raconte la vie et les gens dans ses mots joyeusement déformés, sans jamais nommer qui que ce soit. "Le nom n'est pas important. C'est la fonction qui l'est. Il y aura toujours des premiers sinistres et des dépités", souligne Marc Favreau.

Écriture et création

Chez Favreau, l'écriture d'un monologue s'amorce autour d'une idée, d'une situation. "D'abord, je me mets à la place de n'importe qui, du citoyen que je suis, et je m'inspire de toutes ces petites choses de la vie qui m'énervent et me dérangent", indique le comédien. Pendant tout le processus d'écriture, Sol est là, fidèlement penché sur l'épaule de celui qui l'anime et lui donne les mots pour parler. En retour, Sol alimente son créateur et lui insuffle son sens de l’émerveillement et de l’énormité. Sol s’amuse et s’inquiète. Sol s'esclaffe et s'offusque. Un travail d'écriture laborieux. Car sous l'apparente simplicité de Sol, il y a la rigueur de Favreau. Un imaginaire fécond aussi. Et une ingéniosité sans pareille.

Puis, après le travail, vient le plaisir. Le plaisir de monter sur scène. De rencontrer le public, soir après soir. "C'est magique. Je me fais plaisir et je veux que ça soit contagieux", souffle Favreau, à cheval désormais sur un public constitué de trois générations. "C'est extrêmement flatteur de voir des jeunes parmi mon public. La relève, c'est formidable", indique-t-il.

L'ineffable Sol

C'est en 1958 que Marc Favreau tient le rôle de Sol pour la première fois, dans le cadre de l'émission Bim et Sol, devenue plus tard Sol et bouton, puis Sol et Gobelet, jusqu'en 1972. En 1973, Marc Favreau reprend le personnage de Sol et présente son premier spectacle, intitulé Enfin Sol. Quarante-sept ans plus tard, la magie opère toujours, et Sol continue de nous balancer candidement nos contradictions en plein visage.

Mais le plus beau, le plus "estraordinaire" dans cette aventure, c'est que malgré le temps et les années, Sol demeure le même et ne vieillit pas. Il a toujours deux ans et continue de porter un regard enfantin sur tout ce qui l'entoure. "Si Sol vieillissait, il ne ferait plus de spectacles : il donnerait des conférences", fait remarquer Marc Favreau.

Présentement en tournée partout à travers le Québec, Sol était de passage à Terrebonne et foulait la scène du nouveau TVT pour la première fois le samedi 9 avril. Prêtez-moi une oreille à tentative est son dixième spectacle.

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