Réfléchir sur les religions en riant de leurs travers

Jean-François, Québécois de souche athée, et Mariam, Marocaine musulmane, forment un couple depuis trois ans quand la jeune femme annonce à sa famille qu'elle attend un enfant. Est-ce que Jean-François devra se convertir à l'islam et se marier avec Mariam? Voilà la trame de fond de la pièce Comment je suis devenu musulman, qui sera présentée le 7 décembre au Théâtre du Vieux-Terrebonne.

C'est un peu ce qui est arrivé à l'auteur de la pièce, Simon Boudreault, qui signe également la mise en scène de cette comédie dramatique, laquelle n'est toutefois pas autobiographique. «Ça a été beaucoup plus simple dans ma vie que dans la pièce», confesse-t-il avec un sourire dans la voix. Écrite comme une main tendue, la pièce a comme but «d'unir, de défaire des barrières et d'aller au-delà des préjugés», ajoute la comédienne Sounia Balha, qui interprète Mariam. Et l'auteur avait intérêt à éviter les préjugés parce qu'il se souvient que la communauté musulmane l'attendait «avec une brique et un fanal» s'il avait le malheur de tomber dans les stéréotypes. Non seulement a-t-il évité les pièges – possiblement aidé par son expérience personnelle –, mais le texte a convaincu les comédiens, Sounia la première, d'embarquer dans le projet. «Elle n'était pas convaincue au début, mais quand elle a lu le texte, elle a fait : "Wow! Toi tu sais sur quoi tu écris"», raconte l'auteur. «Totalement, renchérit la comédienne. Je me reconnaissais dans Mariam. Parler sans accent, être éduquée, avoir de l'humour et de la répartie. Je veux montrer que ça, ça existe et qu'il n'y a pas qu'un seul type de personne musulmane.»

«Une fine ligne»

Malgré tout, la religion peut demeurer un sujet sensible pour certains. «Il y a une fine ligne sur laquelle on peut jouer», affirme M. Boudreault, qui souhaite «redonner à la comédie ses lettres de noblesse» et qui s'inscrit en faux contre la prétention qu'écrire de la comédie signifie tomber dans la facilité. L'auteur ne s'empêche pas pour autant d'aborder les sujets «de manière frontale» et de «montrer les travers de chacun». «Ce n'est pas politically correct, mais ce n'est pas trash non plus et pas moralisateur», ajoute-t-il. Et la réaction du public depuis un an et demi est très bonne, autant dans les grandes villes qu'en région. «L'humour est un lubrifiant social. Rire de soi et rire de l'autre peut nous faire avancer et créer une réflexion sur soi-même», souligne Mme Balha, qui décrit la pièce comme «un roller coaster qui nous fait passer du rire aux larmes», parce que le deuil fait aussi partie intégrante du spectacle, lorsque Jean-François apprend que sa mère est atteinte d'un cancer incurable. «Il y a aussi une réflexion autour des rites religieux qui sont associés à chacun des moments importants de la vie comme la naissance, le mariage et la mort», fait remarquer Simon Boudreault.

Quand l'actualité rejoint l'art

Autre fait inusité, la laïcité de l'État, un sujet plutôt polarisant pour plusieurs, a fait son apparition dans l'actualité seulement après l'écriture de la pièce. «C'était moins au cœur des débats au moment de l'écriture. On entend beaucoup parler de violence, de terrorisme, de haine, mais moi, je voulais représenter la majorité silencieuse qu'on n'entend pas», une majorité pour qui la religion, l'immigration et les différences culturelles ne sont pas source de discorde, est d'avis M. Boudreault. «Je voulais une œuvre qui porte à la curiosité et à la compréhension de ce que vit l'autre. Parce qu'à partir du moment où l'on réfléchit, on évolue», conclut simplement l'auteur.

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Pour assister à la pièce Comment je suis devenu musulman le 7 décembre à 20 h au Théâtre du Vieux-Terrebonne, il faut visiter le www.theatreduvieuxterrebonne.com ou téléphoner au 450 492-4777.